Le projet de loi Climat et résilience devait être le grand projet de loi du quinquennat en matière de lutte contre le réchauffement climatique. « Manque de lisibilité, de cohérence, d’accompagnement social : la grande transition climatique à réaliser nécessite plus de justice, condition sine qua non pour évoluer vers une société moins carbonée », a insisté Gérard Leseul, au nom du groupe socialiste.
Nous n’avons pas de plateforme de recharge
Les conséquences du réchauffement climatique seront pourtant parfaitement prévisibles.
Les flux humains vont évidemment s’intensifier avec un nombre croissant de réfugiés climatiques. « Alors que nous ne sommes déjà pas capables, aujourd’hui, d’accueillir dignement de nombreux exilés, notre pays se donnera-t-il les moyens de pouvoir tendre la main demain ? », a demandé Gérard Leseul.
Tous les sinistres climatiques
auront non seulement un coût humain considérable, mais également un coût économique énorme. La Fédération Bancaire Française (FBF) et la Fédération Française de l’Assurance (FFA), tentent d’en faire le chiffrage : la Fédération Française de l’Assurance l’estime à près de 100 milliards d’euros entre 2014 et 2039, soit une augmentation de 90 % par rapport à la période 1988-2013. Ce coût pourrait être plus élevé encore si des mesures de prévention des catastrophes ne sont pas mises en place.
« Les conséquences du réchauffement climatique seront pourtant parfaitement prévisibles. »
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a tiré la sonnette d’alarme : « Alors qu’il faudrait tripler le rythme annuel de réduction des émissions et les diviser par six d’ici 2050, les mesures apparaissent souvent limitées, différées ou soumises à des conditions telles que leur mise en œuvre à terme rapproché est incertaine ».
Le Haut conseil pour le climat a quant à lui évoqué des périmètres d’application trop restreints et des délais d’exécution trop longs, tout comme les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat, qui ont montré leur déception en délivrant au projet de loi la note de 2,5 sur 10.
Enfin, les différentes organisations non gouvernementales – ONG – et les citoyens se sont mobilisés, le 28 mars, pour exprimer leurs attentes, mais aussi leur mécontentement sur le texte proposé.
Et pourtant, la majorité présidentielle persiste à vanter les « grandes ambitions » de son texte. Pire, par le jeu des irrecevabilités, vous n’ayez malheureusement pas entendu nos propositions en commission spéciale. « Pourtant, nous en avions formulé de nombreuses, que ce soit en matière de transport ferroviaire, de fret fluvial, de sobriété numérique, de gestion forestière ou de gaspillage alimentaire », a rappelé Gérard Leseul.
Les propositions sont sur la table : un accompagnement social digne de ce nom, une véritable obligation de rénovation globale des logements, l’instauration d’un prêt à taux zéro couplé à un reste à charge nul pour l’achat d’un véhicule peu émetteur de gaz à effet de serre, l’application d’une TVA réduite pour les produits locaux et les transports en commun...
Affichage social
À une voix près, le gouvernement et la majorité présidentielle ont rejeté l’amendement présenté par le groupe socialiste qui visait à ajouter un « Affichage social » ! L’objectif était d’informer aussi les citoyens sur le respect de critères sociaux (travail des enfants, esclavage moderne).
L’effondrement du Rana Plaza, une usine textile au Bangladesh le 24 avril 2013 avait entraîné la mort de 1 135 personnes. Cette catastrophe avait ému le monde entier. Le grand public avait alors pris conscience des conditions sociales scandaleuses dans lesquelles pouvaient être fabriqués ses vêtements. L’affichage social était destiné à éviter de nouveaux drames.
Selon l’Institut Français de la Mode (IFM), en 2019, seules 8% des marques de mode avaient placé le développement durable au cœur de leur stratégie. Selon cette même étude de l’IFM, dévoilée
le 17 novembre dernier, 81 % des consommateurs déclarent ne pas avoir accès aux informations sur la durabilité des produits de mode.
Or, la mode est l’une des industries les plus polluantes. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur sont notamment liées à la production des textiles. En effet, la fabrication de coton, de matières synthétiques artificielles et naturelles produit à elle seule 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre. Au-delà de la question des émissions, rappelons qu’un rapport des Nations unies estime qu’il faut 7 500 litres d’eau pour fabriquer un seul jean.
« Ce vote met à mal près de sept ans de travail », a dénoncé Dominique Potier : « l’Organisation Internationale du Travail, (OIT) les syndicats européens, l’ADEME, tous ceux avec qui nous avons travaillé nous disent que c’est mûr », a pourtant insisté le député socialiste qui défendait cet amendement. « Il s’agit de dire il n’y a plus de travail des enfants, il n’y a plus d’esclavage moderne au bout de ce pull, au bout de cette veste, au bout de ce jean, il n’y a pas d’indignité, il y a simplement des ouvriers qui sont payés et des enfants qui vont à l’école. »
Partager |