Point fort du programme municipal, la COP de Brest métropole s’est ouverte le 7 novembre, dans l’auditorium des Capucins, symbole de la reconversion de friches industrielles, en plein cœur de la ville, pour éviter de consommer du foncier en périphérie. « Pendant deux semaines, 60 événements ont été organisés pour apprendre, pour débattre, pour s’engager et dessiner, ensemble, le futur de notre territoire », a résumé François Cuillandre, en préambule de cette quinzaine consacrée à la lutte contre le réchauffement climatique.
Penser global, agir local
« L’objectif est de réfléchir ensemble aux défis auxquels nous sommes confrontés et la manière dont nous pouvons y répondre, selon le principe penser global, agir local. »
« Je tiens à souligner la dimension sociale et solidaire de nos actions », a insisté François Cuillandre. « Nous savons que le changement climatique affectera, en premier lieu, les personnes les plus vulnérables et continuera à creuser les inégalités. Nous savons aussi qu’une transition à marche forcée, qui négligerait les questions sociales, est vouée à l’échec. C’est pourquoi la dimension sociale et solidaire est, à mes yeux, un invariant de nos politiques environnementales. »
C’est ce principe qui guide l’action de Brest métropole lorsqu’elle fait le choix de desservir, avec le réseau de chaleur, des logements sociaux ou des copropriétés dans les quartiers de Bellevue, Quéliverzan ou Recouvrance. Pour les foyers raccordés c’est l’opportunité de bénéficier d’une énergie locale vertueuse pour l’environnement,
à un prix abordable, déconnectée des fluctuations du marché.
C’est encore ce principe de solidarité qui guide les choix pour financer l’exploitation du réseau de transport en commun et son développement. « Nous considérons que ceux qui ont les moyens doivent contribuer d’avantage que ceux qui ont des moyens réduits », a rappelé le président de Brest métropole, précisant que 30 % des voyages, en bus, en tramway ou en téléphérique sont effectués à des tarifs solidaires.
Ce principe de solidarité s’exprime aussi avec les territoires voisins du pays de Brest. C’est notamment le cas sur des questions nouvelles, dans le Finistère, d’accès à la ressource en eau. « Dans un contexte de sécheresse inédit, notre opérateur Eau du Ponant est venu en aide à plusieurs territoires voisins pour sécuriser leur accès à l’eau », a insisté François Cuillandre.
Mais l’impact des actions de la seule métropole est limité. Les réponses doivent être collectives et la bataille doit se mener à tous les niveaux : à celui des États, comme avec la COP 27, au niveau national aussi, car l’État dispose encore de nombreux leviers et enfin au niveau local aussi et c’est tout l’esprit de la COP Brest métropole qui vise à rassembler tous les acteurs du territoire.
Cette COP brestoise a commencé́ par une table ronde à laquelle participaient Anne Bringault, coordinatrice des programmes du Réseau Action Climat qui regroupe 27 ONG, Andreas Wolter, adjoint au maire de Cologne, président du réseau Climate Alliance et Glen Dissaux, vice-président de Brest métropole en charge du plan climat, de la COP locale et de l’agenda 2030.
Pourquoi organiser une COP alors que la plupart des observateurs s’accordent à considérer qu’elles n’ont pas permis d’engager les mesures nécessaires pour affronter la transition écologique ? Pour Glen Dissaux, « une COP locale est effectivement un objet un peu étonnant. On voulait avoir un temps fort de mobilisation autour du climat et profiter un peu de la COP internationale en Égypte, de cette grande fenêtre médiatique pour parler très concrètement de ces sujets ».
« Une transition à marche forcée, qui négligerait les questions sociales, est vouée à l’échec. »
Celle de Brest s’inscrit dans un contexte traumatisant, à la sortie d’un été caniculaire, d’incendies dans les Monts d’Arrée, pendant une crise énergétique avec des problèmes d’approvisionnement et de coût des factures énergétiques. « On avait eu le nez creux », souligne le vice-président. « Cette COP était prévue dans le programme des Municipales et on l’a voulu comme un temps le plus concret possible pour faire écho aux déceptions et à ce que n’ont pas su apporter les grandes COPS internationales de négociation entre les gouvernements. » On s’est dit qu’on allait d’abord valoriser ce qui se fait de vertueux sur notre territoire parce qu’on ne part pas de zéro ici. On veut s’appuyer sur des politiques engagées depuis longtemps et organiser un temps pour susciter les engagements des uns et des autres.
« Cette COP se veut aussi temps de débats et d’échanges, un moment de partage des connaissances. Il y a maintenant un consensus scientifique et une vraie prise de conscience de plus en plus large des enjeux climatiques. Il reste encore à la partager et faire le lien entre le local et le global. »
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