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mercredi 25 décembre
Cahiers de doléances
Le mouvement des gilets jaunes a laissé apparaître un immense besoin de dialogue au sein de la société. La hausse du prix des carburants a déclenché le conflit. Mais, cette augmentation, sous couvert de transition énergétique, n’est que la partie émergée de l’iceberg. 
Les élu.es socialistes, en ouvrant leurs mairies, à Quimperlé, Riec-sur-Bélon, Clohars-Carnoët ou au Relecq- Kerhuon, ou en allant à la rencontre de délégations de gilets jaunes ont bien ressenti ce besoin d’exprimer un ras-le-bol et de revendiquer des mesures fortes en matière de justice fiscale et d’augmentation du pouvoir d’achat. 
Tous les élu.es sont unanimes : ces rencontres se sont déroulées dans un climat serein et apaisé, loin de l’image d’« excités » que certains veulent accoler à ce mouvement. 
L’ouverture des mairies correspondait à une véritable attente des Français, gilets jaunes ou pas. « Les membres de la délégation que j’ai rencontré, ont, je crois, apprécié ce moment d’échange », estime Bernadette Abiven, première adjointe au maire de Brest qui a reçu une délagation de gilets jaunes. Ce groupe de 17 personnes, 10 femmes et 7 hommes, faisait partie du groupe de gilets jaunes installé au rond-point de Pen ar Ch’leuz, à l’entrée de Brest. Pendant une heure, la discussion, a porté sur les difficultés de la vie quotidienne, en particulier pour les familles monoparentales. 
À Quimperlé aussi, Michaël Quernez a rencontré une délégation du groupe qui occupe le rond-point de Kervidanou. « Cette rencontre s’est déroulée à leur demande. J’y ai bien sûr répondu favorablement. Nous avons évoqué l’organisation des manifestations et la mise à disposition d’une salle », explique le maire de Quimperlé. « Sur le fond, j’ai ressenti, plutôt qu’un ras-le-bol fiscal, une réelle demande de justice fiscale. Ici, les gilets jaunes ont bien conscience des inégalités territoriales et de l’importance des services publics. » 
« À la mairie du Relecq-Kerhuon, plusieurs personnes sont passées samedi matin. Dès 9 h 00, elles ont déposé des contributions qu’elles avaient déjà écrites », témoigne Johann Richard, adjoint au maire. « Au cours des discussions qui se sont engagées nous avons perçu le ras-le-bol de citoyens qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois comme cet homme qui travaille dans la restauration mais qui est obligé, en plus, de distribuer des prospectus pour s’en sortir. » 
Pour l’adjoint au maire du Relecq- Kerhuon : « Plus profondément, on a senti une colère de la part de ceux qui se sentent stigmatisés parce qu’ils roulent avec de vieux diesel ». 
« Aucun rond-point n’est occupé à Clohars-Carnoët et pourtant, sur près d’un quart des tableaux de bord des voitures de la commune, on peut voir un gilet jaune. Cette manière de montrer son soutien à ce mouvement, silencieusement, m’a poussé à ouvrir les portes de la mairie et à y recueillir les doléances de la population. » 
Que contiennent les Cahiers de doléances ? Déjà, dans la plupart des cas, les revendications sont écrites à l’avance. Il ne s’agit pas de « coups de gueule » spontanés mais bien de réflexions qu’il faut prendre le temps de lire et d’analyser afin d’y apporter des réponses. 
La question du pouvoir d’achat et de la vie chère est au coeur des messages inscrits dans les Cahiers de doléances. 
Mais, si la question du prix des carburants a été le déclencheur de ce mouvement, bien d’autres enjeux apparaissent maintenant. « Ici, deux personnes ont mis en avant les conditions de vie dans les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Elles se font les porte-paroles de leurs parents et dénoncent le manque de personnel dans les établissements. » 
« J’ai vu, dans les doléances, une grande défiance vis-à-vis de l’État appelé à réduire son train de vie », constate Jacques Juloux, maire de Clohars-Carnoët. « Il y a aussi une méconnaissance des rouages institutionnels et une très forte défiance vis-à-vis de l’État. » 
Sébastien Miossec, maire de Riec-sur-Bélon, ressent aussi cette attente d’un changement institutionnel. « Pour ma part, je crois sincèrement qu’il faut refondre notre République. Pas pour sortir de la République, c’est un bien trop précieux. Mais pour la renouveler, l’aérer, lui redonner force et légitimité », a-t-il écrit sur sa page Facebook. « Le temps d’un président tout puissant issu du suffrage universel direct et duquel la majorité parlementaire est quasi automatiquement issue est révolu. L’hypercentralisme qu’on qualifie souvent de parisien et de technocratique est devenu un problème central. Il nuit à la lisibilité démocratique, qui est indispensable, et à l’efficacité de l’action publique. 
Quelle que soit l’issue de ce mouvement, les élu.es socialistes doivent retrouver les moyens de renouer le dialogue, et pas seulement en période de crise. En ouvrant plus souvent les mairies ? En prolongeant le système des Cahiers de doléances ? 
Lorsque le lien de confiance entre les citoyens et l’État est rompu c’est aux élus locaux qu’il revient de le retisser.
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1251 du 14 décembre 2018
 



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