Le 80e congrès du Parti Socialiste sera celui de l’unité des socialistes et de l’unité de la gauche ou ne sera pas. Il devra aussi être celui de la transformation du parti. Pour regagner une place centrale à gauche, le PS doit entreprendre un renouveau radical de ses idées et de ses pratiques grâce à une gouvernance moderne et adaptée à son époque. Alors qu’une crise de la confiance muée en défiance généralisée envers le politique et les institutions s’est durablement installée dans notre pays, c’est un PS qui ancre la transformation sociale dans le quotidien, sur le terrain, dont nous avons besoin.
Le constat est sans appel, élections après élections, l’abstention est devenue la première force de contestation et d’expression de la volonté de changement. Face à l’intermittence du vote et au désintérêt pour les urnes, notre militantisme doit pourtant redevenir une arme de transformation, qui s’inscrit dans le quotidien de celles et ceux dont nous entendons changer la vie. Alors s’il est temps de réancrer solidement le PS dans un projet de transformation radicale de la société, il est aussi temps de repenser en profondeur notre action militante, pour en faire le moyen privilégié de cette transformation. Alors que nous voulons redevenir audibles et visibles dans le spectre politique, nous devons avant tout réapprendre à écouter les Français·e·s. Il nous faut ainsi repenser notre manière de communiquer avec le reste de la société et favoriser la co-construction pour espérer regagner les cœurs et les esprits.
Il nous faudra engager 3 chantiers majeurs pour mettre à jour notre vieux parti et en faire un outil puissant de transformation sociale. Nous devons repenser en profondeur le parcours militant, transformer, ouvrir et décloisonner notre organisation, et remettre nos militant·e·s au cœur du projet socialiste.
Chantier n°1 : Repenser le parcours du/de la militant·e dès son arrivée
Pour regagner la confiance des Française.e.s, le PS doit de manière urgente réactualiser le répertoire de son action militante et repenser de manière ambitieuse le parcours des militant·e·s. Ces dernier·e·s doivent devenir à la fois acteurs·trices du collectif et ambassadeur·rices du parti et de ses idées. Pour espérer sérieusement gagner les prochaines batailles électorales, il nous incombe de puiser dans la richesse inexploitée que constitue la diversité de tous·tes nos militant·e·.s., pour en faire pleinement les agents de la transformation sociale que nous appelons de nos vœux.
Ces militant·e·s constituent la ressource la plus précieuse dont dispose le PS. En chacun·e d’entre eux, sommeille un acteur en puissance de la transformation du parti dans ses logiques institutionnelles, dans ses méthodes opérationnelles, et dans ses ressources idéologiques. Tout au long de son parcours, chaque militant·e doit pouvoir trouver des réponses à deux questions essentielles : Que puis-je apporter au PS ? Qu’est-ce que mon action au PS peut m’apporter à titre personnel et collectif ? Nous devrons donc tout d’abord engager une réflexion majeure sur l’accueil des nouveaux·lles militant·e·s en prenant en compte leurs envies, compétences, et disponibilité. De plus, nous devons faire tout notre possible pour attirer et conserver nos sympathisant·e·s et nos militant·e·s en les aidant à répondre à la question : Pourquoi militer au PS et pas ailleurs ? Nous devons donc collectivement repenser l’accompagnement des militant·e·s tout au long de leur parcours. Le PS doit permettre à tous·tes d’acquérir les clés de compréhension de notre organisation politique et contribuer activement à sa construction.
Proposition I.a : Mettre en place une cellule d’accueil déclinée à l’échelle fédérale et locale pour mieux connaître les envies, les compétences, la disponibilité de chacun·e, personnaliser l’accueil, orienter, faciliter et optimiser la participation.
Proposition I.b : Créer un kit du militant pour outiller les nouveaux arrivant·e·s et les jeunes militant·e·s sur l’identité du parti, son histoire, son fonctionnement (i.e. d’un livret avec l’organigramme du parti, ses règles essentielles de fonctionnement et les interlocuteurs principaux).
Enfin, les socialistes doivent renouer avec l’éducation populaire et retrouver l’ambition de rendre la chose politique plus accessible. Alors que nous prônons l’émancipation comme valeur fondamentale, nous devons œuvrer concrètement pour que tous·tes puissent s’émanciper aussi par la voie de leur engagement. Il faudra donc offrir à chaque militant la possibilité de se former, de grandir politiquement et de construire ses idées. C’est en remettant la formation au cœur du parcours militant que nous pourrons opérer une montée en compétences collective et enfin bénéficier de la richesse de nos adhérents.
