Dialogue de sourds
« Il y a une chose que chacun doit avoir en tête : le candidat Macron a été élu et nous allons appliquer son programme ». En débutant de cette manière son intervention devant les élu.es du Finistère, réunis au Carrefour des Communes les 4 et 5 octobre, la secrétaire d’État, Jacqueline Gourault, a clairement planté le décor : le gouvernement fera ce qu’il voudra, même si l’ensemble des élu.es dénoncent la manière dont sont traitées les collectivités locales. Deux personnes, seulement, au premier rang réservé aux députés, ont timidement tenté de faire applaudir cette diatribe. Mais en vain… les élu.es présents sont restés de marbre. En effet, personne n’avait envie d’applaudir la représentante d’un gouvernement qui fait fi de toutes les propositions de leurs associations, annonce des plans nécessitant l’intervention des collectivités sans concertation et refuse d’entendre la colère qui monte. Or, les signaux négatifs se multiplient. En ouverture de ce dernier carrefour, avant les élections municipales de 2020, Michaël Quernez a résumé l’état d’esprit des élus qui ont le sentiment que la décentralisation marque le pas. Le Conseil départemental tente de pallier au désengagement de l’État, notamment en matière d’ingénierie, mais il doit, lui aussi, faire face à de graves difficultés, notamment pour mener à bien sa politique d’action sociale. Pour lutter contre la montée du populisme, Emmanuel Macron peut compter sur les premiers soldats de la République que sont les élu.es, pour qu’il leur redonne confiance. Or, on l’a vu au Carrefour des Communes, la confiance n’est pas encore au rendez-vous. Pire, la défiance progresse. Notamment, à cause de la fin de la taxe d’habitation, qui rompt le lien entre le citoyen et son territoire, qu’a dénoncé François Cuillandre. On ne sait toujours pas par quoi elle sera remplacée et le président de la métropole a émis de sérieux doutes sur le respect de la parole de l’État. Quelle que soit la majorité parlementaire. La baisse drastique du nombre de contrats aidés a également été vivement dénoncée, y compris par le président de l’Association des Maires de France. « Les maires savent que ces contrats constituent bien souvent une bouée de sauvetage pour des personnes éloignées du marché de l’emploi », a insisté François Baroin. Si face à ces enjeux, la seule réponse de la majorité est : on continue parce que nous avons été élus, les relations entre les associations d’élus et le gouvernement ne vont pas se réchauffer.
Article publié dans le Cap Finistère 1242 du 12 octobre 2018