La journée de mobilisation dans l’Éducation nationale, du 26 janvier a été particulièrement suivie. Mais ce sont les étudiants qui se sont le plus mobilisés, notamment dans les rues de Brest.
Un profond sentiment d’injustice
Car ils n’en peuvent plus d’être cantonnés chez eux et de suivre des cours en visioconférence. D’autant
que ce n’est pas l’enseignement supérieur en général qui est concerné, mais simplement l’université. Les étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et en BTS continuent de suivre leurs cours en présentiel, même si les effectifs de certaines classes peuvent être plus importants qu’à la fac. Au sentiment de solitude s’ajoute une impression d’injustice et stigmatisation.
Réunis en Assemblée générale les enseignants et les étudiants se sont prononcés pour un retour en présentiel avec les enseignants volontaires, dans le respect des gestes barrières. « Dans les bibliothèques universitaires, tout le personnel est présent et accueille les étudiants, qui s’inscrivent au préalable », explique une des responsables de la BU de Droit. « S’il est difficile de dénombrer exactement le nombre d’enseignants volontaires, on a au moins là un exemple de ce qui arrive lorsqu’on laisse le choix. »
« Précarité alimentaire et santé mentale sont les deux urgences. »
Comment faire face à la crise que traverse le monde universitaire ? Pour trouver des solutions, Loïg Chesnais- Girard était, vendredi 29 janvier, à la fac de Brest pour rencontrer les bénévoles de la Fédé B qui s’occupent de l’épicerie solidaire AGORAé, mais aussi les étudiants référents, embauchés
par le Crous (Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires) pour être des relais entre l’administration et les étudiants isolés. Car, dans les universités, la crise se manifeste de deux manières : une progression inquiétante de la précarité et une augmentation des troubles psychologiques.
« L’épicerie solidaire, située dans les locaux de la fac des sciences accueille des étudiantes et des étudiants sur critères de ressources, c’est-à-dire celles et ceux qui disposent de moins de 7,5 euros par jour », ont expliqué Esmeraldina et Maxime. Créée par la Fédé B, elle permet à plus de 180 étudiants de se nourrir et de se laver, ont expliqué ces deux étudiants en Droit, au président du Conseil régional qui était accompagné d’Hubert Bruzac, chargé de l’enseignement supérieur à Brest métropole.
Dans le même temps, les restaurants universitaires distribuent des repas à emporter, pour un euro. D’abord réservé aux boursiers, ce tarif est appliqué à tous les étudiants. En une semaine, le nombre de paniers repas vendus a progressé de 40%.
« Le nombre de repas à1 euro a progressé de 40%. »
Avec la précarité alimentaire, la santé mentale est la seconde urgence pour laquelle les autorités universitaires doivent très rapidement trouver des solutions.
À l’université de Bretagne Occidentale, dès le premier confinement, le Crous a embauché des étudiants référents chargés d’aller à la rencontre des étudiants isolés et de maintenir le lien social. Les étudiants étrangers, qui représentent 10 % des effectifs de l’UBO, sont particulièrement vulnérables.
Rouvrez les amphis !
« Nous devons absolument jouer collectif et être pragmatiques », a insisté Loïg Chesnais-Girard. L’aide sociale aux étudiants n’est pas une compétence de la Région mais face à l’urgence, il fallait qu’elle intervienne. Et qui, mieux que le Crous, dont c’est la fonction, aurait pu intervenir auprès des étudiants.
« Le sentiment d’injustice est d’autant plus grand que les universités, en particulier l’UBO, étaient très en avance sur le respect des gestes barrières », a rappelé Hubert Bruzac.
Les revendications des étudiants sont pourtant claires. Elles ont été résumées par quatre d’entre eux après avoir mené une enquête, à Brest et Quimper. D’abord, rouvrir les universités, dès que possible, dans le respect des règles barrières pour l’ensemble des étudiants et utiliser l’ensemble des lieux vacants à disposition pour permettre aux étudiants de reprendre le chemin de l’université.
Jouer collectif et être pragmatiques
Ensuite, offrir plus d’autonomie aux universités pour gérer les crises : sanitaires, financières, etc., en leur faisant confiance car elles savent gérer et sont les plus proches des attentes des étudiants.
Tout le monde en convient, une année universitaire ne peut se dérouler qu’en distanciel. Cependant, cette solution peut être utilisée mais alors, pour lutter contre la fracture numérique il faut ouvrir les bibliothèques publiques afin d’utiliser leurs ordinateurs et le wifi.
L’ampleur de la crise est telle que la mise en place d’un revenu de base, dès 18 ans, sans être condamné à attendre 25 pour toucher le RSA, devient une urgence.
À Brest, Loïg Chesnais-Girard est venu se rendre compte de l’ampleur de la crise afin d’apporter les réponses les plus pertinentes.
Article publié dans le Cap Finistère n° 1341 du 5 février 2021
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