Proposition I.c : Créer une bibliothèque des ressources militantes pour permettre à chaque militant·e de se former et d’enrichir sa culture politique.
Proposition I.d : Remettre la formation des militant·e·s au cœur du parcours militant pour opérer une montée en compétences, en permettant aussi la formation par les militant.e.s.
Chantier n°2 :Transformer notre organisation à la base pour l’ouvrir et la décloisonner
Pour agir au quotidien, il faudra repenser nos modes d’organisation, dès la plus petite échelle, en poussant les murs de nos sections depuis trop longtemps fermées sur elles-mêmes pour y faire rentrer les forces vives de la société qu’elles soient associatives, syndicales, universitaires ou encore citoyennes. Il y a urgence à se reconnecter avec les débats et les réalités qui traversent la société. En rédefinissant le rôle de ses sections locales, le PS doit retisser ce lien essentiel avec la société dans son ensemble, ce lien étroit qui permettra à force de travail, de proposer un projet de transformation sociale ancré dans la réalité des gens, de leurs vies et de leurs quotidiens.
Alors que le terme de section implique l’idée d’un cloisonnement, l’idée de découpage rigide, nous pourrions lui préférer le terme d’agora locale. Loin d’un artifice sémantique, ce changement de nomination traduirait une ambition nouvelle, celle de réecouter le battement de la société et de faire communiquer le politique avec les forces vives de la société, citoyennes, associatives, syndicales ou encore universitaires. Qu’il s’agisse d’une brigade de mamans d’un quartier politique de la ville, d’une association de défense des droits des migrants, d’une professeure de lycée professionnel, d’un collectif d’agriculteurs, d’une représentante syndicale d’une usine textile…nous devons pousser les murs et les fenêtres de nos sections pour les y faire entrer, pour leur permettre de nourrir nos réflexions comme nos actions. C’est avec ces acteurs·trices que nous devons retisser un lien essentiel de proximité et vaincre la déconnexion, entre le politique et les citoyen·ne·s.
C’est hors des périodes électorales, que nous devons donc redoubler d’efforts pour être audibles et identifiés comme des relais locaux. Le grief qui nous est constamment fait de l’absence hors des périodes électorales, cultivé par l’intermittence du vote doit nous alerter et nous guider dans notre démarche. Nous devons multiplier notre présence dans le quotidien des Français·e·s. Mais pour redevenir audible et crédible, nous devons poursuivre, en actes, le décloisonnement de notre organisation, en nourrissant notre répertoire d’actions militantes d’autres engagements : associatifs, citoyens ou même syndicaux. Alors que 55% des jeunes ne s’identifient à aucun parti politique, notre militantisme politique ne peut fermer les yeux plus longtemps sur la richesse du répertoire de l’engagement. En valorisant donc la diversité des engagements de nos militant·e·s, nous créerions aussi les conditions pour mettre fin à un hermétisme entre militantisme politique, et tant d’autres formes de militantismes qui font écho aux causes que nous défendons.
Proposition II.a : Organiser une cellule de veille locale dans chaque section pour identifier les acteurs·trices locaux à intégrer dans notre action locale.
Proposition II.b : Multiplier les campagnes thématiques nationales et/ou déclinées localement pour promouvoir le projet et les idées socialistes au quotidien.
Enfin, encourager la coopération et la solidarité au sein de notre organisation est une des clés de la transformation. En créant des liens entre sections et fédérations, ce sont des liens durables que nous tisserons entre tous·tes les militant·e·s. Parce que les réalités de chaque territoire diffèrent, de Paris à la Creuse, de la Martinique au Finistère, créer ces liens essentiels permettra à tous·tes d’élargir sa connaissance de la diversité des réalités locales, tout en renforçant l’ouverture au nationale et le dynamisme des sections. De même, il est essentiel de créer plus de transversalité dans la pratique militante en permettant à tous·tes d’échanger régulièrement sur leurs pratiques militantes, permettant ainsi de multiplier les occasions de partage, en dehors du carcan de la section.
Proposition II.c : Créer des jumelages entre sections de fédérations différentes ainsi qu’un forum national d’échanges des pratiques militantes pour favoriser la transversalité et l’échanges sur les pratiques militantes.
Chantier n°3 : De la force locale à la force de proposition, remettre le militant au coeur de la co-construction du projet socialiste
Pour espérer pouvoir redevenir force de proposition, et nous réarmer idéologiquement, il faudra aller puiser dans les expertises de chacun·e, pour remettre le militant au cœur du fonctionnement du parti et le faire pleinement acteur de la co-construction du projet socialiste. Pour construire avec les militant·e·s d’une part, et avec les forces vives de la société de l’autre, il faudra donc réorganiser profondément nos modalités de débat et de participation au sein de l’organisation.
