Hop ! : Nous ne laisserons pas faire !
« Enfin les difficultés commencent », aurait déclaré Léon Blum à l’annonce de la victoire du Front Populaire en 1936. C’est à peu près ce qu’aurait aussi pu dire Jean-Paul Vermot, à peine élu maire de Morlaix en apprenant les menaces qui pèsent sur le site de la compagnie Hop ! situé sur sa commune. Air France a annoncé un plan de restructuration particulièrement drastique puisqu’il prévoit de supprimer 7500 postes d’ici 2022, dont 6560 au sein de la maison mère et 1025 (sur un total de 2700) au sein de Hop ! En outre, le site de Morlaix, sur lequel travaillent 276 salariés, en particulier pour la maintenance des appareils ou la formation des pilotes, serait purement et simplement abandonné. « Cette annonce est tout simplement inacceptable. L’État ne peut pas, d’un côté, dire toute l’importance des villes moyennes et lancer le programme “Action Cœur de ville ”, et, de l’autre, laisser saborder une partie de son économie et de ses emplois », a déclaré le nouveau maire de Morlaix. « Nous ne laisserons pas faire ! » On a su se mobiliser pour Doux et pour la fonderie de Caudan, on le fera pour Hop ! Morlaix. La continuité du site morlaisien est un sujet d’équilibre territorial. « C’est l’affaire de la Bretagne et j’en appelle à une mobilisation de tous les élus bretons pour défendre le site. Il y a ici des hommes et des femmes, des compétences et des collectivités prêtes à accompagner. L’État ne peut pas tout laisser se concentrer dans les métropoles ! » « On est dans une situation où l’on marche sur la tête », renchérit Jean-Luc Fichet. « Comment peut-on prendre une décision aussi brutale et avec autant d’impacts en termes d’emploi alors que l’État injecte sept milliards d’euros pour sauver Air France ? » Pour le sénateur du Finistère : « Le gouvernement doit pouvoir peser sur cette décision, ce n’est pas possible. On est totalement catastrophés mais comme on a déjà su se mobiliser par le passé, on va se mobiliser très fortement sur le sujet ». Ce combat est d’autant plus gagnable que ce n’est pas la première fois que les dirigeants d’Air France tentent de rapatrier les activités de Morlaix vers Nantes ou Roissy. En 2014 et 2016, déjà, Marylise Lebranchu, alors ministre, avait dû intervenir auprès de ses collègues en charge des transports. Pour les dirigeants, d’Air France et de Hop !, Morlaix c’est loin. Point. C’est uniquement pour cette raison qu’ils tentent, régulièrement, de s’attaquer au site de Boissière, en refusant de voir les conséquences économiques et sociales catastrophiques. Alors que l’État a apporté 7 milliards au secteur aéronautique pour surmonter la crise du Covid-19, il est inacceptable que le site de Morlaix soit purement et simplement sacrifié. La bataille sera peut-être longue, mais les élu.es de Morlaix, de Morlaix communauté, du Département et de la Région feront tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver le site de Hop !
Article publié dans le Cap Finistère n°1319 du 10 juillet 2020