Si on juge la réussite d’un déplacement de campagne à la qualité des échanges entre la candidate et ses interlocuteurs, aux encouragements entendus sur son passage ou à la ferveur des applaudissements de plus de 150 personnes à l’issue de son intervention, alors la journée, qu’Anne Hidalgo a passé dans le Finistère, placée sous le double signe de la Mer et de l’Éducation, le 4 décembre, fut un succès.
Guidée par Sten Furic, Anne Hidalgo a pu visiter, à Penmarc’h la conserverie de la Compagnie
Bretonne et comprendre le processus de fabrication des conserves de poissons, du découpage des filets, à la mise en boîte en passant par la cuisson des sardines ou des maquereaux.
S’il a beaucoup été question de sécurité alimentaire et de qualité des produits, les échanges entre Anne Hidalgo et Sten Furic ont aussi porté sur la gouvernance de l’entreprise et sur la valorisation de l’intelligence collective. « Nous nous projetons collectivement, à moyen et long terme », a expliqué le directeur qui reste le décideur pour la gestion de la conserverie au quotidien, mais qui associe l’ensemble des salariés à la définition des grands objectifs stratégiques.
« Laissez-nous pêcher. »
Pour que la Compagnie Bretonne puisse continuer son activité, il faut que, dans les ports bigoudens, les pêcheurs puissent continuer à travailler. À condition qu’ils ne soient pas entravés par des mesures administratives. Accompagnée par la maire de Penmarc’h, Gwénola Le Troadec, mais aussi par les élus de Cornouaille, Gaël Le Meur et Michaël
Quernez, pour la Région, et Sébastien Miossec, pour Quimperlé Communauté, Anne Hidalgo a rencontré une délégation de professionnels de la pêche qui lui ont passé un message simple : laissez-nous pêcher !
Les professionnels de la pêche sont d’autant plus remontés contre les autorités françaises et européennes qu’ils ont réalisé d’importants efforts pour rendre la pêche plus durable ou pour préserver la ressource. Ils ne refusent pas le principe des quotas imposés par l’Europe, mais ils dénoncent la manière dont ils sont établis. « Avec le réchauffement climatique, on constate des changements assez rapides dans les tailles des poissons ou dans les zones de pêche », expliquent-ils. « Mais il y a un décalage entre le moment où les scientifiques réalisent des prélèvements et celui où les quotas sont déterminés. Or, on se retrouve dans des situations où les stocks se sont reconstitués. Des eaux regorgent de poissons, mais nous n’avons pas le droit de les pêcher. »
Table ronde avec les pêcheurs
« La Région Bretagne fortement la filière pêche », ont rappelé Gaël Le Meur et Michaël Quernez. Tant pour les infrastructures portuaires que pour la formation, le Conseil régional accompagne la profession. « Sur les douze lycées maritimes de France, quatre sont en Bretagne », a rappelé Gaël Le Meur, précisant qu’ils délivrent à la fois une formation initiale mais aussi continue.
Transition toute trouvée entre le thème de la Mer et celui de l’Éducation, Anne Hidalgo, accompagnée de François Cuillandre et de Nathalie Sarrabezolles, a découvert l’espace 70.8 aux Capucins. Ce nom fait référence aux 70,8 % de la surface de la planète recouverts par la Mer. Cet espace, qui se veut avant tout pédagogique, présente les grands
enjeux maritimes pour la préservation de la biodiversité, les énergies marines renouvelables ou les transports.
« Tout commence à l’école. »
Le forum régional éducation qui se tenait au Relecq-Kerhuon s’inscrivait dans la démarche À voix haute, lancée par Anne Hidalgo pour enrichir la partie éducation de son projet présidentiel. Dans chaque Fédération, des réunions de ce type, ouvertes à tous les acteurs de la communauté éducative et plus largement à toutes celles et tous ceux qui, comme la candidate socialiste, sont convaincus que « tout commence à l’école » ont été organisées.
