Grande cause du quinquennat ? Alors que nous célébrerons, le 25 novembre, la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, il est temps d’annoncer
à quoi devrait ressembler une vraie politique d’éradication des féminicides. Une contribution de la Fédération de Haute Garonne, publiée à l’occasion du congrès, dresse un état des lieux mais surtout explique comment faire cesser cette situation.
Le constat est alarmant : en 2019, 146 femmes ont été tuées par leur “ partenaire ”, soit 25 de plus qu’en 2018, ce qui représente une hausse de plus de 20 %. En dix ans, près de 1 400 femmes ont été tuées. 225 000 femmes en moyenne subissent des violences au sein de leur couple, chaque année en France, tandis que plus de 80000 sont victimes de viol ou de tentatives de viol. 80% des victimes ont des difficultés à porter plainte ou à se faire entendre et 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite. La crise sanitaire et le confinement sont venus amplifier ces violences (+35 %).
Le président de la République a fait de la lutte contre les violences conjugales la “grande cause du quinquennat” et un Grenelle sur ce sujet a été organisé à l’automne 2019. Beaucoup de communication mais peu d’actions.
Même s’il convient de constater que certains outils (bracelets anti- rapprochement, levée du secret médical dans certains cas de “danger immédiat”, mise en ligne d’un portail de signalement des violences...) ont été mis en place, ils sont encore très insuffisants.
Et pourtant, des solutions existent. Il suffit d’écouter les associations ou de regarder ce que font nos voisins.
(...) Nous proposons que le ministère en charge de l’égalité Femme/Homme mette en œuvre un pacte national sur plusieurs années qui sera porté par une loi cadre. Un budget conséquent programmé également sur plusieurs années et ventilé entre l’État et les différentes collectivités territoriales impliquées devra être établi. (...)
Nous devons améliorer la prise en charge des victimes. Le processus pour porter plainte est fastidieux et trop long. Les femmes victimes de violences ne sont pas prises correctement en charge par les officiers de police judiciaire souvent par manque de formation.
De ce fait, elles sont souvent stigmatisées ou culpabilisées à tort et nombreuses sont celles qui renoncent à porter plainte.
Nous proposons que toute la chaîne de prise en charge de la victime
(personnel soignant, forces de l’ordre, juges...) fasse l’objet d’une formation spécifique obligatoire. (...)
Nous rendrons obligatoire la mise en place de dispositifs d’hébergement d’urgence dans les communes de plus de 80 000 habitant.e.s, destinés aux femmes victimes de violences au sein de leurs familles et accompagnées de leurs enfants. (...)
La délivrance d’ordonnances de protection et le port du bracelet anti- rapprochement deviendront obligatoires pour toute condamnation, afin de protéger les victimes des violences.
Le droit de visite des pères violents à leurs enfants doit être suspendu ou restreint et encadré, à partir du moment où une plainte est déposée.
Les enfants-témoins et victimes de violences conjugales et pour certains de féminicides, qui souffrent bien souvent de stress post-traumatique, doivent être accueillis au sein d’unités spécialisées, afin de recevoir un accompagnement pluridisciplinaire.
Nous créerons également des centres d’accueil des auteurs de violence avec une prise en charge afin d’éviter la récidive. (...)
Nous devons éduquer, dès le plus jeune âge, en luttant contre les stéréotypes de genre. Il faut donc former le personnel encadrant (enseignant.e.s, animatrices et animateurs, éducatrices et éducateurs...) mais également sensibiliser les enfants et les jeunes dans le cadre scolaire et associatif.
Des actions de prévention doivent être mises en place également, notamment auprès des jeunes filles qui méconnaissent bien trop souvent leurs droits et les structures comme le planning familial.
Comme tous les progrès sociétaux majeurs qui ont fait avancer notre pays, c’est à nous, socialistes, qu’il reviendra de faire reculer véritablement et durablement les violences faites aux femmes. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1332 du 20 novembre 2020
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