ADP : un travail de fourmi C’est une par une...
ADP : un travail de fourmi
C’est une par une qu’il faudra aller chercher les signatures afin d’obtenir un référendum sur la privatisation d’Aéroport de Paris (ADP). Sur les 4,7 millions de signatures nécessaires, le site chargé de les recueillir en a enregistré près de 840000. On est à peine à 18% de l’objectif final. L a faute à qui ? D’abord au site national mis en ligne par le ministère de l’Intérieur qui multiplie les chausse-trappes. Ensuite, alors que sur bien d’autres sujets le gouvernement est capable de mener des campagnes de communication, là rien n’a été fait pour informer les électeurs qu’ils peuvent soutenir l’organisation de ce premier Référendum d’Initiative Partagée (RIP). Il s’agit pourtant d’une avancée démocratique majeure puisque, pour la première fois, ça ne sera pas le président de la République qui interrogera les Français par référendum. « On constate effectivement un manque d’information criant », déplorent les militantes socialistes Béatrice Coste et Élisabeth Pélicot qui, sur les marchés de la région de Quimperlé, vont à la rencontre des habitants, armées de leurs tablettes et des formulaires papier. « Les gens ne sont pas au courant de cette procédure pour obtenir un référendum », expliquent-elles. « Mais, dans leur très grande majorité, lorsqu’on prend le temps de leur expliquer les enjeux, ils se déclarent bien sûr opposés à cette privatisation et favorable à un référendum. Mais nous devons vraiment faire de la comm’ pour expliquer les enjeux. » « Pour permettre aux citoyens de soutenir ce référendum, nous prenons une série d’initiatives », explique Ismaël Dupont, secrétaire fédéral du Parti Communiste, à l’origine de la coordination départementale pour le référendum qui regroupe près d’une vingtaine d’organisations politiques et syndicales. Déjà, des groupes locaux se sont mis en place, à Quimper et dans la région de Quimperlé. Ensuite, des vœux sont proposés dans les conseils municipaux. « Dans le Sud-Finistère, les mairies sont sollicitées pour mettre à disposition des formulaires sur lesquels les citoyens peuvent demander le référendum, car tout le monde ne dispose pas d’internet chez lui. La mairie de Kernevel à Rosporden a accepté d’ouvrir ses portes pour que la coordination puisse tenir une permanence et informer les administrés. » Les opérations de collectes des signatures sur les marchés ou dans les mairies sont d’autant plus importantes que des milliers de personnes, en générale des personnes âgées, ne disposent pas d’ordinateurs. Alors que se profilent d’autres privatisations tout aussi scandaleuses, comme celle de la Française des Jeux (voir ci-dessous), la mobilisation de toutes et tous pour l’organisation de RIP est nécessaire. Emmanuel Macron a déclaré que, pour lui, lorsqu’un million de citoyens le réclament, il faut organiser un référendum. Il faudra par conséquent placer le gouvernement devant ses responsabilités lorsque la barre du million de signatures sera franchie. Et compter sur la dynamique que ne manquera pas de provoquer le passage de cette barre symbolique pour redoubler d’efforts dans la collecte des signatures sur le
site
Une vision court-termiste
Une décision inique, injuste, absurde et irréfléchie. Voilà comment Pierre Rondeau, économiste du sport, Richard Bouigue, codirecteur de l’Observatoire du sport à la Fondation Jean-Jaurès, et Olivier Faure, premier secrétaire du PS, qualifient l’annonce de la privatisation de la Française des Jeux dans Libération. « La FDJ est pourtant une entreprise bien gérée qui libère plus de 89 millions d’euros par an de dividendes alimentant ainsi les caisses de l’État. Aujourd’hui actionnaire à 70%, l’État espère récupérer plus de un milliard d’euros à travers la vente de près de 50% de ses actions. Tout cela dans le but de financer un fonds de 10 milliards d’euros pour « l’innovation de rupture ». Or ce n’est qu’un raisonnement de court terme qui oublie les affres de l’incertitude et des aléas économiques. » « La FDJ assure une lutte efficace contre l’ensemble des risques sociaux inhérents à la pratique des jeux d’argent. Depuis de nombreuses années, le nombre de joueurs dépendants baisse, bien que la pratique générale augmente. De nombreuses mesures, sous le quinquennat de François Hollande, ont été prises pour lutter contre la pratique des jeunes et l’addiction. Elles fonctionnent et sont efficaces. Soyons clairs, la FDJ est une entreprise qui garantit à la fois un rôle de financement des services publics, en grande partie le sport, et qui veille à la stabilité du bien-être individuel et collectif. Que se passera-t-il lorsque la privatisation sera actée ? Lorsque l’objectif de rentabilité de court terme prendra le pas sur l’intérêt durable ? Quelles seront les décisions des nouveaux dirigeants, totalement indépendants, lorsqu’il s’agira de satisfaire les actionnaires et les spéculateurs boursiers ? La privatisation laisse la porte ouverte à la spéculation, à l’enrichissement personnel contre la redistribution et le bien-être collectif. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1286 du 25 octobre 2019