11 mai : des questions sans réponse
« Ce que chacun comprend ce soir c’est que la décision du 11 mai a été prise par le président de la République sans en vérifier préalablement la faisabilité. À ce stade rien n’est prêt sur les masques, tests, écoles. Et les questions plus nombreuses que les réponses ». En un tweet, Olivier Faure a parfaitement résumé l’état d’esprit des élu.es qui, le 19 avril, attendaient des réponses claires aux questions qu’ils et elles se posent depuis les annonces présidentielles. L e choix de cette date a pu interroger mais il n’y avait pas d’opposition de principe à un début de déconfinement au printemps. « Nous appliquerons les consignes données par l’Éducation nationale » expliquait Danièle Kha, adjointe au maire en charge de l’éducation à la mairie de Quimperlé. Pourquoi pas le 11mai ? s’interrogeait Jacques Juloux. « Il apparaît que les enfants ont vraiment besoin de se retrouver ». Pour le maire de Clohars-Carnoët, qui fut instituteur, cette dimension doit être prise en considération. « D’autant que je ne vois pas bien, sauf à ce qu’on découvre demain un traitement efficace, ce qui changera entre le 11 mai et le début du mois de septembre ». Donc, autant débuter le déconfinement dès le mois de mai, en prenant le temps de mettre en place l’organisation qui permettra au mieux de préserver la santé des élèves, des enseignants et des personnels. On peut imaginer une reprise des cours par demi-journée par exemple, pour éviter une trop grande promiscuité. Le maire de Clohars-Carnoët n’était donc pas hostile, a priori, à un début de réouverture des écoles le 11 mai. « Il ne suffit pas de décréter la “reprise progressive”, encore faut-il préciser selon quelles modalités. » C’est dire si les Français, et en particulier les élu.es, attendaient des réponses claires de la part du premier ministre aux questions que soulève le déconfinement. Sur son blog (http:// yohann-nedelec.blogspirit.com/), Yohann Nédélec en avait listé quelques-unes. Car il ne suffit pas de décréter la « reprise progressive », encore faut-il préciser selon quelles modalités. Les élèves et les enseignants devrontils porter des masques ? Cela implique, de fait, que les agents municipaux qui entrent en contact avec des enfants soient, eux aussi, munis de masques. Qui de la collectivité ou de l’Éducation nationale est responsable de l’approvisionnement de masques pour les enfants ? Pour les agents municipaux, la responsabilité de l’employeur est pleine et entière mais une telle décision du gouvernement doit-elle être financièrement assumée par la collectivité ? La réouverture des écoles impliquet-elle que les services de la collectivité se substituent aux enseignants qui feraient, éventuellement, valoir leur droit de retrait ? Cela impliquerait que les services municipaux, par dérogation, puissent intervenir sur le temps scolaire ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La question de la gestion des gestes barrières et de la distanciation sociale reste posée dans les mêmes termes que dans le cas de l’accueil par des enseignants et implique que nous occupions d’autres locaux que les écoles. Les crèches vont-elles aussi rouvrir ? « Cette hypothèse paraît totalement invraisemblable à mes yeux », estime le maire du Relecq-Kerhuon. « Elle l’est d’autant plus dans les conditions préalablement posées de distanciation sociale imposée et/ou de port de masque obligatoire. » Faut-il que les collectivités demandent à leurs prestataires de ménage d’augmenter le nombre et l’ampleur de leurs prestations ? « Il est raisonnable de penser que deux passages par jour soient nécessaires, au vu du peu de connaissances que nous avons sur ce virus et notamment du manque de connaissances sur sa survie sur surface inerte. » Mais les prestataires pourront-ils effectuer ces prestations ? Il ne suffit pas de décréter la « reprise progressive », encore faut-il préciser selon quelles modalités. Et à quelques jours de l’échéance, les maires, chargés de la mettre en œuvre, sont loin d’avoir obtenu les réponses qu’ils étaient en droit d’attendre
Article publié dans le Cap Finistère n°1309 du 24 avril 2020