Pour regagner la confiance des Française·e·s, le PS doit tout d’abord renouveler le contrat de confiance avec ses propres militant·e·s dans leur capacité à prendre pleinement part à la construction de son projet politique, en sortant de son fonctionnement trop vertical. Un nouveau paradigme est nécessaire, celui de l’horizontalité et de la responsabilité. Voyons le parti comme un microcosme de la société. Il nous faut expérimenter plus de démocratie participative au sein du parti, innover pour pouvoir bâtir demain une société plus démocratique et plus inclusive. Alors que nous militons pour plus de consultations des citoyen·ne·s, nous devons, au sein de notre propre organisation, organiser et permettre la consultation régulière des militant·e·s.
Proposition III.a : Multiplier les occasions de participations à la vie du parti par la consultation régulière des militants, et expérimenter le référendum d’initiative militante, en menant en amont une réflexion pour en définir les règles, les processus et les implications (nombre de signatures nécessaires pour lancer une consultation, caractère consultatif ou décisionnel, calendrier).
La construction du projet porté par le parti ne doit pas être réservée aux seuls cadres. L’ensemble des militant·e·s qui le souhaitent doivent être responsabilisés et pouvoir être des acteurs·trices de cette co-construction. Cela implique de repenser à terme nos statuts datés, de les réactualiser afin de correspondre à la réalité de ce qu’est l’engagement aujourd’hui. L’organisation du parti doit être remodelée afin de réduire la dichotomie entre cadres et “simples militant·e·s”. Chaque membre du parti doit pouvoir être à l’initiative du débat d’idées, indépendamment de sa fonction et en relation directe avec ses domaines de compétences et ses envies. Cette nouvelle organisation doit permettre à chaque militant·e de pouvoir exprimer ses idées et de les partager grâce à des interlocuteurs clairement identifiés et disponibles à chaque échelon territorial.
Les secrétaires nationaux et fédéraux doivent être à leur échelle les coordinateurs des militant·e·s qui souhaitent contribuer à des thématiques, en organisant régulièrement des conférences et des réunions de réflexion. Ils doivent aussi être des relais : centraliser et organiser la synthèse des contributions qui viendront porter le projet national pour 2027. De plus, pour concrétiser l’ambition de co-construire et de s’ancrer dans la vie des gens, les SN et les SF devront activement chercher la participation des forces vives de la société, extérieures au parti, à ces travaux, pousser les murs et les fenêtres des réflexions, pour créer un sentiment d’adhésion le plus large à ce projet co-construit.
Proposition III.b : Redéfinir le champ et le mode de fonctionnement des SN et des SF thématiques, en accentuant leur rôle de coordination pour permettre la participation la plus large des militant·e·s à la réflexion. Créer de nouveaux SN à la formation des militants et la la transformation du parti.
Finalement, à chacune de ces échelles, la plus grande attention doit être portée pour corriger un écueil majeur : l’absence de comptabilité et de transparence face à l’investissement des militant·e·s dans le projet du Parti. Nombreux sont les militant·e·s dont les contributions, les réflexions, les idées, sont restées sans suite, dont le travail n’a jamais reçu quelconque retour, alors qu’il portait peut-être les germes d’idées révolutionnaires ! Il faut donc consciencieusement redéfinir les modalités de débats et de réflexions à l’échelle locale, fédérale et nationale, et les modalités de leur synthèse. Il faut surtout redéfinir un cadre rigoureux de responsabilités qui engagerait à toutes les échelles, à prendre en compte la participation des militant·e·s, à la valoriser, et à être comptable de cette participation. Ce cadre nouvellement défini impliquerait ainsi l’ensemble des socialistes dans une co-construction, à un respect et une valorisation du travail fourni : la responsabilité de s’impliquer sérieusement dans le travail de réflexion pour les volontaires, la responsabilité des sections et des fédérations de remonter le travail de proposition, et enfin, la responsabilité des cadres, de rendre compte de ce travail et de faire vivre le cycle du débat pour perfectionner le travail de proposition. C’est au prix de cette rigueur et de cette responsabilité que nous nous engagerons de nouveau dans cercle vertueux de proposition, et de co-construction d’un projet ambitieux de transformation sociétale, partagé à la fois par les militant·e·s et par les forces vives de la société.
Proposition III.c : Créer une charte du débat qui précise les modalités locales, fédérales et nationales de débats et de réflexions, les modalités de leur synthèse, et le cadre de responsabilités (prise en compte et valorisation de la participation des militant·e·s, engagement à des retours sur leurs contributions).
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