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mercredi 25 décembre
Décentraliser la santé
On peut voir le verre à moitié vide et ne retenir de la première vague de Covid-19 que les hôpitaux du grand Est et de région parisienne débordés, obligés d’exfiltrer certains patients en Bretagne. On peut aussi le voir à moitié plein et se féliciter de l’endiguement de l’épidémie. Cependant, quel que soit le point de vue, des failles sont apparues et doivent être réparées. 
En outre, avant la pandémie, le gouvernement avait prévu de présenter une loi 3D (Décentralisation, Différenciation et Déconcentration). D’où l’importance pour les socialistes de réfléchir collectivement à ce que devrait être une santé décentralisée. 
C’était l’objet de la visio-conférence organisée par le BREIS (voir encadré), le 30 mai dernier, durant laquelle sont intervenus Jean-Jacques Urvoas, Anne-Françoise Courteille, première vice-présidente du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, Fréderic Bourcier, président de la FHF Bretagne (Fédération des Hôpitaux de France) et Stéphane Postollec, secrétaire général CFDT Santé- Sociaux du Finistère. 
« Notre système est territorialisé, mais pas décentralisé », a souligné Jean- Jacques Urvoas rappelant qu’à l’origine, avec la loi Bachelot de 2009, la création des ARS ne visait qu’un objectif : éloigner le plus possible les élu.es des instances de décisions en matière de santé. « En effet, même si Roselyne Bachelot est devenue une icône des plateaux télé pendant le confinement, il ne faut pas oublier qu’en tant que ministre de la Santé, elle a avant tout, cherché à fermer des établissements et supprimer des lits. » En outre, chacun peut constater, alors qu’elles devraient réguler l’offre de soins, que les ARS ne parviennent pas à lutter contre les déserts médicaux. La notion même de liberté d’installation pour les médecins libéraux doit faire l’objet d’une réflexion tout comme l’anticipation des formations. « Parfois les suppressions de services s’expliquent par le manque de professionnels et nous savons que d’ici cinq à dix ans, nous n’aurons pas assez de médecins dans certaines spécialités comme l’anesthésie », a prévenu Stéphane Postollec. 
 
« Notre système de santé n’est pas décentralisé, il est déconcentré. » 
 
Pour vraiment décentraliser le système, l’ancien Garde des Sceaux propose de modifier la gouvernance des ARS afin de donner plus de pouvoir aux élus. « Il faut les sortir de l’orbite nationale en les reconfigurant. Sans les transformer en services régionaux, tout en affirmant un contrôle politique et démocratique, leurs directeurs seraient nommés par les présidents de Régions, après avis de leurs assemblées », propose Jean- Jacques Urvoas. « Le gouvernement conserverait l’élaboration de grandes politiques de santé publique. Le Parlement voterait l’objectif national de dépense de l’assurance maladie et la CNAM élaborerait les règles économiques et financières. » 
D’autres pistes de décentralisations existent. Notamment en renforçant le rôle des GHT (Groupements Hospitaliers Territoriaux) qui, autour d’un établissement, développent une stratégie territoriale. 
La visio-conférence du 30 mai a permis de faire apparaître des convergences autour des enjeux de la santé. Si l’aspect institutionnel et juridique est important, il ne peut à lui seul répondre à la crise de notre système de santé qui doit être pris dans sa globalité, en insistant toujours sur la prévention, en organisant mieux les complémentarités entre l’hôpital public et la médecine de ville et en reconnaissant mieux les usagers. 
À ce débat en visio-conférence, s’ajoutent plusieurs contributions qui ont été adressées au BREIS ou qui vont l’être. 
« Reste maintenant à les synthétiser et à élaborer les propositions des socialistes bretons », a résumé Forough Salami-Dadkhah, lors du bureau du Breis.
 
Article publié dans le Cap Finistère n°1314 du 5 juin 2020
 



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