C’était bien évidement la déception et la tristesse qui prédominaient dans les interventions, sans langue de bois, qui se sont succédées au conseil fédéral du 11 avril, empreint d’une certaine gravité.
« C’est une défaite sévère pour le PS » a résumé la présidente du Conseil fédéral Florence Crom.
Cette déception et cette tristesse étaient d’autant plus douloureuses que les militants socialistes n’ont pas ménagés leurs efforts dans le Finistère. « Mais les logiques de « votes stratèges » ont été plus fortes et ont tout emporté à l’issue d’une campagne qui ne s’est pas jouée sur les projets » a constaté le premier secrétaire fédéral Tristan Foveau.
Il faudra du temps pour mesurer les mécanismes qui ont conduit à ce tsunami politique qui a emporté tous les partis classiques. « A ce stade, j’ai bien plus d’interrogations que de certitudes » a reconnu Tristan Foveau.
Cependant, le premier secrétaire, et le secrétaire fédéral aux élections Olivier Galiana ont tiré les premiers enseignements de ce scrutin. On assiste à un approfondissement de la tripartition de la vie politique. Mais sera-t-elle durable ? Et quelle place reste-t-il pour les idées socialistes ?
La défiance vis-à-vis des partis « historiques » n’a jamais été aussi forte. Le vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon s’explique, en partie, car il était perçu comme le seul capable d’éviter un duel Macron/Le Pen. Les électrices et les électeurs de gauche voulaient l’union et ont, malgré les divergences idéologiques, utilisé le bulletin de la France insoumise.
La déconnection est totale entre la vie politique locale et nationale. Les appels aux votes des élus locaux n’ont eu aucun impact sur ce scrutin national.
Le choix du 2e tour appelle une position claire de la part des socialistes. Emmanuel Macron et notre adversaire, Marine Le Pen est notre ennemie.
Le 24 avril, le bulletin de vote Macron ne sera, pour les socialistes, qu’un outil pour empêcher l’élection de Marine Le Pen.
« Nous devons bien expliquer que notre vote du 24 avril ne vaudra pas une approbation pour le projet d’Emmanuel Macron » a insisté Marylise Lebranchu. « Je comprends ceux n’ont pas envie de voter pour lui, compte tenu de son bilan et de ses propositions » a admis la présidente du comité de soutien d’Anne Hidalgo. « Cependant, la perspective de voir Marine Le Pen remporter l’élection n’est pas envisageable. »
« Notre état d’esprit peut se résumer en une formule » a insisté Laurent Péron, du Relecq-Kerhuon : « Je ne vote pas pour Macron mais j’utiliserai son bulletin contre l’extrême-droite »
Pour Nathalie Sarrabezolles et Gwenegan Bui, respectivement délégués de la 5e et de la 4e circonscription, l’union de la gauche est indispensable. L’une et l’autre sont candidats aux législatives. Mais ils ont clairement annoncé que s’ils doivent se retirer pour permettre l’union, ils prendraient leurs responsabilités. L’enjeu est trop important. « L’union est une nécessité pour redonner l’espoir » a insisté Gwenegan Bui.
Cette union est largement approuvée par les adhérents. « Et surtout, que les « éléphants » soient discrets, écoutent ce qui remonte de la base et fassent confiance aux adhérents » a exhorté Jean-Yves Coignec, de Douarnenez.
Et après ? Tout est à reconstruire pour la gauche sociale-écologique.
« Un parti c’est trois mots en « eur » a rappelé Damien Deschamps, de Plouzané. « Des valeurs, des marqueurs et un leader. Les valeurs, nous les avons, elles sont connues et elles restent solides. Mais quels sont les marqueurs qui permettent de nous différencier des autres forces politique et d’être entendues et surtout où est notre leader ? » a-t-il demandé.
« Après le 19 juin, nous aurons une tâche monumentale à accomplir : la question même de la forme du parti devra être posée » estime Tristan Foveau. « Nous devrons trouver les moyens de construire un espace entre la France insoumise et la République en Marche. Sous quelle forme ? Personne ne le sait encore mais il est clair qu’après le score du 10 avril nous en pouvons plus avoir ni tabou, ni certitudes. »
La feuille de route est donc claire : d’ici le 24 avril, on empêche l’élection de Marine Le Pen. Dès le 25 avril, avec nos partenaires on fait campagne pour faire élire des députés de gauche et à partir du 20 juin, on reconstruit, avec toutes celles et tous ceux se retrouvent dans une gauche sociale, écologique, européenne et laïque, une force politique capable de faire renaitre l’espoir.
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