L’annonce du nouveau protocole pour la rentrée de janvier a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli : à l’impréparation habituelle s’est ajoutée cette fois-ci le mépris, puisque c’est par la presse que les personnels de l’Éducation nationale ont appris, le dimanche, en fin d’après-midi, comment ils devraient s’occuper des élèves touchés par le Covid.
Ce mépris pour la communauté éducative dans son ensemble (enseignants, personnels, élèves, parents d’élèves et élus) a été vivement sanctionné par un appel à une journée d’action par l’ensemble des organisations syndicales. Cet appel a été particulièrement suivi.
Il a donc fallu attendre cette journée d’actions pour que le gouvernement daigne enfin écouter les organisations syndicales. Car depuis la rentrée, avec le protocole imposé à la dernière minute par le ministre Blanquer, les élèves et leurs parents couraient de test en test, pendant que les ruptures répétées d’apprentissage pénalisaient les élèves les plus fragiles et que les personnels devaient répondre aux injonctions contradictoires de protocoles irréalistes.
« Mais c’est comme ça à chaque rentrée depuis près de deux ans », rappelle Émilie Kuchel, adjointe au maire de Brest en charge de l’Éducation. « C’est très compliqué pour les directeurs d’établissements, les parents et les élèves, mais ça l’est aussi pour les élus qui doivent organiser le travail des agents dans l’urgence. » Rien d’étonnant alors que le taux de grévistes soit de 100 % dans 13 des 36 écoles de la ville.
« Quand la situation est inédite et complexe, quand elle appelle des décisions exceptionnelles, il est contre-productif et même méprisant de continuer à vouloir décider de tout, toujours tout seul, depuis son bureau de la rue de Grenelle », a dénoncé le bureau national du PS. « C’est dans ces moments que l’écoute et la concertation sont plus nécessaires que jamais. On ne peut pas demander aux enseignants et personnels d’être présents pour assurer le bon déroulement de l’année scolaire et rester sourd à leurs alertes.
Quand tout le pays connaît une forte reprise épidémique, et que les enfants et les adolescents sont particulièrement touchés par les contaminations, il n’est pas possible de faire croire que l’école serait une enclave protégée. Il se confirme a contrario que, depuis l’automne, elle est même un lieu de circulation élevée du virus.
Il nous faut garantir le meilleur fonctionnement possible de nos écoles », a insisté le bureau national du PS. « C’est pourquoi nous demandons que le protocole sanitaire prévoie la fermeture d’une classe en fonction d’un taux d’élèves positifs ou absents et que le remplacement des enseignants absents soit assuré. De même, nous insistons pour que les enseignants bénéficient de masques FFP2 et pour qu’une véritable politique publique de tests soit engagée dans les écoles. »
Depuis le début de la pandémie, chacun sait que l’aération et la ventilation des classes et des locaux scolaires est une donnée importante dans la lutte contre la propagation du virus. Cet investissement doit être déployé à grande échelle comme le recommande l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST). « Mais », insiste le PS « il ne saurait incomber aux seules collectivités locales qui ont déjà beaucoup investi, depuis deux ans, pour s’adapter à la situation. » L’enveloppe actuelle de 20 millions d’euros, pour aider les mairies, départements et régions qui n’en ont pas les moyens à s’équiper, est très insuffisante et doit au moins être doublée.
Oui les écoles sont restées ouvertes. C’est d’ailleurs ce que demandaient les socialistes, depuis le premier confinement, pour ne pas aggraver le décrochage scolaire. Mais encore fallait-il s’en donner les moyens, ce qui n’a pas été fait depuis bientôt 24 mois.
Avec la crise sanitaire, la gouvernance solitaire du ministre Blanquer a atteint ses limites. Qu’a fait le ministre pour aider l’école à vivre par temps de Covid ? Rien ou si peu. Manque de personnels, équipements informatiques défaillants, décrochages scolaires plus nombreux, protocoles à répétition : les mêmes questions se posaient déjà en 2020 lors du déconfinement. Depuis deux ans, il n’a pas réussi à installer l’école de la confiance, à concilier protection et scolarisation.
Article publié dans le Cap Finistère n°1379 du 21 janvier 2022
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