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mercredi 25 décembre
Comment accélérer les transitions ?
 
Pourquoi procrastinons-nous alors que même les scénarios les plus optimistes nous indiquent que les conséquences du réchauffement climatique seront terribles et les plus pessimistes qu’elles seront catastrophiques ? Tel été l’objet d’une table ronde animée à Blois à l’occasion du rendez-vous de la Gauche d’Après, à laquelle
participaient notamment Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, et Tristan Foveau, vice-président de Brest métropole.
Pourquoi les transitions ne s’engagent pas aussi rapidement ? Pour le maire de Rouen, il convient d’abord de vérifier si la volonté d’engager les
transitions est vraiment partagée. Car, si l’urgence écologique est indéniable, elle ne peut occulter les urgences économiques et sociales. On constate une vraie tension entre la volonté de modifier nos modes de productions ou nos habitudes de consommations et les résistances au changement.
Pour Tristan Foveau, vice-président de Brest métropole, les villes ont une responsabilité écrasante : alors qu’elles ne représentent que 2 % du territoire mondial, elles sont à l’origine de 80 % des émissions de gaz a effet de serre et de
73 % de la consommation énergétique.
Les élu.es des villes ont donc une responsabilité particulière dans la mise
en oeuvre de la transition écologique mais, il serait présomptueux de leur
part, d’imaginer qu’ils pourraient à eux seuls réduire les émissions de gaz à effet de serre. Même s’ils doivent montrer l’exemple.
 
« Pourquoi procrastinons-nous ? »
 
Les élus doivent donc entraîner, rassembler et pour se faire, mettre en place, à l’échelon de leur territoire, des COP (Conférences des parties) locales réunissant l’ensemble des acteurs concernés (élus, mais aussi entreprises, syndicats ou associations).
Pour Tristan Foveau, quatre conditions sont nécessaires pour le succès des COP locales‑ : d’abord, elles doivent être pérennisées dans le temps et être régulièrement évaluées. Ensuite, les élus doivent accepter de partager le leadersphip. Les participants doivent se concentrer sur des mesures précises et enfin, le maximum de publicité doit être accordé à ses débats. « C’est de cette manière que les élus de gauche deviendront des hussards de la transition énergétique », a-t-il résumé.
Ces propositions sont partagées par le maire de Rouen qui ajoute que les élu.es doivent aussi porter une vision à long terme. « On peut réclamer la fermeture de toutes les usines chimiques ou les raffineries de la vallée de la Seine mais que propose-t-on aux salariés qui y travaillent ? » Les élu.es doivent aussi résister et refuser les solutions de facilité.
Pour construire une zone d’activité de 600 hectares, il est plus simple, plus rapide et moins coûteux de déboiser que de reconvertir des friches industrielles qui doivent au préalable être dépolluées. 
« Et pourtant, c’est bien cette seconde solution qu’il faut privilégier. »
Pendant la campagne des Municipales, une centaine de candidat.es avaient signé, dans Libération, une Tribune demandant la création de COP locales.
Aujourd’hui, il est temps d’agir et de les réunir pour passer de la théorie à la pratique et engager tous ensemble les transitions écologiques
 
De l’assiette à la planète
 
 
Dans le domaine de l’agriculture aussi les forces d’inertie sont extrêmement fortes.
Scientifiquement, nous savons que l’agriculture mondiale peut nourrir 10 milliards de personnes. Et pourtant. 800‑ millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le monde. Et dans le même temps, les maladies liées à l’obésité progressent. Le modèle agricole est en partie responsable de l’effet de serre ou de l’érosion de la biodiversité, a expliqué Patrick Caron, de l’INRA, dans l’atelier animé par Dominique Potier, secrétaire national aux Ruralités et à l’Agriculture.
Au XXe siècle, il a fallu nourrir la population qui est passée de 2 à 7 milliards d’individus. Mais ce défi a été relevé et aujourd’hui, il est urgent de réorienter le modèle pour en expurger tous les effets négatifs que sont la déforestation, l’érosion des sols, les gaspillages, la perte de la biodiversité.
Pour y parvenir, il faut éviter les débats stériles et caricaturaux qui opposent les « bobos urbains » aux « pollueurs ruraux ».
« Il faut faire attention aux injonctions alimentaires », a expliqué Magali Ramel d’ATD. « Les plus pauvres ne peuvent pas respecter les
préconisations de l’OMS et ils se sentent dévalorisés et stigmatisés parce qu’ils n’ont pas les moyens de bien se nourrir ».
Il est donc nécessaire de laisser se développer les initiatives locales, les circuits courts. Mais il faut aussi intervenir au plan macroéconomique. « Nous devons nous demander à qui profite le crime et on arrive rapidement à la conclusion que les grands vainqueurs du système actuel sont les grandes multinationales de la chimie et de l’agroalimentaire », a souligné l’eurodéputé Éric Andrieu. « La commission semble avoir pris conscience du lien qui existe entre alimentation et santé publique », reconnaît-il. « Cependant, la politique agricole commune, (PAC) ne permet pas de répondre aux objectifs du green deal. » C’est pourquoi il faut
poursuivre la bataille contre la renationalisation de la PAC, pour l’écoconditionalité des aides et pour la mise en place d’outils de régulation pour sécuriser les agriculteur
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1323 du 11 septembre 2020
 

 




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