Faire reculer l’extrême-droite dans les urnes et dans les vies
En hurlant « qu’il » ou « qu’ils retournent en Afrique », le député RN de Gironde a montré le vrai visage du Rassemblement National : celui de la haine et de la xénophobie. Passé le moment de la légitime indignation, la question qui se pose à nous est : comment faire reculer l’extrême-droite ? Une des contributions aborde ce sujet et apporte quelques réponses.
« Le constat est sans appel. A la fin des années 90, nous ne comptions que quelques communes Front National.
Le 21 avril 2002 le candidat frontiste parvient pour la première fois à atteindre le second tour d’une présidentielle. Depuis, le FN n’a jamais cessé de croître. En avril 2022, soit 20 ans après son père, Marine Le Pen obtient plus de 13 millions de voix au second tour, 41,5% des suffrages exprimés. Cependant, si elle échoue à remporter le suffrage, elle réalise le score le plus élevé jamais obtenu avec son parti du Rassemblement national.
En juin 2022, ce sont 89 député·es Rassemblement National (RN) qui font une entrée fracassante au sein de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale.
Le RN a, contre toute attente, une forte assise populaire. Son électorat, historiquement à gauche, a été conquis à 45% par des ouvriers contre seulement 18% en faveur de la NUPES. Parmi ces électeurs, les 50-59 ans sont majoritaires avec un taux allant à 30% et une forte prédominance de non-bacheliers (28%) et d’électeurs se déclarant d’un milieu social défavorisé (31%). En d’autres termes, c’est l’électorat qui aurait le plus à souffrir des politiques du RN qui votent en leur faveur et, si l’on sait qu’il devrait se tourner vers la gauche, nous assistons au détournement de leur voix car la nôtre ne porte plus.
Alors, que faire ? Les auteurs de la contribution avancent plusieurs propositions. D’abord, mieux former les militants socialistes.
« Le militant est parfois désemparé lorsqu’il se trouve face à un électeur RN. Il faut pouvoir lui donner les moyens de disposer d’un « Kit EDL ». Il faut pouvoir aussi préconiser des formations militantes sur cette stratégie et doter les élus d’un cadre d’actions facilitant la lutte ».
La stratégie “front républicain” doit être réinterrogée compte tenu de ce qui s’est passé aux dernières législatives.
« Si l’électeur comprenait cette démarche en 2002, force est de constater qu’il ne la comprend plus en 2022. La peur du FN tel qu’on l’a connu en 2002 avec le duel Chirac/Le Pen est de moins en moins partagée par les français. L’appel au vote républicain ne fonctionnant plus ou quasiment plus, il favorise le RN et la droite en détruisant durablement la gauche tant dans son image que dans sa représentativité dans les instances d’élus.
L’électeur voit ainsi dans le RN la seule opposition « crédible » à la droite de Macron et des LR. Dans cette optique et en cas de saisine d’un front républicain, il faudra consulter obligatoirement les militants locaux et prendre en considération leur décision. »
La contribution propose également d’inventer des outils et de mettre en place une stratégie de conquête de l’électorat cible spécifique à la lutte contre l’extrême droite
« Doter le parti d’un groupe d’action dédié à la rédaction de tracts (marketing politique, pédagogique et idéologique) à destination de notre électorat tout en adaptant le langage et le ton. Le parti doit retrouver sa capacité d’agir et proposer des actions concrètes éradiquant les sources du vote rassemblement national (lutte contre les fake news et cible des choix idéologiques).
Enfin, favoriser l’égalité réelle, lutter contre la pauvreté, garantir l’égal accès aux services publics, lutter contre le chômage et le mal emploi c’est lutter contre les extrêmes. »
Nous partons du constat que le RN ne défend pas les plus précaires dans les collectivités où ils sont en responsabilité et contribue à stigmatiser les populations, à baisser les subventions par idéologie, ou mettre en péril financier des associations qui luttent contre la précarité ou l’accès à la culture.
Nous proposons de communiquer sur leurs actions en publiant les votes à l’Assemblée Nationale ou au local. Au plan européen, les élus du RN favorisent le nationalisme et freinent le bon déploiement d’une politique européenne tournée vers les plus précaires. Comme dans le point précédent, et à l’instar de nos amis écologistes nous préconisons de communiquer en interne comme à l’externe sur leurs choix de votes ou de posture en matière de mesures urgentes pour les plus précaires. Nous devrions être en mesure dans le cadre des élections européennes, de construire une campagne ciblée sur la défiance de l’électorat RN vis-à-vis de l’Europe et adopter des propositions alternatives sur chaque thématique portées par le RN (mondialisation régulée, lutte contre le libre-échange, souveraineté économique, défense du modèle social européen).
Si le PS doit être à la pointe du combat contre l’extrême-droite, il doit entrainer toutes les forces politiques, syndicales et associatives afin que la riposte soit la plus efficace possible, sur le terrain mais aussi sur les réseaux sociaux où elle prospère.
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