Près de 200 personnes se sont retrouvées, le 24 mai, au Karaez Park pour préparer la réactivation du comité de défense de l’hôpital de Carhaix. À l’invitation du maire de la commune, Christian Troadec, les différents comités de vigilance et organisations syndicales de l’hôpital se sont retrouvés pour faire le point sur la situation.
Mélanie Thomin le 24 mai à Carhaix
Le souvenir de la mobilisation de 2008 était, bien sûr, dans tous les esprits. Mélanie Thomin était, avec Philippe Plouzané, candidat de l’UDB, la seule candidate aux Législatives présente à cette réunion. La candidate de la NUPES n’a pas manqué de dénoncer la duplicité du candidat macroniste, président de l’Assemblée qui tient un discours dans le Poher, mais fait voter des lois contradictoires à Paris.
Et pourtant c’est bien à l’Assemblée nationale que se décide le sort des hôpitaux comme celui de Carhaix.
« Je suis venue pour écouter et apporter mon soutien au comité de vigilance », a indiqué Mélanie Thomin.
« La question de l’accès aux soins sur le territoire est une question centrale qui doit être au cœur des débats de cette élection. » Pour la candidate, « il faut enfin sortir de la logique comptable et de la recherche de la rentabilité immédiate à l’hôpital. La tarification à l’acte s’inscrit totalement dans une logique marchande et va à contresens du service public. On atteint les limites et, on l’a bien vu avec la pandémie, il est temps de repenser le système de santé. »
« Il faut sortir l’hôpital de la logique comptable. »
Pour Mélanie Thomin, il faut d’abord donner au personnel les moyens d’assurer ses missions de service public. Pour cela il faut dépasser les efforts consentis au cours du Ségur de la santé, largement insuffisants et revaloriser les statuts et les carrières du personnel (voir encadré). Il faut aussi rendre les métiers de soignants plus attractifs. Un profond changement de gouvernance devra être engagé. Et les dirigeants des hôpitaux devront opérer une vraie révolution culturelle : « un lit occupé dans un hôpital, ce n’est ni un coût, ni une source de profit, mais c’est une personne qui souffre et dont on doit prendre soin », a rappelé Mélanie Thomin. « Depuis deux ans et demi, tout le monde se rend bien compte que le travail des soignants est essentiel. Il est donc temps d’en tirer les conséquences. »
L’hôpital de Carhaix fait les frais de cette politique nationale, mais souffre
également d’une situation particulière : il est à la merci des décisions administratives prises au CHRU de Brest qui peuvent provoquer des fermetures de lits, voire de services. Cette incertitude produit un cercle vicieux : les professionnels ne s’engagent pas s’ils ne sont pas sûrs de la pérennité de la structure et le manque de personnel fragilise les services.
« Le territoire sur lequel nous vivons est grandement fragilisé et la menace est constante sur l’hôpital et sur toutes les spécialités dans nos communes rurales. La période n’est plus au rafistolage mais à des engagements fermes, gravés dans le granit. »
La détermination des personnels et de l’ensemble de la population du Poher reste intacte. Le fichier des soutiens a été réactivé à l’occasion de cette rencontre : le comité de vigilance dispose de dizaines d’adresses mail et de numéros de téléphone. Le préposé à la collecte des feuilles d’émargement, à l’issue de cette rencontre prévenait : « Avec toutes ces coordonnées, s’il faut se mobiliser, nous pouvons rassembler des centaines de personnes en quelques heures ».
Article publié dans le Cap Finistère n°1396 du 3 juin 2022
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