« L’annonce par la Commission européenne d’une baisse drastique du budget de la PAC et de sa “re-nationalisation” est une alerte majeure, non seulement pour notre agriculture, mais pour toute notre société ». Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, et Dominique Potier, secrétaire national au développement des ruralités, nouveau modèle agricole et alimentaire, ont sonné le tocsin le 1er juin, suite aux propositions de la Commission européenne dans le domaine agricole.
Il y a en effet de quoi s’inquiéter. À l’origine, la baisse du budget de l’agriculture devait être de 5%. Mais ça n’était pas suffisant pour le commissaire au budget qui a finalement décidé de le réduire de 14% pour les aides directes et de 25% pour le développement durable ! « Alors que les réformes successives de la PAC, adoptées depuis 25 ans, ont été dévastatrices pour les agriculteurs, l’emploi, l’économie locale et dangereuse pour notre sécurité alimentaire, la Commission européenne continue sa politique de l’autruche », s’est indigné Éric Andrieu, député socialiste européen, porte-parole du groupe socialiste pour l’Agriculture et le Développement rural.
Face aux concurrences déloyales et aux crises que traversent de nombreuses filières, l’Europe doit au contraire maintenir la valeur du budget actuel de la PAC en euros constants et mettre en place les outils de régulation indispensables. « Parce que la nourriture n’est pas une marchandise comme les autres, l’agriculture ne peut être la variable d’ajustement d’une mondialisation sans foi ni loi. La PAC ne doit plus être considérée comme un budget conservateur de la vieille Europe, mais comme un investissement d’avenir pour nos territoires et notre planète. Un investissement d’avenir pour la dignité de tous ceux qui travaillent la terre », a insisté Oliver Faure, tandis qu’Éric Andrieu appelle « une approche audacieuse et novatrice » et annonce une mobilisation sans faille des eurodéputés socialistes, pour infléchir la proposition de la commission.
Mais la balle est aussi dans le camp des gouvernements nationaux. En 2012, le président de la République et Stéphane Le Foll se sont mobilisés pour préserver et réorienter le budget de la Politique Agricole Commune. Pour l’exécutif, aujourd’hui, c’est l’heure du choix. Face aux propositions de la Commission européenne, toute ambiguïté affaiblirait la France. « Nous attendons une vision et une volonté sans faille », a prévenu Olivier Faure qui propose au gouvernement de constituer, dès demain, une union politique transpartisane pour promouvoir, à travers la PAC, un renouveau du modèle européen.
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