Alors que la campagne pour la Présidentielle commence à peine, l’affaire des sous-marins australiens a au moins le mérite d’obliger
tous les candidats à se positionner sur les questions stratégiques et diplomatiques trop souvent laissées de côté. Quelle doit être la place de la France dans le monde ? Que faisons-nous au sein de l’OTAN ? Comment, enfin, bâtir une défense européenne ?
Une réalité s’impose à nous : l’élection de Jo Biden n’a en rien changé la stratégie des États-
Unis qui considèrent leur rivalité avec la Chine comme prioritaire et qui veulent concentrer leur présence dans le Pacifique.
Pour Gilbert Le Bris, ancien président de la délégation française à Assemblée parlementaire de l’OTAN, la volte-face de l’Australie, est une véritable trahison. « Ce n’est pas du tout fair-play, de la part de ces pays anglo-saxons. »
L’accord entre les États-unis, l’Australie et le Royaume-Uni, montre
que la France, malgré sa présence en Polynésie ou en Nouvelle Calédonie, est considérée, par les États-Unis, comme une puissance qui ne pèse pas dans le Pacifique. « Nous sommes plus présents dans l’Océan indien, sur lequel nous avons concentré notre présence », précise Gilbert Le Bris, « mais nos moyens ne nous permettent pas de jouer à armes égales avec les superpuissances ». « D’autant », précise Axel Nicolas, co-directeur de l’observatoire de la défense à la Fondation Jean-Jaurès, « que depuis 2016, la Chine a mis à l’eau l’équivalent de toute la flotte française. »
Cette affaire pose avec acuité la question de la défense européenne, étant entendu que la protection des pays de l’UE ne fait pas partie des priorités américaines. Le départ de la Grande Bretagne de l’UE a clarifié la situation. « Si une défense européenne doit voir le jour, elle devra d’abord se construire autour de quelques pays “ historiques ” comme la France, l’Allemagne, l’Italie et le Benelux », estime Gilbert Le Bris qui ne croit pas à une Europe de la défense à 27. « Les ex-pays de l’Est sont trop attachés à l’alliance américaine pour les
protéger de la Russie. »
Reste la question du départ de l’OTAN. Pour Axel Nicolas, la France ne doit pas la quitter. « Elle reste un lieu de rencontres, un espace où on peut se faire entendre. »
« Les premières décisions que prendra le nouveau chancelier allemand seront déterminantes », insiste Gilbert Le Bris. « Les Allemands doivent comprendre que, sans défense autonome, l’UE restera un nain politique. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1368 du 1e octobre 2021
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