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mercredi 25 décembre
Écoutons les chômeurs
 
À la veille de l’entrée en vigueur des nouvelles règles d’indemnisation des chômeurs le 1er novembre, Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) et plusieurs associations (ATD Quart monde et syndicats, mouvement national des chômeurs et précaires) et syndicats (UNSA et CFDT) ont annoncé la mise en place d’une grande consultation des chercheurs d’emploi sur la réforme et ses conséquences. Vincent Godebout, secrétaire général de SNC, nous explique les enjeux de cette consultation. 

 

Cap Finistère : Pourquoi Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) a-t-elle décidé de lancer une consultation sur les effets de la réforme de l’assurance chômage ? 
Vincent Godebout : Il faut revenir à l’origine de SNC. Depuis notre création, il y a plus de 35 ans, nous regrettons que la parole des chercheurs d’emplois, les premiers concernés par la politique de l’emploi, ne soit pas plus entendue. C’est la raison pour laquelle, en 2009, nous avons mis en place un comité de liaison, avec Pôle Emploi. Il nous paraît primordial que les demandeurs d’emploi puissent prendre la parole dans tous les espaces où des décisions sont prises. Nous considérons que toutes les expressions sont dignes d’intérêt et doivent être entendues. 
Nous avons donc mis en place une plateforme numérique afin de mener des enquêtes thématiques. Nous avons ainsi pu interroger les demandeurs d’emploi sur le digital, sur les questions liées à la santé et sur les aspects spécifiques qui concernent les seniors en recherche d’emploi. 
À partir des témoignages et des propositions ainsi recueillis, nous avons pu réaliser des plaidoyers sur ces trois questions et avancer des propositions d’améliorations que nous avons transmis aux pouvoirs publics. 
Cap Finistère : Que craignez-vous particulièrement du nouveau système d’indemnisation ? 
Vincent Godebout : Il nous semble que tout le monde n’a pas encore bien pris la mesure des changements que vont occasionner les nouvelles règles. Commençons par ce qui nous paraît positif : le renforcement des moyens de Pôle Emploi et l’instauration d’un bonus-malus pour les entreprises qui ont trop recours aux contrats courts. Pour l’accès à l’indemnisation des démissionnaires, je préfère attendre de voir concrètement comment vont fonctionner les commissions chargées de donner leur accord. 
Mais ces mesures n’interviendront que dans quelques mois alors que les nouvelles règles, notamment d’ouverture des droits, sont entrées en vigueur dès le 1er novembre. Pour nous, il aurait fallu commencer par recruter les nouveaux conseillers Pôle Emploi et mettre en place le bonus-malus. Car, là, le message adressé à l’opinion publique est « il faut durcir les conditions d’accès et baisser le montant des indemnisations sinon les chercheurs d’emploi se complaisent dans l’inactivité ». Or, nous voyons tous les jours que les demandeurs d’emploi cherchent vraiment du travail. Nous avions constaté que les stéréotypes, qui font passer les chômeurs pour des fainéants, avaient, dans les dernières années, eu tendance à reculer mais, depuis le Grand débat, ils ont malheureusement repris de la vigueur. 
Cap Finistère : Pour vous, c’est par un meilleur accompagnement des chercheurs d’emploi qu’il sera possible de réduire le chômage ? 
Vincent Godebout : C’est effectivement notre vocation. Nous accompagnons chaque année 4 000 personnes. Le pire, lorsqu’on est au chômage, c’est la solitude, l’isolement. Nous avons mis en place des binômes qui rencontrent les demandeurs d’emploi dans des lieux neutres pour les écouter les conseiller et les aider à recréer du lien social. L’expérience nous montre que l’accompagnement est essentiel dans une démarche de retour vers l’emploi. 
Cap Finistère : Quelle forme va prendre votre consultation ? 
Vincent Godebout : Nous avons, avec des sociologues, établi une liste de trente questions. Certaines, de type QCM, appellent des réponses très courtes et factuelles. D’autres, permettent de plus longs développements. Il y aura donc du quantitatif et du qualitatif. 
Nous avons aussi prévu une version papier pour celles et ceux qui sont éloignés du numérique. 
Fin mars, début avril nous effectuerons une première synthèse et nous lancerons une seconde vague de questions. Nous pourrons ainsi avancer des propositions aux partenaires sociaux et aux institutions. Nous avons la volonté de faire évoluer les textes en partant des témoignages et des impacts concrets sur la vie des demandeurs d’emploi.
 
Article publié dans le cap Finistère n°1288 du 15 novembre 2019



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