Circulez, y’a rien à voir !
« Il y a pire que de ne pas faire, c’est de faire semblant ». Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, a bien résumé, à la Tribune de l’Assemblée, le double jeu de la majorité parlementaire qui tient un discours d’ouverture mais n’écoute qu’elle-même.
Les député.es du groupe socialiste avaient annoncé la couleur dès le début de la législature : ils et elles constitueront une force de propositions et leur opposition sera constructive. Alliant le geste à la parole, le groupe socialiste a déposé cinq propositions de loi le 31 janvier. Pas pour faire le buzz ou créer des polémiques inutiles, mais bien pour améliorer la vie des Français.
Il suffit de regarder les titres et lire les exposés des motifs des textes proposés pour le constater : il s’agissait de lutter contre la pauvreté avec un revenu de base, de lutter contre les déserts médicaux, de faciliter la rentrée scolaire des enfants en situation de handicap ou d’indemniser les victimes de pesticides, en métropole comme en Outre-mer
« Ces propositions devraient tous nous unir », a insisté Boris Vallaud. Pourtant, le gouvernement et sa majorité ont préféré vider ces propositions de leur substance ou, plus radicalement, de ne même pas les étudier, comme celle qui visait à expérimenter le revenu de base. Le Finistère devait être un territoire d’expérimentation et regrette que le débat n’ait même pas eu lieu. Pourtant, le gouvernement avait annoncé vouloir promouvoir les expérimentations. Mais la majorité LREM a rejeté le débat avant même qu’il puisse s’amorcer, en votant une motion de rejet.
« On n’est même pas dans un débat sur le verre qui serait à moitié plein ou à moitié vide », a commenté Guillaume Garot, puisque le verre est quasiment vide.
Depuis des années, patients et élus locaux tirent la sonnette d’alarme par rapport aux déserts médicaux qui se développent, alors que dans le même temps la concentration des professionnels de santé dans certaines zones s’accroît.
Les socialistes ont pris cette question à bras le corps et ont avancé des propositions. Ils voulaient passer de la logique incitative à une forme de régulation, à l’image de ce qui existe déjà pour les pharmaciens. Ils voulaient créer un dispositif de régulation de l’installation des médecins afin de ne pas densifier davantage des zones déjà suffisamment pourvues. Mais, en parallèle, ils concentraient les moyens financiers sur les projets de santé permettant d’améliorer l’attractivité des territoires.
« Alors que la majorité veut un Grand Débat avec les Français, elle s’est contentée d’un petit débat. Certes avec des avancées. Mais de petites avancées. Nous craignons donc que les espoirs et les attentes que le gouvernement a fait naître auprès des Français avec son Grand Débat ne soient déçus. Et en politique, il n’est rien de pire que des espoirs déçus », ont déploré les député.es socialistes à l’issue de ce triste jeudi 31 janvier.
Article publié dans le Cap Finistère n°1257 du 8 février 2019