En 1969, aux congrès d'Alfortville (mai) et surtout d'Issy-les-Moulineaux (juillet) naissait le nouveau parti socialiste (NPS). Deux ans après, le processus d'unification et de modernisation connaissait une étape décisive à Epinay : par l'adhésion à la Convention des Institutions Républicaines de F. Mitterrand qui devenait premier secrétaire ; l'adoption d'un programme mobilisateur "changer la vie" et d'une stratégie efficace celle de l'union de la gauche.
On revenait de loin ! en 1967 par exemple en dehors de quelques sections liées à des municipalités (Châteaulin, Quimper), la SFIO était quai inexistante en Finistère. A Brest, elle ne comptait que 5 adhérents, dont 3 de plus de 70 ans. Les forces vives étaient ailleurs ; du côté du PSU et de la CIR et dans le vivier de militants associatifs et syndicaux, souvent marqués par le progressisme chrétien. Pas plus qu'ailleurs, le renouveau socialiste dans le département ne fut la simple addition d'élus ou de quelques militants politiques "encartés". Il se fit sur de nouvelles analyses, de nouvelles orientations, de nouveaux comportements plus militants, plus ouverts, plus en prise sur la société.
Dès 1969 l'unité était réalisée au plan départemental entre conventionnels( ils étaient 35), socialistes de la SFIO (25) et représentants de l'union des Clubs socialistes. Chargé de la Fédération -il le restera jusqu'en 1975- Francis Le Blé aidé de Louis Le Pensec ouvrit toute une série de front : effort de propagande, création de sections, organisation de, contacts divers. Jean Poperen et Claude Estier vinrent animer une conférence débat remarquée, à Brest, en présence de 150 personnes le 11 mai 1971.
Préparée par une délégation départementale, animée entre autres par J. Martinais se tenait à Morlaix le 6 juin 1971 le congrès de l'unité : ?S et CIR fusionnèrent en s'ouvrant aux "inorganisés", adhérents individuels. Cela ne faisait pas une troupe énorme puisqu'on ne comptait en 1971 qu'une centaine d'adhérents, mais la dynamique ainsi créée eut des effets cumulatifs. Quant à l'orientation politique, elle était nettement marquée à gauche. Le tout largement adopté définissait une ligne claire de rupture avec le capitalisme, conforme au choix de la motion M (celle de J. Poperen) minoritaire au niveau national, mais largement majoritaire en Finistère, conforme aussi aux orientations du CERES (centre d'études et de recherches socialistes de J.P. Chevènement) très influant dans la première moitié des années 70.
Le nombre d'adhérents ne cessera alors de croître pour atteindre 800 dès 1974, 2099 en 1978 et l'influence du PS ne cessa grandir. Le PS départemental fut certes bénéficiaire de la poussée nationale du socialisme, particulièrement aux législatives de 1973 et aux présidentielles de 1974 - 46 % à Brest pour Francis Le Blé en 1973 et pour François Mitterrand en 1974 ; mais il sut créer sa propre dynamique et effectuer sa propre modernisation.
Affirmant une laïcité résolue mais ouverte, il sut attirer de nombreux militants d'action catholique. En prise sur les luttes et les préoccupations locales, problèmes de l'agriculture, de la pêche, de l'environnement, de l'aménagement du territoire, il se renforça de nombreux militants associatifs et syndicaux, ouvriers en provenance de la CFDT en particulier mais aussi paysans CDJA, FDSEA, plus tard de la Confédération paysanne.
L'intégration de la 3eme composante après les Assises du socialisme en1974 (Rocard, Delors) amplifie la tendance.
Ce mouvement compensa le départ de certains adhérents restés proches de l'ancienne SFIO et réticent à la stratégie de l'union de la gauche. Il y eut ici ou là quelques situations locales difficiles mais elle ne cassèrent pas la dynamisme. Fort de sa capacité militante et de ses pratiques démocratiques mieux implanté sociologiquement et géographiquement, collant aux réalités du terrain, le PS ne cessera de progresser. Le Finistère mettait le Cap à bâbord.
Daniel Cléach
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