Le congrès a toujours été un moment important pour les Socialistes. C’est
à celui du Globe en 1905, que les différentes chapelles socialistes se sont retrouvées pour donner naissance à la SFIO. Mais, s’il s’agit toujours de fixer la ligne du parti et de désigner ses dirigeants, au cours des années, les congrès ont évolué et ont acquis de nouvelles dimensions.
Sous la SFIO, les congrès se tenaient tous les ans. Partout en France sous la 3e République (Brest en 1913 ou Marseille en 1924 et 1937, par exemple) et le plus souvent en région parisienne, sous la IVe et le début de la Ve.
À partir de 1971 et du congrès d’Épinay, ils se tiennent tous les deux ou trois ans. Et pour bien marquer la rupture avec la SFIO de la fin des années 60, le PS recommence à tenir ses Congrès dans les régions : Grenoble en 1973, Pau en 1975, Nantes en 1977 ou Metz en 1979...
Mais la principale différence tient dans la médiatisation de ce rassemblement. Jusque dans les années 60, les Congrès socialistes étaient peu suivis par la presse et donc le grand public. D’ailleurs, les enjeux étaient essentiellement internes, sauf cas exceptionnels, comme celui de Tours en 1920.
La médiatisation commence à partir d’Épinay, en 1971. D’abord, parce que la télévision se développe mais aussi en raison de la personnalité du Premier secrétaire, François Mitterrand.
Parmi les grandes figures du socialisme, tout le monde connaît Jean Jaurès, Jules Guesde ou Léon Blum. Mais aucun d’entre eux n’a été Premier secrétaire de la SFIO. Qui, même parmi les militants les plus chevronnés sont, aujourd’hui, capables de citer les cinq Premiers secrétaires qui se sont succédés à la tête de la SFIO ? Louis Dubreuilh, entre 1905 et 1918, Louis-Oscar Frossard, de 1918 à 1920, Paul Faure de 1920 à 1940 ou Daniel Mayer de 1943 à 1946. Seul, Guy Mollet, de par sa longévité à ce poste, (1946-1969) et ses fonctions ministérielles, échappe probablement à cette règle.
Le Congrès socialiste prend donc, au cours des années 70, une nouvelle dimension médiatique. De réunion interne, il se transforme en objet de communication politique. Pour le meilleur lorsque les images montrent des Socialistes unis, encore auréolés de leur victoire, en 1997 à Brest, ou pour le pire, lorsque les déchirements éclatent au grand jour à Rennes en 1990. Cette médiatisation s’est encore accentuée avec le développement des réseaux sociaux. C’est un élément dont les délégués et les invités doivent tenir compte : les débats se déroulent désormais sous le regard de l’ensemble des Français.
Le congrès joue aussi une fonction de socialisation pour les adhérents. C’est en effet dans ces grands rassemblements qu’on peut le mieux se sentir appartenir à une famille politique avec ses coutumes, ses traditions, et se forger une identité commune.
Cependant, deux éléments concomitants, ont, en 1993, légèrement réduit l’importance des Congrès. En effet, c’est à cette date que le mode de désignation du Premier secrétaire a été modifié. Auparavant, il était élu par le comité directeur, composé à la proportionnelle selon les résultats du Congrès. Désormais, il est élu par l’ensemble des militants et c’est au Congrès de Brest que cette mesure devient effective, avec l’élection de François Hollande qui succède à Lionel Jospin.
Le Congrès était le seul lieu, national, de socialisation. Mais à partir de 1993, les Universités d’été, d’abord à la Rochelle et maintenant à Blois jouent un peu le même rôle.
Le Congrès a une autre fonction plus locale, mais non négligeable : il constitue toujours une marque de confiance vis-à-vis de la Fédération et des sections accueillantes. Il permet aux militants locaux d’exercer des responsabilités pour l’accueil de leurs camarades. Ça n’est pas un hasard si pendant longtemps, les groupes du service d’ordre du parti correspondaient aux différents congrès : Nantes, Metz, Toulouse, Brest... notamment.
Reste la délicate question de la classification des Congrès. Certains sont considérés comme historiques, d’autres sombrent dans l’oubli. Il faudra attendre le vote des adhérents, le 12 janvier, pour savoir dans quelle catégorie se rangera celui de Marseille.
Article publié dans le Cap Finistère n°1415 du 16 décembre 2022
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