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mercredi 25 décembre
Agriculture : cinq ans de perdus

En quoi les conditions de vie et de travail des agricultrices et des agriculteurs se sont-elles améliorées depuis cinq ans ? En rien. Les crises se sont accentuées et le désespoir
a progressé. Mais les liens entre le pouvoir et la FNSEA n’ont jamais été aussi étroits.

Il faut rééquilibrer le rapport de force

Qu’ont donc entrepris les ministres de l’Agriculture qui se sont succédés pour apporter des
réponses à la crise agricole ? La seule chose que ces gouvernements ont su faire : de la répression en créant la cellule Démeter. Lancée en grandes pompes dans le canton de Saint- Renan, en présence du député Didier Le Gac, cette cellule devait répondre à ce que le gouvernement considérait comme la principale difficulté agricole : l’agribashing.
Le dossier de presse diffusé au moment du lancement de la cellule Démeter précisait que « la nécessité d’appréhender la globalité du phénomène des atteintes au milieu agricole implique que le périmètre de compétence de la Cellule Démeter englobe la prévention et le suivi : des actes crapuleux, qu’il s’agisse d’une délinquance de proximité et d’opportunité (ex : vol isolé de gasoil ou d’outillage,etc.) ou d’une criminalité organisée voire internationale (ex : filière de vol de GPS agricole, etc.) » mais aussi, et les mots sont inscrits noir sur blanc, « des actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques. »
Il suffisait donc de dire que le modèle productiviste avait des conséquences sur la qualité de l’air, des eaux ou des sols pour tomber sous le coup de cette cellule. Le tribunal administratif de Paris a demandé au gouvernement, le 1er février 2022, de supprimer cette disposition.
C’est tellement plus simple d’expliquer que les agriculteurs sont victimes des bobos urbains et des militants « animalistes ». Ça évite de remettre en cause les règles du marché, où le modèle alimentaire qui permet à de nombreux intermédiaires de réaliser de gros profits et à la grande distribution, dans son ensemble, d’exercer une pression intolérable sur les producteurs.


« Sans une intervention de la puissance publique, notre agriculture est condamnée. »


« Je suis assez pessimiste pour l’avenir de notre agriculture », concède Alain Le Quellec, agriculteur à la retraite, ancien conseiller régional. Le rapport de force est totalement en faveur de la grande distribution et les lois Égalim 1 et 2 n’ont servi à rien. Pire, Jean Castex avait même déclaré qu’il était prêt à en proposer une troisième. « Nous devons faire preuve d’une très grande vigilance, en particulier pour la filière laitière bretonne. Si la baisse des surfaces en herbes n’est pas rapidement stoppée, c’est toute la filière qui sera menacée. »

La filière laitière bretonne est menacée

Les agriculteurs ont compris qu’ils n’ont rien à attendre des libéraux. Alain Le Quellec ne dit pas que les solutions sont évidentes mais, alors que la Droite refuse d’intervenir, la NUPES pose au moins les bonnes questions. « Sans une intervention de la puissance publique, notre agriculture est condamnée. » Dans ce domaine aussi, les cinq dernières années ont été des années perdues.

La confédération paysanne soutient la NUPES

« Lors de la campagne présidentielle, la Confédération paysanne a appelé à rompre avec les politiques libérales qui font disparaître et s’appauvrir les paysan.nes depuis des décennies. Le triptyque « robotique-numérique-génétique » qui sera la boussole agricole du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron ne résoudra rien, bien au contraire. Il rendra les paysan.nes encore plus dépendant.es et captif.ves vis-à-vis de l’agro-industrie.
Au vu de la situation exceptionnelle - urgence agricole et alimentaire, climatique, démocratique et sociale - la Confédération paysanne apporte son soutien à la démarche de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES), la plus à même d’offrir des perspectives de nouveaux droits sociaux et paysans et de mettre en œuvre la transition agroécologique.
Cette démarche d’union des forces progressistes, porteuse d’ambition sociale et écologique et le développement des services publics ne doit pas s’arrêter à un accord électoral. Elle doit se traduire en propositions fortes pour que cette ambition ne s’arrête pas aux portes des villes.
L’enjeu économique de protection des paysan.nes et l’enjeu climatique ne doivent donc plus être pensés séparément, comme des propositions slogans, mais articulés dans un projet systémique de transformation de notre modèle agricole et alimentaire en rupture avec les politiques libérales.
Ce projet de développement de l’agriculture paysanne se doit d’installer massivement des paysan.nes, de leur garantir un revenu juste, au-dessus de leurs coûts de production, de revaloriser leurs retraites et de construire une démocratie alimentaire autour d’une sécurité sociale de l’alimentation. Telles sont les bases d’une réponse adéquate au mal-être paysan qui permettraient de bâtir la souveraineté alimentaire et mettre en œuvre la transition agroécologique.
Il ne s’agit pas d’un soutien aux partis qui composent cette union. L’indépendance de notre syndicat et sa stratégie demeurent intactes : la Confédération paysanne portera ses revendications auprès des futur.es député.es comme du prochain Ministre de l’agriculture pour imposer une alternative aux décisions actuelles. C’est de cette façon que nous comptons notamment gagner le maintien de l’élevage plein-air et imposer la fin des mégabassines.
Article publié dans le Cap Finistère n°1396 du 3 juin 2022




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