Dans une interview accordée au Figaro le 4 décembre, Anne Hidalgo précise les contours de sa politique européenne, juge sévèrement le bilan du président de la République dans ce domaine et rappelle que les sociaux- démocrates sont la force politique européenne qui gagne les élections.
Pour la candidate socialiste, il manque à l’Union Europénne « une capacité à parler d’une seule voix sur les
principaux dossiers, en particulier celui des migrants, de la transition écologique et de la démocratie. Nous devons retrouver une Europe puissante et humaniste. Nous avons besoin à l’échelle internationale, dans la géopolitique nouvelle, de cet acteur démocratique fort qui puisse peser dans la confrontation entre les États-Unis et la Chine ».
On est obligé de constater qu’Emmanuel Macron n’aborde pas la présidence française de l’Union, en position de force, compte tenu de son bilan. « Il avait placé sa candidature en 2017 sous le sceau des valeurs européennes, mais son action s’est limitée à des coups de menton à prendre le pouvoir sans associer qui que ce soit. Cela a produit des échecs. Les dirigeants européens sociaux-démocrates ont constaté la brutalité sociale des décisions prises. Sur les migrants, il avait manifesté un certain humanisme dans sa campagne, mais, très vite, il a imposé une position dure, avec une interprétation stricte des règlements de Dublin, qui font qu’une personne réfugiée doit déposer sa demande d’asile à l’endroit même où elle a posé le pied. François Hollande avait une position plus souple, refusant de renvoyer ces personnes vers l’Italie ou la Grèce... »
Et pourtant, l’accueil des réfugiés doit être une priorité pour les dirigeants européens. « C’est un des grands défis auxquels l’Europe et la planète tout entière sont confrontés, et de plus en plus en raison de la crise climatique. Se servir des réfugiés comme le font les Biélorusses, les Russes, les Turcs ou construire des murs comme en Pologne, c’est inacceptable. Nous devons promouvoir une répartition équilibrée entre les différents pays. L’Europe a toujours été confrontée à des flux de migrants et doit les accueillir avec humanité, en appliquant les règles :
intégrer en raison du droit d’asile, du regroupement familial et de la migration légale de travail, en organisant le retour de celles et de ceux qui ne seraient pas habilités à rester. » Pour Anne Hidalgo, cela ne peut passer que par la négociation. Et certainement pas par le combat de coqs auxquels se livrent Emmanuel Macron et Boris Johnson « dont l’unique objectif est de conforter sa position politique nationale anti-européenne et de masquer ses difficultés domestiques avec, sur le dossier de la pêche, une mise en scène terrible, grotesque, source de souffrance pour les pêcheurs français. Johnson a été maire de Londres et, à ce titre, je l’ai beaucoup côtoyé. Je sais comment il fonctionne. Ce qu’il faut au contraire c’est réunir les pays adhérant aux valeurs européennes pour créer un cadre d’engagements commun ».
Notamment dans le secteur de la défense. « Je ne prône pas la sortie de l’Otan », a insisté Anne Hidalgo, « mais l’Europe doit être à part entière dans le concert des nations. Encore une fois, il doit y avoir une position politique centrale sur la base des valeurs européennes qui nous sont communes. Une seule Europe qui parle et non pas l’expression de chaque pays par sa propre voix. »
L’arrivée du nouveau gouvernement allemand doit être mise à profit. Avec Olaf Scholz, désormais chancelier en Allemagne, onze pays sont dirigés aujourd’hui par des sociaux-démocrates, qui soutiennent Anne Hidalgo. « Ce contexte politique crée de nouvelles opportunités. Nous partageons la même vision du monde et nous savons que nous devons faire converger nos forces.
Nous devons promouvoir une répartition équilibrée des réfugiés entre les différents pays. »
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