Continuité pédagogique ?
Notre modèle éducatif n’est pas parfait et les inégalités sociales ou culturelles pèsent toujours trop lourd. Mais il faut que l’ensemble des élèves de France se retrouvent confinés chez eux et que leurs parents se transforment en professeurs des écoles, en enseignants de collège ou de lycée, ou les trois à la fois pour les familles nombreuses, pour que tout le monde en prenne vraiment conscience. L ’enjeu est de taille : c’est en fait tout le « marché » de l’Éducation qui est en jeu et, à en juger par la mobilisation des start-up qui « offrent » des soutiens aux parents, il doit être particulièrement juteux. « Dans ce contexte forcément angoissant et anxiogène, la fameuse “ continuité pédagogique ” ou “ continuité éducative” martelée par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, relève du leurre et génère dans le même temps une pression inquiétante sur les enseignants, les parents et les élèves. En faisant passer le message selon lequel “ la classe continue”, le ministre fait fi des inégalités criantes face au défi d’une “école à la maison” », a résumé dans une Tribune, publiée le 30 mars dans Libération, le secrétaire national du PS à l’Éducation, Yannick Trigance. « C’est en fait tout le “marché” de l’Éducation qui est en jeu, à en juger par la mobilisation des start-up. » Pour y remédier les collectivités locales de gauche interviennent, dans la mesure de leurs capacités. « La pression, sur les élèves, les parents mais aussi les enseignants est effectivement très forte », confirme Danièle Kha, adjointe au maire de Quimperlé. « Mais les collectivités locales ne peuvent pas s’immiscer dans le fonctionnement de l’Éducation nationale. En revanche, nous avons répondu à la demande de l’État en accueillant les enfants des professionnels de la santé ou de la sécurité. Et, pendant les vacances scolaires, les CLSH (Centre de Loisirs Sans Hébergement) de la communauté de communes prendront le relais. » Pour les collèges, le Conseil départemental a mis à disposition des élèves qui en avaient besoin plus de 110 appareils numériques afin de pouvoir suivre les cours envoyés par les enseignants sur les logiciels de vie scolaire. Car, pendant le confinement, les profs ne se tournent pas les pouces. Aux côtés du ministère de l’Éducation nationale, qui a la main sur les programmes ou les modalités des examens, les collectivités locales jouent un rôle non négligeable pour accompagner les élèves et leurs parents. « Nous pouvons, d’abord, insister auprès des autorités académiques pour qu’elles ne ferment plus de classes », précise Émilie Kuchel, adjointe en charge de l’Éducation à Brest. « Ensuite, sur critères sociaux, nous fournissons des tablettes ou des ordinateurs aux élèves qui en ont besoin. Entre 300 et 400 familles ont été contactées pour vérifier si elles ont besoin d’aide. En cas de demandes, elles sont orientées vers des associations qui peuvent les prendre en charge et leur apporter des conseils pédagogiques ou psychologiques. » Dans la « France d’après », les discours à l’emporte-pièce sur le thème « les profs, ces fainéants qui passent la moitié de leur temps en vacances » ne disparaîtront probablement pas totalement. Mais ils auront certainement tendance à se réduire.
Continuité alimentaire
Pendant le confinement, la ville de Brest distribue des chèques alimentation aux familles dont les enfants bénéficient de repas gratuits ou à tarifs réduits dans les restaurants scolaires. Dans les écoles publiques de la ville, près de 25% des enfants bénéficient de la gratuité dans les cantines. François Cuillandre et les membres du comité de suivi de la crise du Covid-19 ont donc décidé de fournir aux parents de ces enfants une aide exceptionnelle sous forme de chèques alimentation qui ont été distribués dans les boîtes aux lettres des familles concernées. Au total plus de 2200 enfants scolarisés dans les écoles publiques de la ville de Brest sont concernés par cette mesure sur les 6500 qui déjeunent quotidiennement dans les restaurants scolaires. Dans le détail, 1181 enfants, au sein de 774 familles, sont concernés par la gratuité totale. Et 1 036 enfants, au sein de 660 familles, sont concernés par le tarif le plus bas. L’aide versée, pour les six semaines, allant du début du confinement jusqu’à la fin du mois d’avril, correspond, pour les familles bénéficiant de la gratuité totale, à 150 euros par enfant scolarisé. Pour les familles bénéficiant du tarif le plus bas, cela représente un chèque alimentation de 120 euros par enfant scolarisé. Au total, ces chèques alimentation représentent un budget de plus de 300 000 euros pour la ville de Brest, via le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS). Les familles brestoises dont les enfants fréquentent les cantines des écoles maternelles et élémentaires Diwan et privées sous contrat, sont également concernées par ce dispositif sur la base des mêmes quotients familiaux (150 euros ou 120 euros par enfant scolarisé dans ces établissements). L’instruction de cette aide sera faite par le Centre Départemental d’Aide Sociale (CDAS) du CD29.