À chaque déplacement qu’elle effectue, et tout récemment
encore dans les Côtes d’Armor, Anne Hidalgo est interpellée sur la question des déserts médicaux, qui ne cesse de s’amplifier. Dans une interview au Quotidien du médecin, le 16 février, la candidate a précisé ses propositions pour améliorer la présence de professionnels de santé sur l’ensemble du territoire.
« Désormais, une partie des Français a intériorisé le fait que, dans certains départements, l’espérance de vie est moindre car le suivi ne peut plus être assuré par les médecins de ville et que l’hôpital est submergé par manque de moyens. C’est grave, on ne peut plus accepter ça », a dénoncé Anne Hidalgo.
« Si on en est arrivé là aujourd’hui, c’est à cause du numerus clausus qui, certes s’est assoupli, sans pour autant que l’on donne plus de moyens aux universités pour former les étudiants », a rappelé la candidate, qui propose de former chaque année 15 000 médecins, en allouant des moyens conséquents aux universités et aux CHU.
Compte tenu de la durée de formation d’un médecin, les résultats ne seront visibles que dans une dizaine d’années. Pour répondre à l’urgence, Anne Hidalgo porte une autre proposition qui « consiste à s’appuyer sur la réforme de l’internat de médecine générale avec l’ajout d’une quatrième année, pour la transformer en une année de professionnalisation. Ça ne sera pas simplement une année supplémentaire payée 1 700 euros par mois, elle sera rémunérée le double, 3 500 euros. En contrepartie, nous demanderons aux internes de faire cette dernière année dans un désert médical. Ils ne seront pas livrés à eux- mêmes et seront encadrés par un maître
Les déserts médicaux ne sont pas une fatalité
de stage. Les collectivités les aideront en mettant à disposition un logement, une voiture... Si on démarre dès cette année, ce sont 4000 jeunes qui iront exercer dans des déserts médicaux, à ces conditions d’accompagnement et de rémunération. Dès 2022, il y aura une vraie présence médicale supplémentaire. »
Les mesures incitatives n’ont pas permis une répartition plus harmonieuse des professionnels de santé sur le territoire. Faut-il alors envisager des solutions plus coercitives ? « Je ne suis pas pour une obligation d’installation dans les zones sous-denses », répond Anne Hidalgo avant de préciser : « Par contre, je suis convaincue qu’il ne faudra pas autoriser de nouvelle installation dans les zones où il y a déjà pléthore de médecins – comme ça peut être le cas sur la bande littorale. Ça n’aurait pas de sens. Je pense que le dialogue et l’incitation sont toujours préférables à l’obligation et je m’engage, au début du quinquennat, à définir ces orientations avec les organisations professionnelles. J’entends ceux qui ne veulent absolument aucune contrainte, mais un monde sans contrainte, ça n’existe pas ».
Article publié dans le Cap Finistère n°1383 du 25 février 2022
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