« Nous sommes la Gauche qui assume ses responsabilités, la Gauche qui agit, la Gauche qui réforme », a insisté Anne Hidalgo à Rennes, à un mois du premier tour de la Présidentielle. À un moment où l’heure du choix va sonner pour les électrices et les électeurs de Gauche : aller vers le bruit et la fureur ? Retomber dans le piège du en même temps ? Où rester fidèles à la social-démocratie qu’incarne Anne Hidalgo dans cette campagne ?
En finir avec l’exercice vertical du pouvoir
« Il n’y a pas d’avenir à Gauche dans la complaisance avec les dictatures : avec la Russie de Poutine, la Syrie de Bachar El-Assad, le Venezuela de Maduro. Il n’y a pas d’avenir le dos tourné aux Droits de l’Homme, à l’État de droit, à la laïcité, à l’Union européenne. Il n’y a pas d’avenir dans le populisme et la démagogie », a une nouvelle fois
insisté Anne Hidalgo.
« Il n’y a pas d’avenir non plus à opposer l’écologie et la justice sociale. À l’échelle du pays, comme à l’échelle du monde, les premières victimes du réchauffement climatique, des pollutions, de l’effondrement de la biodiversité se sont, toujours et partout, les plus pauvres. C’est par la justice sociale que nous ferons triompher l’écologie, et par l’écologie que nous ferons triompher la justice sociale.
Enfin, il n’y a pas d’avenir, une fois encore, à faire un vote de deuxième tour dès le premier tour pour empêcher le pire qu’est l’Extrême-droite.
Toujours nous avons fait et toujours nous ferons barrage à l’Extrême-droite. Mais il n’y a pas d’avenir à se ranger encore une fois au premier tour derrière une Droite libérale incarnée par l’actuel Président, qui va, on le sait déjà, s’attaquer vite et fort aux retraites, à
l’école, à l’hôpital, au service public de l’audiovisuel, au lieu de le renforcer face aux concentrations médiatiques privées et aux plates-formes américaines, qui continuera de donner toujours plus à ceux qui ont déjà beaucoup, en oubliant ceux qui ne cessent de s’appauvrir, qui a supprimé l’ISF.
Qui peut croire que le progrès social passe par gouverner avec tous ceux qu’ensemble nous avons combattus par les idées, dans les assemblées, les Raffarin, Castex, Darmanin, Woerth, Le Maire, Blanquer... »
À moins d’un mois du premier tour de la Présidentielle, Anne Hidalgo en a appelé « Au sursaut ! ».
Les mots prononcés par la candidate ont résonné d’une manière particulière sur ces terres sociales-démocrates où les élus savent ce que signifie réformer. Nathalie Appéré, maire de Rennes, Jean-Luc Chenut, président du Conseil départemental, et Loïg Chesnais-Girard, président du Conseil régional, se sont succédés à la tribune pour expliquer leur soutien à Anne Hidalgo et rappeler que le quinquennat qui s’achève a surtout été marqué par la morgue et l’arrogance du pouvoir.
« Nous devons décider ensemble de l’avenir du pays pour cinq ans. Selon les choix que nous ferons, la France jouera bien ou mal son rôle sur la scène internationale, tout comme elle se redressera ou non, elle prendra ou non la voie de la transformation
question de débattre, de dire c’est “sans moi !”. »
À la lecture de son bilan, on comprend mieux pourquoi le président sortant ne souhaite pas l’assumer. Ce quinquennat qui devait moderniser le pays l’a surtout déchiré. La France est malmenée, divisée, affaiblie.
Il promettait de rassembler électeurs de Droite et de Gauche, mais les a trompés par une politique qui a eu pour seule boussole d’occuper le pouvoir et le conserver au service d’une élite autoproclamée, quoi qu’il en coûte ! « Ce pouvoir a une réalité, celle d’un libéralisme hors d’âge », a résumé la candidate.
