Comment, dans une ville comme Villeurbanne, socialiste depuis un siècle, ne pas évoquer Lazare Goujon. Maire socialiste dans les années 30, il est à l’origine du quartier des grattes ciels, ces logements sociaux installés en plein cœur de ville, bâtis pour rendre leur dignité aux familles d’ouvriers.
« Pourquoi le rappeler ? Je ne le fais pas pour commémorer des gloires passées ou célébrer les exploits d’antan, comme si nous réunissions une assemblée de vétérans. Certains d’entre nous ne résistent pas toujours à cette tentation. Ils parlent d’affirmation du Parti Socialiste comme d’autres ouvriraient un musée. Ils confondent la fidélité à nos principes et le repli identitaire, la renaissance du parti avec l’édification d’un camp retranché. Non, si je remonte la lignée de nos prédécesseurs, c’est pour rappeler que nous affirmer n’a jamais
consisté à nous enfermer !
Nous affirmer, c’est d’abord nous rappeler pour qui nous nous battons et au nom de qui nous menons ces combats. Nous le faisons pour tous nos concitoyens dont la dignité est piétinée. Nous le faisons pour les groupes sociaux dont nous avons à être les interprètes, pour paraphraser François Mitterrand. C’est au nom de ceux qui vivent l’injustice et espèrent la justice que nous nous battons. Ceux que d’autres à notre droite appellent “ gaulois réfractaires ”, “ illettrés ” ou “ assistés ” et invitent à “ traverser la rue ” pour trouver du boulot...
Nous affirmer, c’est accepter de nous regarder dans un miroir, pour reconnaître ce que nous avons réussi et ce que nous avons raté. Ce qui a été juste et ce qui ne l’était pas. Ce qui a été une victoire et ce qui nous a conduit à l’échec.
Qui n’a pas de passé n’a pas d’avenir. Mais je le dis aussi, pas d’héritage sans inventaire.
Nous affirmer c’est agréger toutes celles et ceux qui, dans la société, continuent de penser la Gauche, de l’irriguer d’idées nouvelles, dans la fidélité aux principes posés par les premiers socialistes.
C’est ce que nous avons fait ces trois dernières années. Nous avons ouvert un dialogue fécond avec toutes ces associations, tous ces clubs, think tanks, nouveaux partis, constitués hors de nos murs parce qu’ils les trouvaient trop étroits.
Nous avons appris à nous taire, pour mieux écouter. (...)
Nous avons sillonné le pays à la rencontre des Français. Pour entendre leurs souffrances et leurs espoirs, découvrir ceux qui innovent sur le plan technologique, comme sur le plan social.
Nous nous sommes adaptés à de nouveaux contextes, à de nouveaux enjeux, pour promouvoir de nouvelles idées, parce que oui, les idées changent le monde.
Nous avons retissé des liens avec l’ensemble de la Gauche politique, syndicale, associative, intellectuelle.
Le résultat, c’est l’adoption de notre projet au terme d’un long travail coordonné par Boris Vallaud, d’auditions entamées il y a 18 mois par Isabelle This Saint-Jean, d’allers- retours avec la société civile, d’amendements de nos fédérations et de nos secrétaires nationaux. Nous ne nous sommes jamais retranchés : nous avons ajouté.
Nous affirmer, enfin, c’est surtout agir pour faire en sorte que les gens vivent mieux. C’est ce que nous avons fait, ces trois dernières années, en bâtissant des logements sociaux, en rénovant les places pour qu’elles soient à nouveau habitables à l’heure du dérèglement climatique, en accompagnant les familles les plus modestes, les mineurs isolés, les familles monoparentales, les personnes en situation de handicap, en mettant en place la gratuité des transports en commun, en œuvrant pour des territoires zéro chômeur de longue durée, en luttant contre les violences faites aux femmes, en rédigeant et en défendant un minimum jeunesse ou pour mettre la codétermination au cœur de la gouvernance des entreprises.
La liste est longue, et chacun me pardonnera ici de ne pas citer tous ces projets qui permettent ou permettront à chacun de vivre mieux lorsque nous reviendrons au pouvoir.
Nous affirmer, en un mot, c’est renaître. La Renaissance est un travail long, sinueux, souvent ingrat.
Mais l’expérience enseigne que le travail paie. Et il a payé. »
Article publié dans le cap Finistère n°1367 du 24 septembre 2021
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