Bien vieillir en Finistère
En toute logique, environ 60 à 70 ans après un baby-boom, intervient un papy-boom. Cette évidence n’a semble-t-il pas assez été anticipée et, aujourd’hui, l’adaptation de la société aux personnes âgées devient une impérieuse nécessité.
Après avoir traité la question de l’hôpital, puis de la protection sociale, les secrétaires fédérales chargées du Pôle des questions de société du XXIe siècle, Catherine Huon et Rachel Nicolas, ont choisi d’inviter, à Saint-Thégonnec, Solange Creignou, vice-présidente du Conseil départemental, pour réfléchir aux enjeux liés au vieillissement de la population.
Car ce sont bien les conseils départementaux, collectivités des solidarités, qui sont en première ligne pour permettre aux personnes âgées de bien vieillir. C’est d’ailleurs le nom du schéma, élaboré en étroites relations avec les professionnels et les représentants des associations, qui fixe les orientations du Département dans ce domaine (voir encadré).
Le Finistère compte 137 établissements pour un total de 13 000 places. « Malgré une forte pression des structures privées, nous avons fait le choix de ne pas laisser s’implanter d’établissements à but lucratif en refusant d’attribuer des habilitations partielles », a expliqué la conseillère départementale. Dans le Finistère, 84 % des places sont conventionnées et il n’est pas possible de dépasser les plafonds.
« La question du vieillissement mérite à elle seule un grand débat. »
La question du financement de la prise en charge est bien sûr essentielle et notre pays ne pourra pas faire l’impasse sur un débat autour de la création d’un cinquième risque. Mais d’autres questions sont posées. En particulier, celle du recrutement de professionnels et des conditions de travail dans les établissements, mais aussi dans les structures qui interviennent auprès des personnes âgées à domicile. En effet, il est de plus en plus difficile de recruter du personnel. Cela s’explique par l’image des EHPAD renvoyée par les médias qui n’évoquent les conditions de vie des résidents qu’en cas de difficultés. « Pourtant, la réalité est bien évidente, en particulier dans le Finistère », rectifie Solange Creignou. « Nous avons mis en place un numéro pour signaler les dysfonctionnements et nous enregistrons très peu de signalements ».
Le Bien vieillir passe aussi par toute une série d’initiatives, souvent associatives, que soutient le Conseil départemental pour permettre aux personnes âgées d’avoir accès aux loisirs ou à la culture.
L’allongement de la durée de la vie est une chance. Il doit être anticipé dans toutes ses dimensions : sociales, médicales, urbanistiques, culturelles, etc. On peut soit attendre d’être au bord du gouffre pour prendre les mesures qui s’imposent. Soit y réfléchir avant, collectivement, en prenant le temps de bien en mesurer toutes les conséquences
Article publié dans le cap Finistère n°1260 du 1er mars 2019