Encore une fois, les maires sont en première ligne pour organiser la vie de leurs concitoyens durant le confinement.
Les enjeux ne sont pas les mêmes qu’au mois de mars. La question des masques n’est plus prioritaire, même si plusieurs collectivités en ont distribué pour les enfants. Pour ce deuxième confinement, les collectivités n’ont pas commandé ou organisé la fabrication et la distribution de masques.
Les communes disposent des listes des personnes isolées et les CCAS sont particulièrement attentifs.
Sur plusieurs points les leçons du premier confinement ont été tirées. « Heureusement que les assistants familiaux peuvent se rendre chez les personnes âgées », se félicite Laurent Péron, maire du Relecq-Kerhuon. « Au moins, cette fois-ci les visites sont autorisées dans les EHPAD », rajoute son homologue de Plouégat-Guérand, Renaud de Clermont Tonnerre. Mais il demeure toujours un décalage entre les lieux de décisions et l’application des consignes.
Il en ressort des incompréhensions lorsque les élus sont confrontés à des situations kafkaïennes. « Comment comprendre que les restaurants ouvriers ne puissent pas accueillir leurs clients ? », demande Renaud de Clermont Tonnerre. « Au début du deuxième confinement les restos ouvriers pouvaient vendre des paniers repas mais leurs clients devaient aller les manger ailleurs, dehors ou dans leurs bungalows ou leurs camionnettes, selon la météo », explique le maire de Plouégat-Guérand. « On arrivait donc à ce paradoxe que des ouvriers du BTP devaient s’entasser pour être à l’abri. »
« Il faudra que le gouvernement pense, une fois le confinement terminé, à favoriser d’une façon ou d’une autre l’accès aux restaurants pour les salariés », estime le maire de Plounévézel, Stéphane Cotty. « On peut craindre en effet que “ de mauvaises habitudes ” soient prises et que les restaurants ne retrouvent pas tous leurs clients. »
« Il faut dès à présent penser au déconfinement. »
« L’incompréhension et la colère s’expliquent aussi par les efforts consentispardenombreusesprofessions à l’occasion du déconfinement du mois de juin », renchérit Laurent Péron. « Je pense notamment aux coiffeurs qui ont appliqué un protocole sanitaire très strict, qui ont investi dans du matériel ou des produits souvent coûteux. Je n’ai pas entendu parler de contamination dans les salons de coiffure et pourtant, ils doivent rester fermés. On peut citer bien d’autres exemples de situations incohérentes : les agents immobiliers peuvent tout faire, sauf... faire visiter les logements. »
Dès le 31 octobre, les maires socialistes de Brest, Quimper et Morlaix ont alerté les pouvoirs publics concernant les commerces.
« Aujourd’hui notre priorité collective reste la préservation de la santé de toutes et de tous », a rappelé François Cuillandre dans un courrier co-signé par tous les maires de la métropole. « Notre exigence partagée du respect des règles sanitaires est notre force, comme lors du premier confinement. »
Mais cette seconde phase risque d’impacter durablement le commerce local, déjà très fortement touché par la première vague.
Dans une démarche similaire, Isabelle Assih et les élus de Quimper Bretagne Occidentale ont également publié un courrier dans lequel ils indiquent qu’il leur « semble souhaitable d’envisager la réouverture raisonnée des commerces de détail non-alimentaire, notamment des cœurs de villes et centres-bourgs ».
Pour Jean-Paul Vermot, qui a interpellé le sous-préfet de Morlaix, « cette question pose un vrai débat, tant au niveau national qu’au sein de la ville et de l’agglomération. Comment accepter en effet la fermeture des commerces indépendants de villes et de bourgs, face à l’ouverture d’un ensemble de moyennes et grandes surfaces, spécialisées ou non, dont l’offre englobe celle des commerces concernés ? C’est un sentiment d’injustice que nous pouvons partager alors que nos commerçants vendant ces mêmes produits sont fermés ».
Les élus peuvent aussi mettre la capacité de communication de leurs communes au service des commerces locaux afin d’informer au mieux les consommateurs et de les inciter à effectuer leurs achats au plus près de chez eux. La Région Bretagne a réactivé sa plateforme pour que chacun puisse acheter local.
« Il faudra bien, d’une manière ou d’une autre que les grandes surfaces et les GAFA contribuent à aider les commerces de proximité qui n’ont pas pu travailler », estime Stéphane Cotty.
Pour Laurent Péron, il faudra également regarder très attentivement comment accompagner le monde associatif pour qui 2020 sera une année blanche. « C’est toute la dynamique du bénévolat qui risque d’être cassée, sans parler des conséquences sociales pour les associations qui embauchent des salariés. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1331 du 13 novembre 2020
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