ADP : un enjeu démocratique
Dans une Tribune publiée par Alternatives économiques, le 20 juin, le député des Landes, Boris Vallaud, explique que la réussite du référendum sur la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) est un enjeu démocratique.
« Soutenir le référendum, c’est faire réussir ce premier exercice de démocratie partagée entre le Parlement et les citoyens. 248 parlementaires d’un côté, une part de la souveraineté nationale, en appellent au soutien de 4,7 millions d’électrices et d’électeurs, 10 % du corps électoral, de l’autre. Nous avons tous intérêt à la réussite de ce rendez-vous démocratique, quelle que soit ensuite l’issue du référendum lui-même. Chacun doit se mobiliser pour que ce droit civique nouveau soit porté à la connaissance de toutes et de tous et qu’il puisse s’exercer de façon simple, claire et transparente.
C’est évidemment l’intérêt de celles et de ceux qui sont à l’origine de ce référendum que celui-ci réussisse. C’est aussi le devoir du gouvernement de tout mettre en oeuvre pour que les citoyens puissent exercer leurs droits sur Internet, comme dans le plus reculé de nos territoires ruraux, dans nos villes comme dans nos villages. Nous en avons défendu avec vigueur le principe devant Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, alors que le site internet du ministère de l’Intérieur dédié au recueil des soutiens semblait avoir été conçu pour le minitel et accumulait les bugs. Alors que, par ailleurs, seules 2 000 communes sur 36 000 avaient été mobilisées en France pour recueillir les signatures physiques.
Nous voilà donc placés devant une double responsabilité exigeante : faire échec à la privatisation inique des Aéroports de Paris d’une part, faire réussir le RIP d’autre part. Un arc républicain s’est constitué entre des partis qui s’opposent par ailleurs sur bien des sujets, car il en va d’un intérêt supérieur de la nation. La chose est singulière, au sens étymologique du terme, elle dit le sérieux de l’affaire. Plutôt que de brocarder l’initiative, en criant au populisme, le gouvernement aurait été mieux inspiré de faire vivre le débat parlementaire et d’entendre les arguments déployés à l’unisson dans les hémicycles de l’Assemblée nationale et du Sénat, comme en dehors ceux-là, par la voie des collectivités locales, des syndicats mais aussi de nombreux citoyens. Il a préféré ignorer la contradiction.
Comme souvent. “ Le peuple n’a pas besoin de tuteur ni de maître, il a besoin de guides honnêtes et intelligents qu’il s’est lui-même choisi ”, écrivait Lamartine. “ Le tort des hommes qui nous dirigent c’est de ne pas croire à la possibilité de cette démocratie libérée. ”
Faisons de ce référendum d’initiative partagée le terreau de cette démocratie libérée. Et faisons gagner le camp de l’intérêt général et du bien public en maintenant les Aéroports de Paris dans le giron de l’État. »