Nous voulons changer concrètement la vie des gens, nous explique Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix et président de Morlaix Co.
Cap Finistère : Quel bilan tires-tu des Législatives ?
JPV : Il y a plusieurs niveaux de lecture. Pour Morlaix et le Trégor, la Gauche est majoritaire, puisque la NUPES rassemble 54% des voix dans la ville. Mais il y a une partie du Léon dans la circonscription et là on a vu l’électorat traditionnel de Droite se mobiliser pour la députée sortante. Le terme de renaissance, qu’ont adopté les macronistes, est très bien trouvé. Pour qu’il y ait renaissance, il faut qu’il y ait eu un décès constaté. Le ni-Droite/ni-Gauche a vécu et on assiste, aujourd’hui, tout simplement, à la renaissance de la Droite classique, telle qu’on l’a toujours connue dans le Nord-Finistère.
Incontestablement, la majorité municipale sort renforcée. Mais elle préfigurait déjà l’union de la Gauche, puisque s’y côtoient des élus socialistes, communistes de Génération.s et même un Insoumis. Je crois qu’il faut toujours rechercher l’union de la Gauche la plus large possible. Nous avons tous gardé nos spécificités, mais nous avons en commun la même ambition d’exercer le pouvoir pour vraiment améliorer la vie des gens et en priorité celle des plus modestes.
Cap Finistère : C’est précisément pour changer la vie des gens que Morlaix communauté a décidé d’instaurer la gratuité des transports publics.
JPV : Ça s’est fait progressivement. Nous avons d’abord instauré une tarification solidaire. Puis, nous avons, il y a un an, mis en place une navette gratuite à Morlaix. Pendant la crise du Covid nous avions instauré le dispositif « Le samedi c’est gratuit ». Le projet de territoire du pays de Morlaix repose sur deux piliers : la transition écologique et le social. Il est donc rapidement apparu que, si on voulait lier ces deux enjeux, il fallait intervenir sur les transports et réduire leur coût, tant pour les déplacements classiques que scolaires. Pour une famille avec deux enfants ça représente tout de même 342 euros. Je crois qu’avec cette décision nous répondons à la fois aux enjeux sociaux, écologiques mais aussi politiques. Nous apportons une solution et nous montrons que les élus peuvent améliorer très concrètement la vie quotidienne. C’est la meilleure réponse qu’on puisse apporter à ceux qui disent qu’il n’y a pas d’alternative et que voter ne sert à rien.
Cap Finistère : Morlaix accusait un grave retard en matière de démocratie participative.
JPV : On peut même dire qu’on partait pratiquement de zéro. Nous avons co- construit les comités de quartier et leurs périmètres. Nous avions envisagé de les calquer sur les limites des onze bureaux de vote et finalement, plus modestement, nous en avons créé quatre.
Il faut toujours prendre garde, lorsqu’on exerce des responsabilités, à ne pas s’isoler, à ne pas se laisser happer par la technique. Il faut prévoir des temps pour aller à la rencontre des habitants pour les écouter et répondre à leurs attentes, mais aussi pour leur expliquer comment et pourquoi sont prises les décisions.
Cap Finistère : Deux ans après, où en est le dossier Hop !?
JPV : Nous ne sommes pas encore parvenus à retrouver le même niveau d’activité mais nous avons progressé et nous continuons, en lien avec la Région Bretagne, à chercher des partenaires. La partie formation et simulateurs de vols a été reprise par la société Greenfield Aviation Services qui envisage même d’investir dans de nouveaux appareils. Il y a donc actuellement 70 postes sur le site, mais il reste toujours à trouver une solution pour la partie maintenance des appareils. Morlaix communauté y travaille, en lien avec la Région et nous avons bon espoir. La présence du centre de formation pour les mécaniciens aériens est un atout non négligeable.
Cap Finistère : As-tu noté un changement de la politique du Département, depuis le changement de majorité ?
JPV : Une sérieuse inflexion et surtout une complexification. Difficile de s’y retrouver entre les interventions du volet 1, du volet 2 ou du volet 3. Nous nous étions donné la peine, à Morlaix Co de nous mettre d’accord sur des projets et nous ne retrouvons pas notre proposition prise en compte.
Cap Finistère : D’importants investissements, en particulier pour le logement, sont pourtant nécessaires.
JPV : Bien sûr, nous connaissons une tension très forte car nous attirons de nouveaux habitants, dans tout le pays de Morlaix. Nous avons de gros travaux de rénovation, mais aussi de construction, à financer. Nous appartenons à l’espace métropolitain brestois. La ligne TER Brest/Morlaix est la deuxième de Bretagne. Nous allons donc, logiquement, nous tourner vers la SEMPI qui est, à notre avis, l’outil le plus efficace pour porter ces projets.
Article publié dans le Cap Finistère n°1400 du 1er juillet 2022
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