Préparé par Anne Maréchal, enseignante et conseillère départementale du canton de Quimperlé, et Émilie Kuchel, élue brestoise en charge de l’Éducation et conseillère régionale, présidente de la Commission formation, ce forum a pris la forme de quatre ateliers. Le premier, co-animé par Anne Maréchal et Hervé Floch, du Sgen-CFDT, était consacré à l’école primaire et tentait de répondre à la question : « Est-ce à l’école de s’adapter aux élèves ou l’inverse ? »
Le deuxième, animé par Philippe Quenouillère, enseignant et principal de collège dans le Morbihan, était intitulé « Pour une école publique émancipatrice, notamment pour les plus démunis ».
« Comment promouvoir l’équité en matière d’accès aux études supérieures ? », se sont interrogés les participant au troisième atelier, animé par Olivier David, conseiller régional et ancien président de Rennes
Enfin, le quatrième atelier, animé par Émilie Kuchel, devait apporter des éléments de réponses à la question : « Comment éduquer à la participation collective pour une réelle démocratie ? ».
Ce n’est bien sûr pas un hasard si Anne Hidalgo a choisi de commencer sa campagne par le thème de l’Éducation. « Je sais que je déjoue toutes les statistiques » a-t-elle expliqué. « Née en Espagne, fille d’un ouvrier et d’une couturière, j’ai eu accès aux études supérieures grâce à l’école. Je ne suis pas sûre du tout qu’aujourd’hui ça serait possible. L’école est pour nous un des fondements de notre société et personne d’autre que nous ne pourra le réparer. Parce que nous savons que la question sociale est primordiale et que l’école est le creuset où on apprend à vivre ensemble. »
Pour Anne Hidalgo, l’éducation et la santé sont les piliers de la société social- démocrate qu’elle veut promouvoir. « Une école qui ne sélectionne pas par l’échec et qui permet l’apprentissage tout au long de la vie. »
« Parcoursup n’a qu’un objectif : gérer la pénurie de places dans l’enseignement supérieur. »
À quoi ressemblerait l’école qu’elle veut reconstruire ? D’abord, il s’agira d’une école où on prend son temps. Dans les ateliers, cette notion est souvent revenue. Prenons le temps de préparer l’orientation des élèves. Et surtout, arrêtons avec Parcoursup et la logique des algorithmes. « Parcoursup n’a qu’un objectif : gérer la pénurie de places dans l’enseignement supérieur », a résumé la candidate. À la place de ce système injuste et stressant pour les élèves et leurs familles, Anne Hidalgo veut mettre en place un système d’orientation choisie, dès la fin du collège. « Ce n’est pas grave de ne pas savoir ce qu’on veut faire à 18 ans », a-t-elle insisté. Mais, il convient aussi de multiplier les expériences des élèves en entreprises.
L’école doit être inclusive pour tous les élèves et accueillir celles et ceux porteurs de handicap. Pour que l’école réponde à cette promesse républicaine d’égalité, il est indispensable de revaloriser les salaires des enseignants. Aujourd’hui, un enseignant français est payé deux fois moins qu’un de ses homologues allemands. « Un professeur des écoles qui débute est payé 1700 euros par mois alors que la moyenne des diplômés à bac plus cinq se situe aux alentours de 2 300 euros », a rappelé la candidate. Une revalorisation des salaires passera par une négociation avec les organisations syndicales et commencera par les jeunes enseignants. « Il faut le faire parce que tout commence à l’école et que nous sommes là face à une question essentielle pour l’avenir de nos enfants. Et à ceux qui prétendent que ça coûte trop cher, je réponds que laisser perdurer cette situation coûtera encore plus cher. »
La potion administrée par Jean-Michel Blanquer à l’Éducation nationale a été particulièrement amère et a grandement contribué à amplifier des phénomènes déjà à l’œuvre depuis plusieurs années. « Nous n’avons plus de temps à perdre pour engager la réparation de notre école », a insisté Anne Hidalgo.
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