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mercredi 25 décembre
Avis de tempête en Manche
C’est peu dire que les Assises de l’économie de la mer, qui se sont tenues à Brest les 27 et 28 novembre, étaient attendues avec impatience et anxiété par les acteurs de la filière maritime. En effet, en cette fin d’année 2018, les nuages noirs s’accumulent pour les pêcheurs, les transporteurs ou les producteurs d’énergie marine. Mais, à l’issue de ces deux journées de débats et de rencontres, le ciel ne s’est malheureusement pas éclairci. 
Nathalie Sarrabezolles et Loïg Chesnais-Girard ont pourtant rappelé l’importance des enjeux maritimes pour le Finistère et la Bretagne. 
La question du Brexit a bien sûr été au coeur des discussions, tant ses répercussions seront importantes pour la Bretagne, en général, et le Finistère, en particulier, puisque la pêche et le transport transManche risquent d’être profondément impactés. « Pour certains armements, les prises dans les eaux territoriales anglaises peuvent représenter jusqu’à 50 % de leurs captures », souligne la conseillère départementale de Concarneau et vice-présidente Mer et Littoral, Nicole Ziegler. Or, une absence d’accord et une fermeture de ces zones est tout à fait possible. D’autant que les pêcheurs anglais ont très massivement voté pour le Brexit. Les partisans de la sortie de l’Union européenne ont mené une campagne virulente sur le thème : « l’UE vous empêche de pêcher ». En réalité, la faute en revient essentiellement au gouvernement anglais qui avait la charge de répartir les quotas de pêche et qui a préféré les donner aux grands armements industriels plutôt qu’à la pêche artisanale. 
« Le Brexit peut avoir des conséquences désastreuses pour la Bretagne. » 
Pour le trafic des ferries, Jean-Marc Roué, président d’Armateurs de France et du conseil de surveillance de Brittany Ferries, a été très clair : « Notre business plan repose sur la fluidité du trafic. Nos bateaux doivent effectuer une rotation et demie par jour. Nous sommes parvenus à réduire à une heure trente le temps d’escale. Mais si les contrôles ralentissent l’embarquement et le débarquement, ce modèle n’est plus compétitif », a-t-il prévenu. 
Les professionnels de la mer attendent avec impatience le vote du Parlement britannique, le 11 décembre, pour savoir si le projet d’accord est, ou non, ratifié par le Royaume-Uni. L’ombre d’un « hard Brexit » plane toujours. Cela signifierait que le Royaume-Uni redeviendrait un pays tiers avec toutes les conséquences que cela implique en matière de droits de douane ou de contrôles vétérinaires. Et d’interdiction de pêche dans ses eaux territoriales. 
Reste tout de même quelques points positifs à retenir. Les ports de Brest et Roscoff pourraient intégrer le corridor Mer du Nord/Méditerranée que proposera la Commission européenne. Cette inscription détermine les investissements européens qui pourraient être réalisés dans ces ports. Reste toutefois à attendre une annonce officielle avant de se réjouir. Mais surtout, Brest s’est une nouvelle fois positionnée comme un pôle maritime de dimension internationale.
 
 
La France choisit le scénario catastrophe
 
À l’issue de ces Assises, les présidents des Régions Bretagne, Normandie, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Pays de la Loire et Sud- Provence-Alpes-Côte d’Azur, ainsi que les présidents de France énergie éolienne, du syndicat des énergies renouvelables et du cluster maritime français ont publié un communiqué virulent. 
« Coup de tonnerre sur Brest avec les annonces sur l’avenir de l’éolien en mer : le gouvernement affirme ses ambitions, mais ne propose qu’un développement très limitéde l’éolien en mer poséet flottant avec, dans le meilleur des cas, cinq GW en service en 2028 alors que les professionnels et les territoires en proposaient dix. 
Alors que la France, qui s’est positionnée en championne de la lutte contre le changement climatique par la voix du président de la République, a ouvert des perspectives fortes et claires sur le développement des énergies renouvelables, la réalité des annonces sur l’éolien en mer ne correspond pas à ce discours. 
Ces dernières remettent en cause les modèles économiques de la filière et des territoires proposés dans le cadre de la transition énergétique et laissent présager d’un scénario catastrophe pour le développement d’une filière de l’économie maritime pourtant compétitive et prometteuse. 
Les Régions (…) ont déjàpris, aux côtés des industriels et entreprises, toutes les initiatives nécessaires à l’accompagnement du développement de la filière, notamment par le biais d’investissements massifs. La France s’exclurait de facto de la dynamique internationale de l’éolien en mer. (...) 
Les Régions et les représentants de la filière demandent au gouvernement de revoir sa feuille de route pour la filière de l’éolien en mer afin de répondre à l’ambition portée collectivement (a minima un GW par an) et demandent à être reçus au plus tôt par le premier ministre. »
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1250 du 7 décembre 2018
 



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