Quand les oppositions s’agitent, la majorité régionale agit. D’ailleurs entre toutes les composantesde l’opposition régionale, il est assez difficile de s’y retrouver, d’autant que pour exister chacun tente, comme il le peut, d’attirer l’attention comme on a pu s’en rendre compte à l’occasion de la dernière session les 15 et 16 octobre derniers.
Mais ces agitations préélectorales ne doivent pas faire dévier la
majorité régionale de son cap : aller à l’essentiel pour préparer l’avenir de la Bretagne.
Et aujourd’hui, l’essentiel, c’est de sauver la Brittany Ferries. « Cette entreprise fait partie de notre patrimoine commun », a rappelé Loïg Chesnais-Girard. « Elle incarne une part de l’histoire agricole de la Bretagne et a vu passer des générations de marins français, souvent bretons, qui font de
cette entreprise un symbole, mais aussi une force pour demain. »
L’héritage de cette histoire se lit dans la présence des régions Bretagne et Normandie dans la propriété des navires.
« La majorité garde son cap : préparer l’avenir de la Bretagne. »
La contribution des deux régions vise à éviter le pire et à très vite retrouver le meilleur. Ce sont donc 85 millions d’euros qui s’ajouteront au soutien de l’État et à l’effort de l’ensemble des créanciers.
Pour la Bretagne, c’est 30 millions pour cette session, dont 15 millions versés d’ici la fin de l’année.
La Région Bretagne va également aider Diwan, à passer le cap de cette crise. « Nous devons poursuivre la bataille pour que le forfait scolaire soit mis en œuvre, tel que je l’avais négocié avec Édouard Philippe, premier ministre, et tel que les élus bretons l’avaient validé », a rappelé le président du Conseil régional.
Concernant le dossier sur les filières halieutiques, il est l’occasion de redire toute l’importance de cette filière pour notre économie, pour l’aménagement du territoire, pour le plaisir et la qualité dans nos assiettes et pour notre fierté.
Cette session s’est tenu alors que les négociations sur le Brexit se trouvent dans l’impasse et le no deal devient de plus en plus probable. « Tout le monde doit bien en prendre conscience, nous allons changer de monde, la Bretagne sera une frontière et nous devons y perdre le moins possible... », a prévenu Loïg Chesnais-Girard, qui vient de prendre la présidence du groupe de contact entre régions européennes et britanniques. « Sur ce sujet, c’est par la cohérence et l’unicité de nos prises de position que nous serons entendus. »
L’essentiel c’est enfin le déploiement de la fibre que le Covid ne ralentira pas. « Notre objectif de 2026 reste le même. La crise sanitaire a démontré que la fibre est la bonne réponse pour se connecter à internet. Aucune autre technologie ne peut garantir son débit. Nous avons eu raison d’engager le fibrage de toute la région et de le faire à égalité entre les villes et les campagnes », a rappelé le président du Conseil régional.
Brittany Ferries : il y a urgence
À l’occasion de cette session, Gwenegan Bui a appelé l’État à intervenir rapidement et massivement pour sauver la Brittany Ferries. « L’Angleterre, Covid ou pas, restera toujours une île. Et les Anglais y habiteront toujours. Ils sont 66 millions ! Les échanges humains et
commerciaux entre les deux rives de la Manche se relèveront du Brexit comme de cette épidémie. Et il faudra toujours des bateaux pour transporter voyageurs, voitures et remorques. C’est un fait têtu. Si la BAI disparaît, ce qui est possible. Il y viendra à sa place une autre compagnie. Là aussi c’est sûr !
Mais le pavillon français, ce sera fini. Les 2 500 familles de marins français, fini aussi. La desserte des ports de Roscoff et de Saint- Malo, suivront, car la ligne courte, et donc plus rentable, passe par la Normandie, pas par la Bretagne.
Quand s’est noué le partenariat entre la BAI et la Région Bretagne, en 1982, ce ne fut pas simplement une rencontre entre Louis
Le Pensec et Alexis Gourvennec ou une vocation uniquement économique. L’idée était de renforcer et protéger les infrastructures qu’incarnaient les lignes maritimes. Elles s’intégraient et s’intègrent toujours dans la stratégie de désenclavement de notre région.
Les régions Bretagne et Normandie ont pris leurs responsabilités et leurs risques : 85 millions d’euros à elle deux ! Nous sommes allés au bout ! Mais maintenant, nous attendons le gouvernement. Il y a urgence ! À ce titre, la saisine du CIRI (Comité Interministériel de Restructuration Industrielle) par le ministre Le Maire n’était pas une bonne idée. Car cela allonge les délais inutilement.
Pourtant, nous savons bien quel est le besoin de financement de l’État :un apport de plus de 115 millions d’euros d’État sur cinq ans. Oui cela fait beaucoup d’argent. C’est colossal. Nous le savons.
Oui c’est risqué. Nous le savons aussi.
Mais si le gouvernement ne prend pas cette décision rapidement, il accentuera les difficultés et poussera la compagnie dans le fossé.
Article publié dans le Cap Finistère n°1329 du 23 octobre 2020
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