Que de chemin parcouru depuis les premières Assises de l’alimentation organisées en 2017 ! Les participants à la 4e édition, qui s’est tenue en visioconférence le 3 décembre, ont pu s’en rendre compte en tirant un premier bilan des actions engagées dans le Finistère et en traçant les perspectives qui se traduit par une relocalisation des productions.
« C’est un choix politique que nous assumons pleinement », a précisé Michaël Quernez. « Dès 2015, avec la répartition des compétences de la loi NOTRe, nous avons, contrairement à d’autres départements, décidé de continuer à mener une politique publique dans les domaines de l’agriculture et de la pêche. C’est un choix majeur, pour nous, de soutenir le secteur primaire pour une alimentation de qualité dans le cadre de notre projet agricole de territoire. »
Dans les collèges, le dispositif #food acteur vise à donner aux élèves les informations nécessaires afin qu’ils puissent se nourrir sainement. Le but est d’expliquer les principes de la diététique mais aussi les enjeux de l’alimentation et les conséquences de nos choix sur l’environnement. L’objectif n’est pas d’interdire de manger des cerises en décembre, mais d’expliquer les conséquences de ce choix.
« Le mouvement de relocalisation va se renforcer. »
La plateforme Agri locale 29 commence à porter ses fruits. Elle permet de mettre en relation des producteurs et des responsables de la restauration collective. Pour l’instant, elle compte 199 fournisseurs et 117 acheteurs, dont 41 collèges.
Les relations ne sont pas uniquement virtuelles, puisque de nombreuses visites d’exploitations sont organisées.
Le confinement a clairement fait évoluer les habitudes de consommation vers des produits locaux en circuit courts. Pour l’ensemble des intervenants, l’existence de pactes alimentaires locaux ont permis de mieux répondre aux défis : heureusement que les contacts existaient déjà ! C’est ainsi que les élus, connaissant les difficultés que rencontraient les producteurs pour écouler leurs produits,
ont pris les mesures nécessaires pour permettre d’ouvrir les marchés de plein air.
La tendance à la relocalisation des productions agricoles va se renforcer. La première expérience de circuits courts a été menée au début des années 90, au Brésil à Belo Horizonte, dans la banlieue de Rio. À l’origine, il s’agissait de permettre à tous les habitants de se nourrir en faisant travailler les petits paysans de la région, a expliqué l’universitaire Damien Conaré. Ce mouvement se répand dans le monde entier.
La loi Égalim peut aider au développement d’une agriculture saine et durable. En effet, à partir de 2022, la restauration collective devra utiliser au moins 50% de produits de qualité et durable, dont 20% de bio.
Parce qu’il s’est doté assez tôt d’un projet alimentaire de territoire, le Finistère saura réussir cette transition.
Précarité alimentaire
Les Finistériennes et Finistériens souffrent de plus en plus de la précarité alimentaire. Les confinements ont gravement accentué le phénomène. « Dans le Finistère, le nombre d’allocataires du RSA est passé de 17600 à 19600 en quelques semaines », a rappelé Michaël Quernez. Les associations caritatives expliquent que plus de 10 % de la population française peut avoir besoin de l’aide alimentaire.
La 4e édition des Assises de l’alimentation a particulièrement insisté sur la précarité alimentaire chez les jeunes. Toutes les études et tous les témoignages montrent que les confinements ont eu des conséquences catastrophiques.
Au moment du premier confinement, alors que les établissements scolaires étaient fermés, les maires ont pu mesurer l’importance vitales des cantines scolaires pour certains élèves qui pouvaient ainsi prendre leur unique repas complet de la journée.
« Il faut favoriser et développer l’expression des jeunes de tous
horizons afin de remonter leurs attentes et leurs propositions sur les politiques départementales », a expliqué Marie Gueye, vice-présidente en charge de la Jeunesse. Et la prochaine contribution du dispositif « Parole de jeunes », actuellement en cours de rédaction, portera justement sur les conséquences du confinement.
De nombreuses associations interviennent pour accompagner les jeunes. L’association étudiante FédéB a lancé l’épicerie solidaire Agoraé qui permet aux étudiantes et étudiants de se procurer des denrées à prix très faible.
À Morlaix, ce sont les Cuistots du viaduc qui organisent des ventes de paniers de légumes et publient des recettes sur Instagram, de manière à favoriser des habitudes alimentaires saines.
À Quimper, les foyers de jeunes travailleurs aussi interviennent sur l’alimentation. Ils accueillent environ 150 jeunes de 16 à 30 ans et ont mis en place des ateliers de cuisine, des consultations de diététicienne et un restaurant collaboratif. Car, s’il faut manger pour vivre, il ne faut jamais oublier la dimension conviviale et sociale des repas.
Article publié dans le Cap Finistère n° 1335 du 11 décembre 2020
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