Grande cause nationale ?
En matière de lutte contre les violences conjugales, on sait ce qu’il faut faire, il manque juste l’ambition politique et les moyens financiers.
Le 5 novembre, les secrétaires fédérales au Pôle questions du XXIe siècle, Catherine Huon et Rachel Nicolas, ont organisé une rencontre sur les violences conjugales à quelques jours de la conclusion du Grenelle. Pour l’occasion, Christiane Fitamant et Françoise Bachelier, actuelle et ancienne présidentes, ont présenté les activités du CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et de la Famille). Basé à Brest, le CIDFF du Finistère est chargé, depuis sa création en 1983 par Yvette Roudy, d’informer les citoyens sur leurs droits. 17 professionnelles, juristes et psychologues accueillent et orientent plus de 5 000 personnes chaque année dans les antennes de Brest, Morlaix ou Quimper, mais aussi dans les 22 communes où se tiennent des permanences.
Le CIDFF fonctionne grâce à des financements publics qui viennent de l’État, des collectivités locales et de l’Europe. C’est dire si une baisse des dotations, de la part d’un seul de ces contributeurs, pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’association.
« D’autant », expliquent les responsables du CIDFF « que depuis #MeToo, la parole s’est libérée et que les femmes ont moins peur de porter plainte ou de s’adresser à des associations ce qui augmente la charge de travail des professionnelles ». Les bénévoles peuvent intervenir mais, compte tenu de la complexité, juridique mais aussi psychologique, des situations, il est indispensable que les personnes qui s’adressent au CIDFF soient entendues ou conseillées par des professionnelles. On parle tout de même de victimes de violences physiques ou morales qui peuvent entraîner de graves conséquences et, pour un peu plus de 130 femmes cette année, des assassinats.
Dans l’engrenage de la violence, il est indispensable que les victimes puissent, le plus souvent dans l’urgence, être mises à l’abri, avec leurs enfants.
Pour les socialistes, l’accent doit aussi être mis sur la prévention. L’école joue un rôle essentiel pour apprendre aux garçons et aux filles le respect, la bienveillance. Mais d’autres institutions doivent intervenir comme la prison, notamment. Le temps de l’incarcération, pour les personnes violentes doit être mis à profit pour qu’elles puissent lutter contre leurs pulsions et éviter les récidives.
Si l’État a une responsabilité importante, c’est toute la société qui doit se mobiliser. « À condition qu’ils et elles soient formé.es à repérer les signes des violences physiques mais aussi psychologiques dont peuvent être victimes les femmes », précisent Françoise Bachelier et Christiane Fitamant.
Les annonces qui seront faites à l’issue du Grenelle des violences conjugales permettront-elles de faire reculer le nombre de féminicides ? Tout le monde le souhaite et espère que la France suivra l’exemple de l’Espagne, mais personne ne se fait d’illusion.
Article publié dans le cap Finistère n°1288 du 15 novembre 2019