Peut-on imaginer le Finistère sans son Université ? Évidemment non. Et pourtant, que d’énergie a-t-il fallu déployer dans les années 50 et
60 pour que l’Université de Bretagne Occidentale voit finalement le jour au début des années 70. À l’occasion d’un colloque qui s’est tenu le 23 juin à
la Fac des lettres, Daniel Le Couedic a rappelé les grandes étapes de la création de cette Université où se forment 30000 étudiants, encadrés par 2300 enseignants et agents techniques et administratifs.
Depuis 1460, en Bretagne, seule Rennes disposait d’une Université. Même pas Nantes. Ville ligueuse, le pouvoir royal n’avait pas voulu lui accorder ce privilège et en 1806, c’est toujours à Rennes qu’est installée l’Université de droit et lettres.
Dans les années 50 et 60, la pression démographique conduit à envisager de créer de nouveaux sites d’enseignement supérieur. Entre 1939 et 1949 le nombre d’étudiants à Rennes passe de 3 à 6 000.
C’est Yves Le Gallo, jeune enseignant, qui mène le combat pour que Brest devienne une ville universitaire civile, sachant que toutes les formations supérieures, dans la cité du Ponant étaient militaires. La cité du Ponant était à cette époque la grande ville la plus éloignée d’un centre universitaire.
Dans ce combat, il a pu compter sur le soutien du CELIB qui adopta un vœu en septembre 1957. René Pléven et Tanguy Prigent plaidèrent la cause de Brest auprès du gouvernement. Le rôle de Georges Lombard, maire de Brest de 1959 à 1973, fut aussi déterminant.
Le développement de l’enseignement supérieur à la pointe bretonne, et à Brest en particulier, a toujours été un combat politique. Certains préfets ont
même considéré qu’une Université ne pouvait s’installer qu’à Quimper, siège de la Préfecture. Et les préfets maritimes n’étaient pas, non plus, très enclins à favoriser le développement d’un enseignement supérieur civil.
Et ce n’est pas par hasard si l’Université s’appelle Université de Bretagne Occidentale et pas Université de Brest. Car, dans l’esprit d’Yves Le Gallo, ce sont bien tous les bacheliers de l’Ouest breton qui devaient pouvoir venir poursuivre leurs études à Brest. Son intuition s’est révélée prémonitoire et on ne peut que se féliciter, aujourd’hui, compte tenu notamment du contexte sanitaire, que Brest dispose d’une Fac de médecine.
« L’UBO, référence en matière maritime, doit rester pluridisciplinaire. »
On a pu s’en rendre compte aussi lorsque la loi de 2007 a permis aux Départements de ne plus participer au financement des Universités. Le Conseil départemental du Morbihan a, par exemple, cessé d’aider l’Université de Bretagne Sud. Il n’en fut pas de même dans le Finistère où la majorité de Gauche a, bien sûr, continué à soutenir l’Université. Et, au moins dans ce domaine, la nouvelle majorité de Droite s’inscrit dans la même volonté, comme l’a rappelé Maël De Calan lors de ce colloque.
Quels sont les défis à relever pour les 50 prochaines années ? Pour l’ensemble des participants, il consiste à la fois à renforcer la dimension maritime, tout en préservant la pluridisciplinarité de l’Université.
Alors que l’histoire universitaire de la Bretagne a longtemps été marquée par les rivalités entre principales villes de la Région, aujourd’hui, la coopération est indispensable. « Le niveau de la compétition entre les Universités est mondial, certainement pas régional », a insisté le président Matthieu Gallou. « Si on commence à se méfier de l’Université qui se situe à 250 km, on a perdu d’avance. » Aujourd’hui, les étudiants de l’UBO se divisent en trois tiers à peu près égaux : ceux qui viennent de Brest métropole, ceux qui viennent du Finistère et ceux qui viennent du reste du monde.
« Pour toutes les transitions que nous devons engager, nous avons besoin de toutes les capacités des quatre universités bretonnes », a confirmé Olivier David, vice-président de la Région qui a cité en exemple le projet Glaz, sur les enjeux environnementaux, pour lequel travaillent des chercheurs de l’UBO, de Rennes 1 et 2 et de l’Université de Bretagne Sud.
Article publié dans le Cap Finistère n°1401 du 8 juillet 2022
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