Comment se fait-il que malgré de multiples lois, l’égalité femmes-hommes ne soit pas encore effective ? Catherine Huon, secrétaire fédérale à l’égalité femmes-hommes a invité le 5 mai Marylise Lebranchu, ancienne garde des sceaux et Clarisse Réalé, conseillère municipale d’opposition à Châteaulin, à en débattre, au local du PS à Brest.
Le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes s’inscrit-il dans un mouvement inéluctable et continue ? Non, a précisé Catherine Huon en préambule. Les travaux historiques montrent que les femmes disposaient de pouvoirs importants dans l’antiquité et même au moyen-âge. Mais à partir de l’époque moderne et jusqu’au 20e siècle la vie des femmes s’est souvent résumé à avoir et élever des enfants. Il fallut attendre la seconde partie du 20e siècle pour conquérir le droit à la contraception et à l’avortement, notamment mais aussi des droits sociaux et politiques, dont celui de pouvoir voter.
Il ne faut pas croire que l’histoire de la lutte pour les droits des femmes ressemble à un long fleuve tranquille. Elle est faite d’avancées et de reculs. On en a la démonstration avec les menaces qui pèsent aujourd’hui aux Etats-Unis avec la remise en cause du droit à l’IVG. Pendant la première guerre mondiale, lorsqu’il a fallu trouver de la main d’œuvre pour les usines d’armement ou dans les services de santé, les pays en guerre ont su aller chercher les femmes mais dès la paix revenue, les elles ont, de nouveau, été cantonnées dans leur foyer.
L’inégalité persistante entre les femmes et les hommes trouve en partie son origine dans l’influence des religions qui ont toujours considéré les femmes comme inférieures aux hommes et qui ont, par conséquent, instauré des sociétés patriarcales. Cette domination masculine se retrouve naturellement dans la sphère économique. Les traditions ont la vie dure et il faut plusieurs générations pour changer des habitudes vielles de plusieurs siècles, en ce qui concerne la répartition des tâches ou l’attribution des rôles dans la société.
Le rôle de l’éducation est essentiel pour réduire le poids des préjugés et casser les stéréotypes de genre qui assignent à chaque genre des rôles bien définis : aux filles les carrières dans le domaine social, aux garçons les métiers techniques ou industriels.
Il s’agit bien d’une bataille culturelle qui passe par la pédagogie pour contrecarrer les discours dominants véhiculés par une certaine forme de rap ou la pornographie.
« Les lois existent mais elle ne suffisent pas »
« Les lois existent mais elles ne suffisent pas » a déploré Marylise Lebranchu. L’égalité femmes/hommes devait être la priorité du 1er quinquennat d’Emmanuel Macron. « Durant ces 5 ans 656 féminicides ont été commis » a rappelé Clarisse Réalé. Faut-il se résigner ? Certainement pas car des solutions existent. Il convient d’abord d’accorder plus de moyens pour l’hébergement des femmes, et des enfants, en danger. Les capacités d’accueil ne sont pas suffisantes. « Pourtant, on sait qu’il faut, très rapidement mettre les victimes de violences conjugales à l’abri » ont insisté des professionnelles de l’action sociales. Dès que des tensions apparaissent, il faut intervenir. D’où une expérimentation qui consiste à proposer aux conjoints violents, dès les premiers signes d’agressivité, des stages pour apprendre à se maitriser.
Ensuite, l’effort de formation des policiers et des gendarmes doit être poursuivi et amplifié. « Savoir recueillir la plainte d’une victime de violences conjugales ne s’improvise pas » a insisté Marylise Lebranchu
L’égalité salariale est inscrite dans la loi. Et pourtant les différences perdurent. L’instauration d’un congés parental, identique et obligatoire pour les deux parents pourrait permettre de limiter l’écart salarial souvent « justifié » par l’interruption des carrières des femmes pour s’occuper de leurs enfants. Cependant, pour Marylise Lebranchu, tant que les salariés, hommes et femmes, n’entreront pas dans les conseils d’administration des entreprises, les choses ne changeront pas, en matière de rémunérations.
Dans le Finistère 21% des maires et 16% des présidents d’EPCI sont des femmes malgré la loi pour la parité qui impose de présenter des listes paritaires. « Même si on pouvait regretter cette mesure, il fallait en passer par la loi » ont insisté de nombreuses participantes. Mais force est de constater que malgré des conseils municipaux paritaires, le partage des responsabilités ne se fait pas encore spontanément. « C’est pour cette raison que je me suis engagée dans le réseau des femmes élues du Finistère qui est rattaché au centre national » a expliqué Clarisse Réalé. « Ce réseau a pour vocation de faciliter l’entraide et les échanges entre les élues, quel que soit leur mandat ».
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