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mercredi 25 décembre
Hôpitaux : la colère monte
Exaspération. C’est le sentiment général qui régnait le 14 novembre dans les rangs des manifestants qui, à l’appel de l’intersyndicale*, sont descendus dans les rues de Brest, Morlaix et Quimper pour exiger un plan d’urgence pour la santé. 
Si les services d’urgence sont mobilisés depuis le printemps, ce sont toutes les professions de la santé qui exigent un plan d’urgence. Les difficultés que connaissent les hôpitaux ne datent pas d’aujourd’hui, mais plusieurs éléments permettent de comprendre pourquoi la colère s’exprime maintenant avec autant de force. 
Les efforts consentis durant le dernier quinquennat permettaient de voir le bout du tunnel puisque les comptes de l’assurance maladie devaient être à l’équilibre cette année permettant de dégager des marges de manoeuvre. Entre 2012 et 2017, le déficit de la sécurité sociale est ainsi passé de plus de 20 milliards d’euros à moins de 2 milliards d’euros. L’équilibre était en vue. C’était sans compter sur les décisions prises, dans l’urgence, par le président de la République, pour répondre à la crise des gilets jaunes. En effet, l’ensemble des exonérations sociales seront endossées par la sécurité sociale. 
L’exaspération est d’autant plus forte que les professionnels de santé ne se sentent absolument pas entendus par les pouvoirs publics. « Les député.es n’en ont pas tenu compte, en votant en première lecture le projet de loi de financement de la sécurité sociale proposé par le gouvernement. Ils ne font ainsi qu’amplifier la colère et la détermination des personnels et des usagers », ont dénoncé les représentants syndicaux lors des rassemblements finistériens. Et alors même que le projet de loi de finance de la sécurité sociale est en discussion au Parlement, Emmanuel Macron annonce qu’il va faire des propositions (voir encadré) ! 
« Il faut très rapidement organiser des États généraux de l’hôpital public. » 
Chacun doit se questionner sur ce qu’il souhaite pour l’avenir de notre système de Santé. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas aux agents ou salariés des établissements de Santé de s’inquiéter seuls de ce sujet. C’est à tout le monde de se saisir des enjeux ! 
Les revendications ont été clairement énoncées : recrutement de professionnels supplémentaires et plan de formation pluridisciplinaire, revalorisation générale des salaires et reconnaissance des qualifications, renforcement significatif des moyens financiers des établissements avec une revalorisation de l’ONDAM à au moins 5 %, arrêt de toutes les fermetures d’établissements, de services et de lits, et réouverture de lits où c’est nécessaire. 
Pour les socialistes, il faut très rapidement organiser des États généraux de l’hôpital public, qui est notre patrimoine et notre bien le plus précieux. 
Mais face à l’urgence il faut prendre, dès maintenant, des décisions courageuses et ambitieuses afin de réduire l’importance de la dette. C’est ainsi que les socialistes proposent de prolonger de deux ans la durée d’apurement de la dette. C’est un peu technique mais en décidant que la fin de la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale) interviendra en 2027 et non en 2024, il serait possible de réduire la pression qui pèse sur les hôpitaux et d’embaucher le personnel indispensable au bon fonctionnement des services. 
* Inter blocs, Inter Hôpitaux , Inter Urgences et le printemps de la psychiatrie, et les organisations syndicales représentatives médicales ainsi que paramédicales AMUF, APH, CFE- CGC, CFTC, CFDT, CGT, SNPHARE, SUD, UNSA et la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité et des usager.e.s.
 
Le mépris

Alors même que le Sénat étudiait le projet de la loi de finance de la sécurité sociale, Emmanuel Macron annonçait un plan pour l’hôpital. Comment dans ces conditions poursuivre l’examen d’un texte qui devrait être modifié à peine voté ? Surtout pour un plan flou qui ne répond absolument pas aux revendications des personnels hospitaliers. 
C’est à l’unanimité que les groupes du Sénat ont décidé de voter contre l’ensemble du PLFSS. 281 sénateurs ont voté contre, aucune voix n’est allée en faveur du texte. 60 se sont abstenus. 
Yves Daudigny est intervenu pour faire part, avec force, de son exaspération, de son incompréhension et de la colère du Groupe socialiste et républicain. « Nous attirons, depuis des mois, l’attention sur la gravité de la crise de l’hôpital. Aujourd’hui, la déclaration du président de la République, le jour de la manifestation, alors que le Sénat est en cours de délibération, méprise le Parlement et bafoue notre fonctionnement démocratique. Non, la démocratie ne peut se résumer à un dialogue direct entre le président de la République et la rue via les chaînes d’information en continu, au mépris de tous les corps intermédiaires, du dialogue social et du Parlement. Le Groupe socialiste et républicain suivra la commission. » 
Cet épisode confirme l’importance du bi-camérisme, alors que les députés du groupe majoritaire acceptent sans broncher de transformer l’Assemblée en simple chambre d’enregistrement.
Article publié dans le Cap Finistère n°1289 du 22 novembre 2019
 



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