Des leçons pour l’avenir
Tirer les leçons du passé n’a de sens que si cela permet de mieux comprendre le présent et préparer l’avenir. C’est dans cet esprit qu’a travaillé le secrétaire fédéral au projet et au BREIS, Arnaud Platel. Le document qu’il a élaboré a été transmis aux sections afin qu’elles puissent engager, à leur tour, un débat (voir encadré).
Il n’était pas possible de se contenter d’accorder des bons ou des mauvais points à telle ou telle mesure. La fondation Jean-Jaurès a déjà réalisé ce travail et il apparaît que le bilan est plus positif que certains veulent le faire croire. Il fallait prendre de la hauteur. C’est ce qu’a fait Arnaud Platel en replaçant la présidence de François Hollande dans son contexte historique, électoral et psychologique.
La gauche peut-elle diriger le pays dans le cadre des institutions de la Ve République ? Ou, plus précisément, peut-elle appliquer au pouvoir ce qu’elle promet dans l’opposition ? Jusqu’à quand le PS va-t-il inscrire l’élection des étrangers aux élections municipales dans ses programmes de campagne pour, une fois au pouvoir, ne pas l’appliquer ? Mais cette thèse a donné lieu à un débat institutionnel avec Jean-Jacques Urvoas. Pour l’ancien garde des sceaux, le cadre institutionnel n’empêche pas la gauche de gouverner (voir prochains numéros).
« Il faut replacer le quinquennat de François Hollande dans son contexte. »
Comment la gauche arrive-t-elle au pouvoir ? Dans une liesse populaire, soutenue par des citoyens motivés, prêts à soutenir l’action de la majorité ? Ou alors, les victoires des candidats de gauche ne sont-elles, en réalité que des défaites des candidats de droite ? En 2012, les Français ont-ils voté pour François Hollande et son projet, ou contre Nicolas Sarkozy ? Ce dernier, ne l’oublions pas, avait prévu, s’il était élu, d’organiser dans la foulée deux référendum : l’un sur les étrangers et l’autre sur les chômeurs.
Enfin, dernière question qu’il faut aborder : qu’est-ce que les Français attendent d’un président ? Et comment, dans un contexte de bouleversements mondiaux, peut-il répondre à leurs attentes ?
Pour ce conseil fédéral, les socialistes finistériens ayant exercé une fonction proche du pouvoir ont été invités à donner leurs points de vue sur ces cinq années. Les ministres Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’État, (qui n’a pas pu être présente à Carhaix mais a fait parvenir un texte) et Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois et garde des sceaux et le conseiller de François Hollande, Bernard Poignant ont apporté leurs points de vue (à lire dans les prochaines éditions).
Ce conseil fédéral, qui s’est tenu à Carhaix, ne conclut pas la nécessaire réflexion sur l’exercice du pouvoir par la gauche. Mais il permet de passer à autre chose, d’aller de l’avant et surtout de démontrer que le Parti Socialiste est un parti adulte, capable, après une défaite, de débattre sereinement, de se remettre collectivement en cause sans glisser la poussière sous le tapis, pour préparer l’avenir.
Notre bilan
Tous les socialistes doivent tirer leur bilan du quinquennat de François Hollande. Car il n’y aura pas de texte, de position officielle du PS expliquant ce qu’il faut retenir de notre action au gouvernement entre 2012 et 2017. D’ailleurs, le conseil fédéral qui s’est tenu à Carhaix le 8 décembre n’a pas donné lieu au vote d’un voeu ou d’une motion.
En effet, chacun peut se faire son propre bilan et, en plus, sa perception sera certainement amenée à évoluer en fonction des témoignages qui ne manqueront pas d’être publiés, mais aussi en fonction de la manière dont va se dérouler le quinquennat d’Emmanuel Macron. Selon l’adage « Quand je me regarde je me désole, mais quand je me compare, je me console », l’image que les Français se font du quinquennat de François Hollande ne pourra que s’améliorer.
Claire Thomas et Jean-Yves Carn respectivement secrétaires des sections de Morlaix et de Guilers se sont fait les porte-paroles des adhérents de ces communes. « Pour les adhérents de la section, deux points reviennent nettement. Dans les aspects positifs apparaît massivement le mariage pour tous et dans les aspects négatifs, la loi travail », a résumé Jean-Yves. Le cumul des mandats, depuis si souvent annoncé, a certes été mis en place durant ce quinquennat, mais, trop frileusement, considèrent les adhérents de Guilers.
« À Morlaix, les adhérents ont dénoncé les comportements personnels et l’absence de cohésion au sein de la majorité », a rapporté Claire Thomas. « L’autorité n’a pas été suffisamment incarnée. Il est clairement ressorti des débats que nous avons eu, que l’absence de conditionnalité des aides aux entreprises avait été très mal ressentie par les adhérents et sympathisants socialistes. »
La question du rôle qu’a joué le Parti Socialiste, au sein de la majorité, a également fait l’objet de nombreuses critiques de la part des adhérents.
Article publié dans le Cap Finistère n°1251 du 14 décembre 2018