On avait pourtant pu en avoir un avant-goût lorsqu’elle était dans l’opposition, mais l’arrogance de la droite départementale ne manque pas de surprendre. La session du mois de décembre consacrée au débat d’orientation budgétaire a permis d’en mesurer l’ampleur.
« Nous sommes fiers d’être solidaires »
Le mot fierté peut s’entendre dans au moins deux acceptions du terme, a rappelé Kévin Faure, co-président
du groupe Finistère et solidaires. On peut, par exemple, être fier de porter des valeurs, comme le Département du Finistère, fier, jusqu’à l’année dernière d’être solidaire.
Mais le mot fierté peut prendre un autre sens, quasiment opposé, quand il décrit quelqu’un qui se considère comme supérieur, à l’image des aristocrates du Léon, qui, sous la IIIe et la IVe République, considéraient que le pouvoir leur revenait toujours de droit.
« Pour confirmer l’abandon du projet de Centre National des Phares sur le port de Brest, vous avez utilisé ce mot de fierté ! », a rappelé Kévin Faure au président du Conseil départemental. « À savoir si cela indique que vous êtes d’un “ caractère supérieur aux autres ” ou animé d’un “ sentiment d’honneur ”. »
« Notre littoral concentre le plus grande densité de phares en Europe. »
« Fier de confirmer votre absence d’ambition pour les enjeux de maritimité dans notre Département ? Fier de confirmer une perte sèche de plusieurs millions d’euros par le Conseil départemental : entre le coût de la démolition, le coût de l’indemnisation des nombreux marchés publics passés avec des entreprises du bâtiment... cet argent sera versé à perte !
Cet abandon brutal et unilatéral c’est conserver une forte dépense de la part du Conseil départemental (entre 5 et 7 millions d’euros), sans conclusion d’un vrai projet, ni livraison de quelconque bien... »
Le littoral et les îles finistériennes concentrent pourtant la plus grande densité de phares et balises d’Europe.
Compte tenu de sa position géographique exceptionnelle, le
Finistère est à la pointe européenne et mondiale dans l’expertise et la recherche sur l’observation et la préservation des Océans avec le Campus mondial de la Mer, Ifremer, le SHOM etc.
« Malgré cela, vous persistez à rompre un lien fort qui existe entre notre territoire et la maritimité. Dont acte ! Pas de quoi en être fier, sincèrement », a regretté Kévin Faure.
Cette absence d’ambition est heureusement contrebalancée par une note plus positive : le Finistère a enfin obtenu une juste reconnaissance avec l’inscription des ports de Brest et Roscoff dans le RTET - Réseau TransEuropéen de Transport. « Cela est une excellente nouvelle qui permettra, au-delà de Brest et Roscoff, d’être une nouvelle porte européenne d’accueil et là aussi témoigne de la reconnaissance de notre territoire comme un lieu d’excellence dans le domaine maritime », s’est félicité Kévin Faure.
Une force de propositions
Les élu.es du groupe Finistère et solidaires se situent très clairement dans l’opposition départementale. Ils et elles dénonceront toujours la majorité lorsqu’elle stigmatise les allocataires des minima sociaux ou remet systématiquement en cause les droits des mineurs isolés.
Mais l’opposition n’est crédible que si elle propose. C’est exactement ce qu’ont fait les élus de Gauche en présentant dix propositions pour améliorer la vie quotidienne
des Finistériennes et des Finistériens.
Alors que 25% des jeunes de 18 à 25 ans connaissent des difficultés financières, les élus de Gauche proposent d’expérimenter le revenu de base. Il irait de pair avec un accompagnement renforcé, il serait automatique dès 18 ans et dégressif en fonction des revenus d’activité.
Chef de file dans le domaine de l’action sociale, le Conseil départemental devrait jouer un rôle de médiateur pour corriger les injustices du Ségur de la santé qui a laissé de côté des milliers de salariés du secteur médico-éducatif, comme le dénonce depuis des mois dans le Finistère le collectif employeurs associatifs-syndicats. Les élu.es Finistère et Solidaires proposent d’organiser des états-généraux du médico-social réunissant tous les acteurs afin de trouver des solutions pour favoriser les recrutements et éviter les fermetures de places.
Le Finistère compte environ 100000 aidants familiaux. Ces personnes doivent être soutenues et accompagnées et des solutions de répit doivent rapidement être imaginées.
Alors que le début de l’année a malheureusement été marqué par plusieurs féminicides, les élu.es Finistère et solidaires proposent d’augmenter le soutien du Département aux victimes en affectant au moins une ou un agent.e du Conseil départemental par pays, en soutien aux assistant.es sociales qui interviennent déjà dans les commissariats.
Article publié dans le Cap Finistère n°1378 du 14 janvier 2022
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