« Le Parti Socialiste doit changer et il va changer ! », c’est par ces mots qu’Olivier Faure a débuté son intervention en clôture du Conseil national qui s’est tenu le 9 juin à Paris. « Non pas que nous aurions forcément failli. Mais, assurément, nous avons déçu. Faute d’imagination, nous avons donné le sentiment de l’épuisement d’une pensée. Pensée féconde dans le cadre des États Nations, mais insuffisante et souvent impuissante dans la mondialisation et face aux grands défis de la modernité. Cette crise de la politique affecte toutes les familles de pensée qui ont gouverné sur le continent. L’incapacité à imaginer le monde d’après la chute du Mur, l’affaiblissement des options collectives et régulatrices portées par la gauche, ainsi que la défiance suscitée par les orientations libérales des droites européennes, ont ouvert les portes du pouvoir à la démagogie et au populisme xénophobe. En Hongrie, en Pologne, en Autriche, en Slovénie, les populistes ont pignon sur rue. En Allemagne, l’AFD creuse son sillon avec près de 100 députés qui n’hésitent plus à claironner que le nazisme est un détail de leur histoire... Pour la première fois, en Italie, l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne, une alliance qui paraissait baroque il y a quelques semaines, vient de se nouer entre le mouvement 5 étoiles et la ligue du Nord. Et je n’oublie pas le score de l’extrême droite au second tour de la Présidentielle en France. Rappelant cela, je ne souhaite agiter aucune menace commode. Je veux en revanche nous rappeler à notre propre responsabilité. Comment susciter à nouveau l’enthousiasme autour d’une Union européenne que les Français ne veulent pas quitter, mais en laquelle ils ont cessé d’espérer ? Ce sera l’enjeu de notre premier chantier qui s’ouvre, aujourd’hui, sous la présidence de Christine Revault d’Allonnes et Emmanuel Maurel. Il se conclura par un vote ouvert à tous les Français à la mi-octobre. D’ici à cette échéance, les lieux de discussion, de confrontation, doivent se multiplier : réunions publiques, cafés débats, points-rencontres sur les marchés… Tout doit être envisagé pour impliquer nos concitoyens dans ce débat que personne ne mènera comme nous. Des pro-européens, c’est vrai, il y en a d’autres. C’est heureux et ce n’est pas nouveau. Giscard était proeuropéen. Il n’était pas pour autant Mitterrand. Emmanuel Macron est aussi pro-européen, c’est incontestable. Mais lui souhaite sauver Bruxelles, nous nous voulons sauver l’idée européenne ! L’Europe ne peut se résumer à un marché. Il faut faire l‘Europe jusqu’au bout c’est-à-dire sociale, écologique, démocratique, sinon les populistes en viendront à bout. Nous devrons prendre tous les grands défis, un à un. Frontalement. À commencer par le défi environnemental, énergétique, climatique. Nous sommes les artisans de l’accord historique de la COP 21, les auteurs de la loi de transition énergétique, les inventeurs du concept même de développement durable, notre parti se réclame de la social-écologie, qui mieux que nous peut rendre l’Europe « green again » !? C’est pour valoriser ce combat que le 29 juin, nous organiserons une rencontre au Cirque d’hiver avec de très nombreux leaders socialistes européens, chefs de partis, maires et le nouveau président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, devrait normalement nous y rejoindre. La gauche européenne est en crise. Comment le nier ? Mais pourquoi ne pas voir que, partout où elle se réinvente, elle reprend des couleurs, voire gouverne à nouveau avec succès comme avec notre camarade Antonio Costa au Portugal ! Nous allons donc redéfinir notre projet européen. Nous débattrons ensuite avec nos partenaires dans le cadre du Parti Socialiste Européen. C’est aussi ce qui nous distingue de nos concurrents. Nous avons des alliés. Nous ne sommes pas ambigus. Nous ne nous projetons pas dans une alliance confuse de tous les opportunismes. À Lisbonne, lors de son congrès, le PSE a rejeté l’idée d’une grande coalition. Nous sommes une force. Celle à laquelle les citoyens européens doivent un modèle social unique au monde. C’est à nous de le défendre et de le moderniser. »
Cap Finistère n°1231 du 15 juin 2018
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