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mercredi 25 décembre
Breizh Civic Lab
« Vivre, travailler, décider et s’organiser au pays » est un slogan qui résume assez bien la volonté, de plus en plus partagée, de Bretonnes et de Bretons qui cherchent à inventer une nouvelle organisation démocratique de notre région, permettant de mieux prendre en compte ses spécificités. C’est l’objectif du Breizh Civic Lab, () présidé par Stéphane Péan.
 
 
Cap Finistère : Quand on voit Breizh Civic Lab on se doute que ça concerne la Bretagne, la politique et que c’est innovant. Mais pouvez-vous nous en dire plus ?
Stéphane Péan : Au départ, il y a plus de 10 ans, j’ai créé le réseau BZH network . Les premiers échanges ont tout d’abord eu lieu sur Viaduc, l’ancêtre de Viadéo. Puis, Facebook est arrivé et les supports d’échanges se sont diversifiés …BZH Network a été la première initiative à consolider la conscience collective bretonne à l’échelle planétaire en utilisant les nouveaux outils réseaux du Web 2.0 avec la volonté de bâtir « l’intelligence collective bretonne en réseau ».
Cette initiative a permis de relancer et de dynamiser la diaspora bretonne dont les organisations étaient vieillissantes. New-York en a été le meilleur exemple et le Japon s’est imposé dans le décor, suivi par d’autres associations locales dans tous les pays pour organiser tout d’abord la Saint-Patrick irlandaise, puis la Fête de la Bretagne appuyée par la Région Bretagne sur tous les continents.
Nous avons également été très actifs dans les réseaux professionnels puis économiques afin de promouvoir la Bretagne à l’international. Nous parlons bien sûr de la Bretagne historique et vivante, constituée de ses 5 départements, incluant la Loire-Atlantique.
La dimension politique est arrivée progressivement et naturellement. Elle s’est imposée avec le lancement de l’European Democracy Lab courant 2018, dont j’ai eu l’occasion de rencontrer un de leur représentant lors d’un voyage à Berlin. J’ai tout de suite compris qu’il était possible et souhaitable de mettre en place une organisation citoyenne équivalente en Bretagne. C’est ainsi que nous avons déposé les statuts du Breizh Civic Lab.
Cap Finistère : Pourquoi insistez-vous autant sur la dimension urbaine de la Bretagne ?
Stéphane Péan : La République centralisée n’a jamais aidé les villes à s’organiser. Historiquement, les villes bretonnes n’ont pas su garder leurs habitants. Une grande partie de la Bretagne est rurale dans ses paysages, mais ses habitants ont bien des pratiques urbaines. S’ils ne vivent pas dans des villes, ils y travaillent tout en résidant dans des communes éloignées du périurbain ou du rural. Il y a très peu de territoires ruraux complètement autonomes. On peut considérer la Bretagne comme un ensemble de villes interconnectées dont l’influence concerne plus de 70% de la population. C’est pourquoi il faut prendre de la hauteur et ne pas se restreindre aux limites administratives qui ne correspondent pas aux bassins de vie. En ce sens nous nous démarquons d’un certain discours conventionnel, souvent issu du mouvement breton, et qui a tendance à survaloriser les petites villes et à refuser la métropolisation. Nous ne pensons pas que la Bretagne est en train de disparaitre. D’ailleurs, nous défendons davantage une Bretagne civique qu’une Bretagne culturelle, avec une vision républicaine et non communautaire.
Nous allons nous atteler à rédiger et publier des notes de synthèse partant de la réalité bretonne car trop souvent, les débats sont monopolisés par des intellectuels qui ont tendance à généraliser leur discours en simplifiant la réalité française. Leurs grilles de lecture ne correspondent pas toujours à celle de la Bretagne et de ses enjeux.
 
Cap Finistère : Quels seraient les contours et les compétences de l’Assemblée de Bretagne que vous appelez de vos vœux ?
Stéphane Péan : Répondre maintenant à cette question n’a pas de sens dans la mesure, où, justement, nous voulons donner la parole aux citoyens et partir de leurs attentes. Ce ne sera pas une couche de plus au « 1000 feuilles » territorial. Nous faisons table rase des départements et des régions concernées et on reconstruit à l’échelle de la Bretagne historique des institutions qui permettent de répondre à nos propres problématiques. Est-ce que ça sera sur la base de pays ? Quelle sera la place des métropoles ? Et surtout quels pouvoirs portera-t-elle ? Nous n’avons pas aujourd’hui de réponses tranchées à ces questions qui seront soumises au débat.
 
Cap Finistère : Quels sont vos projets, à court et moyen terme ? 
Stéphane Péan : Nous pensons qu’il faut un vrai mouvement citoyen pour porter cette vision et créer un rapport de force afin de faire bouger les lignes. Nous cherchons des fonds et des partenaires pour organiser un débat citoyen à l’échelle de la région qui permettra l’émergence de ces revendications et la construction d’un projet cohérent. J’en reviens à ce que j’expliquais au début de notre entretien, les innovations en matière de réflexion collective permettent de faire émerger l’intérêt général mais demandent avant tout de faire appel à des professionnels qui maitrisent la méthodologie. 
 
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