La France place sa jeunesse dans une situation totalement paradoxale : d’un côté, elle l’enjoint de s’émanciper et de se débrouiller toute seule, et de l’autre elle l’enferme dans une forme de précarité, dont elle peine à se dégager. Pour sortir de cette impasse, Boris Vallaud, député
des Landes, et Hervé Saulignac, député de l’Ardèche, ont préparé une proposition de loi intitulée Aide Individuelle à L’Émancipation Solidaire (AILES) http://ailes.eu, qui regrouperait un revenu de base et une dotation universelle, de manière à construire un « minimum jeunesse ».
Le revenu de base vise à verser automatiquement, à partir de 18 ans, un minimum mensuel en lieu et place du RSA et de la prime d’activité, de manière dégressive en fonction des revenus de la personne et sans conditions.
La dotation universelle, quant à elle, vise à créditer, à partir de 18 ans, 5 000 euros sur chaque Compte Personnel d’Activité pour des usages de formation (poursuite ou reprise d’études, formation BAFA), de mobilité (permis de conduire) et d’entrepreneuriat sous toutes ses formes (formation et accompagnement pour la création d’entreprise, de coopérative, de fondation, d’association).
Dans leur première version, les deux députés socialistes proposent de fixer le revenu de base à 564 euros et la dotation universelle à 5000 euros.
Mais un projet aussi ambitieux doit s’élaborer collectivement. C’est pourquoi le Groupe socialistes et apparentés a choisi de s’associer avec la plateforme Parlement et citoyens (https://parlement- et-citoyens.fr/project/ppl-aile-s/). « La majorité pénale est à 16 ans. La majorité politique est à 18 ans. Faut-il repousser
Chacun peut enrichir la proposition
la majorité sociale à 25 ans ? », demande Boris Vallaud. La question mérite d’être posée. Tout comme les montants du revenu de base ou de la dotation, ainsi que leurs modalités d’attribution.
Plusieurs options sont ouvertes et le site permet à chacun de donner son avis avec trois nuances : pour, contre ou mitigé. Mais il permet aussi d’argumenter. Le groupe socialiste propose par exemple d’attribuer 5000 euros à chaque jeune de 18 ans. Mais, certains internautes proposent de doubler cette somme. D’autres préconisent de la moduler en fonction des revenus des parents.
Toutes celles et tous ceux qui veulent améliorer ou enrichir le projet ont jusqu’au 13 décembre 2020 pour le faire. La consultation sera suivie par des engagements concrets du Groupe Socialistes et apparentés. D’abord, inscrire cette proposition de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale de manière à ce qu’elle soit examinée en février 2021. Mais aussi répondre sur la plateforme aux auteurs des 25 propositions les plus soutenues par les participant.e.s. Les dix propositions les plus soutenues seront présentées, sous forme d’amendements, en commission à l’Assemblée nationale.
Il existe un minimum vieillesse. Il y aura demain un minimum jeunesse.
Article publié dans le Cap Finistère n°1331 du 13 novembre 2020
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