« Attention à ne pas nous habituer à renoncer à nos libertés », a exhorté Marie-Pierre de La Gontrie, sénatrice de Paris, invitée par le GSU (Groupe Socialiste Universitaire) à expliquer les enjeux de la loi de sécurité globale lors d’un webinaire qui s’est tenu le 11 décembre.
Àl’origine de ce texte, on trouve tout de même une gestion ératique des forces de l’ordre par les gouvernements d’Emmanuel Macron qui sont obligés de présenter des
loi émotionnelles, bâclées, vouées à être censurées. « Le pire c’est que
ce pouvoir n’apprend rien de ses échecs », s’est désolée Marie-Pierre
de La Gontrie, faisant référence à
la loi Avia concernant la haine sur internet.
Sur la forme, la manière dont le gouvernement a présenté puis défendu ce texte est terriblement révélateur du mépris du pouvoir vis-à-vis du Parlement. Ou de son amateurisme. D’un point de vue strictement législatif, il ne s’agit pas d’un projet mais d’une proposition de loi, puisqu’elle émane de députés. Mais chacun sait qu’il s’agit d’un texte d’inspiration gouvernementale qui fait suite au Livre blanc de la sécurité et reprend le concept de continuum de sécurité. Mais en utilisant une proposition plutôt qu’un projet, le gouvernement évite d’avoir à réaliser une étude d’impacts.
Car, pour Marie-Pierre de La Gontrie, l’article 24, sur le floutage des policiers, n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un
texte qui pourrait profondément changer l’aspect de notre police. En partant du constat qu’un grand nombre d’acteurs interviennent dans le domaine de la sécurité, ce texte prétend mieux répartir les rôles de chacun (police nationale, police municipale, agence privée). Mais en réalité, il donne des prérogatives trop importantes au secteur privé.
La vraie question à laquelle il faut rapidement répondre est : « Comment retisser des liens de confiance entre la
police et les Français ? », a insisté la sénatrice qui propose, notamment, l’instauration de récépissés de contrôles d’identité ou l’équipement de tous les policiers d’une caméra piéton.
Depuis 2015, les lois d’exception se succèdent pour lutter contre le terrorisme ou la crise sanitaire. « Mais il est essentiel que l’exécutif rende régulièrement des comptes au Parlement », a insisté Marie-Pierre de La Gontrie qui craint une certaine accoutumance aux privations de libertés.
Article publié dans le Cap Finistère n°1336 du 18 décembre 2020
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