Violences conjugales : les propositions de la section du Relecq-Kerhuon
En 2019, une femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son compagnon. Plus d’une centaine de femmes sont mortes depuis le début de l’année, tuées par leur conjoint ou ex-conjoint (130 en 2017, 123 en 2016).
En 2019, une femme subit un viol toutes les 7 minutes.
Tous les ans, on dénombre plus de 220 000 victimes de violences physiques ou sexuelles.
De nombreuses femmes qui fuient les violences conjugales se retrouvent à la rue, à la merci de nouvelles violences, de l’extrême pauvreté, des trafics…
Cette violence ne relève pas de la sphère privée. C’est un problème de société que la société doit affronter, auquel elle doit apporter des solutions collectives et efficaces.
En France, comme en Europe, les législateurs et législatrices se sont emparés du sujet. Pourtant, le rythme des violences ne faiblit pas, pourtant, les femmes doivent toujours suivre un parcours éprouvant, pourtant, des femmes ayant porté plainte sont encore renvoyées chez elles où elles décèdent parfois sous les coups.
Des solutions existent et des partenaires sont prêts à s’engager.
Des dispositifs d’accompagnement global sont mis en place grâce aux partenariats entre les collectivités locales, l’Etat et les associations : une collaboration entre les services de police, de justice, les services sociaux, de santé, les associations militantes… Des accueils pour les enfants, victimes souvent oubliées, témoins des violences, ont été créés dans certains hôpitaux…
Des solutions existent, mais ces projets pionniers, trop rares, ne reposent que sur la volonté forte et les moyens financiers dont disposent les parties prenantes, moyens souvent insuffisants.
Au-delà des coûts humains de souffrance et de désespoir qui perdurent dans les familles pour des générations, les violences conjugales ont un coût économique : frais de soin, de justice, non accès à l’éducation, perte de chance, perte de journées de travail… Ce coût a été évalué à 109 milliards d’euros par an en Europe. En France, le ministère des affaires sociales le chiffre à 3,6 milliards par an.
En ce mois de septembre 2019, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre la discrimination, a décidé d’ouvrir un Grenelle des violences contre les femmes, du 3 septembre 2019 (en référence au numéro d’urgence 3919) au 25 novembre (journée internationale contre les violences faites aux femmes).
Ce Grenelle ne sera utile que si la réalité est regardée en face, s’il dépasse les effets de manche et si les réponses sont apportées, adaptées en qualité comme en quantité.
Marlène Schiappa a déjà fait part d’un certain nombre de propositions :
· Décloisonner ;
· Créer une plateforme de signalement ;
· Recruter 73 psychologues dans les commissariats ;
· Augmenter les moyens du 3919 pour répondre à 100% des appels ;
· Ouvrir une enveloppe de 1 million d’euros pour les associations locales d’aide aux victimes ;
· Diffuser une campagne de sensibilisation.
Ces propositions sont largement insuffisantes et n’atteindront pas leur objectif si ne sont pas décidés en plus :
· un budget clair et ambitieux ;
· un état des lieux précis que l’actuel observatoire ne permet pas d’avoir ;
· des actions dans toutes les sphères : privée, professionnelle, publique ;
· une meilleure visibilité et utilisation des dispositifs existants ;
· une amélioration de la loi
o dissimulation de l’adresse de la femme à son ex-conjoint,
o interdiction de la garde alternée,
o aide à l’autonomie financière et à l’accès à l’emploi si nécessaire,
o facilitation de la désolidarisation des dettes, pour accéder plus facilement à un logement par exemple…
· une meilleure aide aux victimes et des moyens suffisants accordés aux structures qui les accompagnent :
o création de lieux d’accueil pour les femmes victimes (violences, viol, excision, isolement, mariage forcé, prostitution…),
o meilleur accès aux soins, à l’assistance juridique, à la contraception ou à l’IVG,
o formation des personnel.le.s à toutes les étapes pour qu’ils aient les bons réflexes,
o mise en place d’accompagnements adaptés pour les enfants (encadrement des visites du père violent…)…
Et surtout, car l’aide aux victimes ne suffit pas, il faut s’intéresser au nœud du problème :
· accompagner les auteurs de violence : création de groupes de parole, éloignement du conjoint violent plutôt que la victime, comme le prévoit la loi...
· porter fortement l’éducation à l’égalité et se défaire du modèle culturel patriarcal.
Le constat est sans appel.
Rien ne justifie que la situation reste en l’état.
Sortons de la communication. Agissons. Vite.