C’est peu dire que le reportage « Bretagne, une terre sacrifiée ? » diffusé sur France 5 a fait du bruit dans les campagnes.
Sur sa page Facebook, Jean-Michel Le Boulanger, vice-président du Conseil régional à la Culture a pris le temps de rétablir un certain nombre de vérités. En effet, le parti pris de la réalisatrice est clair : remettre en cause le modèle « productiviste » qui a prévalu, durant de longues années, en Bretagne. Cependant, l’argumentation aurait été plus crédible si plusieurs mensonges, directs ou par omission, n’émaillaient ce reportage.
Jean-Michel Le Boulanger en a repéré au moins cinq. « Le Plan volaille de la Région Bretagne s’élèverait à 25 millions d’euros. Non, soyons précis, 5 millions ont été provisionnés et 2,4 millions vont être consommés à la fin de ce Plan volaille, début 2021. 2,4 millions, ce n’est pas 25 millions », précise-t-il.
Contrairement à ce qui a été annoncé, la surface globale des poulaillers n’augmente pas. Alors qu’elle avoisinait les 6 millions de m2 en 2000, elle est aujourd’hui de
3,6 millions soit une baisse de 40% en vingt ans. En outre, le Plan volaille de la Région ne sert qu’à remplacer des poulaillers, pas à en ajouter.
Et la Région Bretagne n’a jamais été au capital de Triskalia.
Voilà pour les erreurs. Restent les omissions. Le reportage met en avant des exploitations qui sont passées au bio. « Pourquoi ne pas dire que cette conversion a été très fortement aidée par la Région ? Pourquoi ne pas dire que la Région Bretagne est aujourd’hui la première région européenne pour
les mesures agro-environnementales et climatiques dans l’agriculture ? 5 500 exploitations ont été aidées par la Région. 5 500 ! Parmi elles, 3 350 fermes sont en bio. Ce n’est pas rien. Pourquoi ne pas dire que la Région Bretagne a décidé, en 2017, de poursuivre l’aide au bio (hors conversion), alors que l’État l’arrêtait ? », demande-t-il.
« L’autre omission majeure concerne la qualité des eaux », dénonce Jean-Michel Le Boulanger. « Avant 2010 on mesurait plus de 50 mg de nitrates par litre dans les cours d’eau bretons. Un drame progressivement
vécu depuis les années 60... Et la Région, comme beaucoup d’autres, était alors engagée dans des contentieux européens frappant toute région aux taux supérieurs à 50mg/l. Aujourd’hui, nous sommes entre 25 et 30 mg/l en moyenne. Et la Bretagne est la première région en Europe à sortir de ces contentieux “nitrates”. »
Il y a matière pour un second documentaire, Bretagne, une terre reconquise pour mettre en avant les développements heureux de l’agro-écologie…
Article publié dans le Cap Finistère n°1334 du 4 décembre 2020
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