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mercredi 25 décembre
Bon anniversaire le PS !
 
Quand on est socialiste, on a plusieurs anniversaires et on peut se donner l’âge qu’on veut. 
Si on veut mettre en avant la solidité et la longévité de notre mouvement, on dit qu’on a plus de 100 ans est qu’on est né en avril 1905, au Congrès du Globe. 
Mais si on veut dire qu’on est jeune quinqua, on dit qu’on est né dans la foulée de mai 68. Et si on veut dire qu’on a moins de 50 ans, on fixe notre date de naissance au Congrès d’Épinay en 1971. 
Dans une Tribune publiée sur le site de L’OURS, Frédéric Cépède, secrétaire de rédaction des publications de L’OURS (Office Universitaire de Recherche Socialiste), qui célèbre d’ailleurs ce mois-ci son cinquantième anniversaire, revient sur les enjeux, pas si anodins, de l’Histoire des socialistes et la manière dont on date la naissance du parti. 
« Pour 2019, le Haut comité des Commémorations nationales a retenu d’inscrire le cinquantenaire de la création du Parti Socialiste, à Issy-les-Moulineaux, début juillet 1969. Ce choix surprendra certainement les socialistes eux-mêmes, qui retiennent plutôt de cette fameuse année célébrée par Serge Gainsbourg les 5% obtenus par Gaston Defferre au premier tour de l’élection présidentielle. 
Alors qu’ils traversent une des crises les plus profondes de leur histoire passée et récente, peut-être les socialistes y verront-ils une sorte de blague lancée par quelques membres facétieux du Haut comité. 
Ce congrès - qui adopte la même déclaration de principes que celle votée en 1969 - est tellement « fondateur » dans l’esprit des socialistes qu’ils ont pris l’habitude (ou la décision) - qui s’est imposée aux historiens - d’appeler « Nouveau Parti Socialiste » (NPS), le Parti Socialiste dirigé par Alain Savary entre 1969 et 1971. Manière de dire qu’il ne peut y avoir qu’un seul PS, celui de François Mitterrand a pris la direction dont la « nouveauté » est une évidence pour la presse et une partie de la gauche, quand le « nouveau » PS de Savary était à peine, selon eux, démarqué de la SFIO de Guy Mollet. 
L’histoire a retenu le fameux discours que prononça au Congrès d’Épinay son futur Premier secrétaire sur la rupture avec le capitalisme. Ce congrès marque aussi une rupture dans la manière dont le PS va se raconter son histoire. Les congrès ne sont plus comme du temps de la SFIO numérotés, mais désignés par le nom de la ville qui les accueille (Grenoble, Pau, Nantes, Metz, Valence…, Rennes). Pour l’anecdote, c’est Michel Rocard qui en 1993 - après une cuisante défaite aux Législatives… - fait adopter la renumérotation des congrès nationaux depuis le Congrès fondateur du Globe en 1905, celui d’Issy-les- Moulineaux devenant le 57e et celui d’Épinay le 58e. 
En réinscrivant l’histoire du PS dans la longue durée, l’objectif de Michel Rocard était à la fois politique et pédagogique (s’y mêlait peut-être aussi un brin de malignité) : il y avait un avant Mitterrand et donc un après, et comprendre leur histoire pourrait aider les socialistes à se reconstruire et se remettre de leur échec électoral le plus grave depuis la Présidentielle de 1969. Dès lors, deux chronologies se superposent au PS, qui a commémoré son 30e anniversaire en célébrant le Congrès d’Épinay en 2001, son centenaire en 2005 et le 40e anniversaire d’Épinay en 2011. Et jamais il n’a célébré un quelconque anniversaire du Congrès d’Issy-les-Moulineaux. 
On serait curieux de connaître les raisons qui ont conduit les membres de ce Haut comité qui compte deux spécialistes (et acteurs) de l’histoire de la gauche en général et des socialistes en particulier (Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory) à inscrire cet anniversaire. Pour ne pas ajouter au spleen des socialistes en ne les renvoyant pas l’année prochaine uniquement aux 5 % de Defferre ? Leur rappeler que les partis sont mortels ou, à l’inverse, qu’ils peuvent renaître en deux ans ? Dans le souci d’équilibrer chaque année les anniversaires entre la gauche, la droite, le centre ? 
Certes, bien des dates retenues passent finalement inaperçues dans le flot des commémorations en tout genre. Et on imagine mal que le PS demande à ce que cette commémoration du cinquantenaire de sa création soit retirée des commémorations officielles. Par contre, se manifestera-t-il si le Haut comité ne retient pas en 2021 d’inscrire le 50e anniversaire du congrès d’Épinay dans sa liste ? Tout dépendra sans doute de la manière dont il aura appréhendé, en 2020, le centenaire de la scission de Tours et/ou de la naissance du Parti Communiste. »
 
Article publié dans le cap Finistère n°1277 du 12 juillet 2019
 



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