Pour Anne Hidalgo, la question que doivent se poser les électrices et les électeurs est simple : « Pouvons-nous, encore cinq ans, avoir une vie politique dominée par un parti hégémonique et sûr de sa supériorité, surplombant une armée de députés godillots, méprisant les corps intermédiaires, face aux deux extrêmes dopés par la crise, Extrême- droite et Gauche populiste ?
Pouvons-nous, encore cinq ans, avoir le désordre installé, celui des gagnants de la mondialisation libérale, des privilégiés de la finance et de la rente, des maîtres de ces grands groupes défiant les États, échappant à l’impôt, contrôlant les médias, ordonnant l’action des lobbys, se plaçant au-dessus des citoyens et des lois ?
Imaginons un instant le jour d’après, avec le projet libéral et conservateur du pouvoir en place qui pourrait se développer encore plus librement que jusqu’à présent. Toutes ces réformes de régression tentées depuis cinq ans, nous les subirons sans rémission dans les cinq ans qui viennent ! »
Les collectivités locales peuvent- elles encore être ignorées pendant républicaine, sociale et a rappelé Anne Hidalgo. écologique »,
« Cela mériterait bien un débat, non ? Et bien le président sortant ne veut pas débattre ! Mais la République, ce n’est pas la monarchie et l’élection ce n’est pas le sacre de Reims ! Il est quand même étonnant d’avoir pour slogan Avec vous et dès qu’il est
la semaine
cinq ans ? Les élu.es attendent qu’enfin le pouvoir leur fasse confiance et les laissent agir. « Les Françaises et les Français ont soif d’égalité, de confiance et d’apaisement », a insisté Nathalie Appéré. « L’exercice vertical du pouvoir, pendant cinq ans, a fragilisé encore plus notre démocratie. Il a aussi accentué la défiance de nos concitoyens, à l’égard de la politique, à l’égard des élu.es. Oui les Françaises et les Français méritent mieux qu’une démocratie épuisée par les provocations d’un Président qui ne les comprend pas. »
Un mois pour convaincre
Pendant ce quinquennat, le rôle des élu.es a été essentiel, notamment pour pallier aux carences de l’État pendant la crise sanitaire. Mais leur action a été entravée, notamment dans le domaine du logement, comme l’a souligné Jean-Luc Chenut. Le président du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine a particulièrement insisté sur cet aspect car
le logement pèse très lourd dans le budget des ménages, mais aussi parce que ce dossier est emblématique de l’échec du quinquennat d’Emmanuel Macron qui avait annoncé vouloir construire plus et qui, au final, a porté un coup d’arrêt brutal aux capacités d’investissement des acteurs du logement social.
« Nous représentons cette Gauche qui ne se résigne pas à rester dans la protestation. »
« Il est urgent de réhabiliter le consentement à l’impôt par une politique fiscale juste. La suppression de la taxe d’habitation s’est traduite par une perte de 23 milliards pour les collectivités locales », a-t-il rappelé s’inquiétant du discours porté par plusieurs candidats sur « la baisse des charges. Mais ce ne sont pas des charges, ce sont des cotisations sociales pour financer nos retraites et la solidarité nationale. »
« Plus d’usines, moins de carbone. »
C’étaitl’undesmotsd’ordredelacampagne de Loïg Chesnais-Girard avant de devenir l’un des fils conducteurs de l’action de la majorité régionale. « Nous devons nous donner les moyens d’atteindre notre souveraineté alimentaire », a insisté le président du Conseil régional. « Et ce n’est pas contradictoire avec la lutte contre le réchauffement climatique, au contraire. »
Nous devons valoriser les métiers de production sur les bateaux de pêche, dans les champs, dans les usines, car c’est ça, la Gauche, le camp de celles et ceux qui produisent. Et c’est avec ces agriculteurs, ces pêcheurs, ces ouvriers et ces ingénieurs que nous parviendrons à réaliser la transition écologique.
Il reste un petit mois pour convaincre les électrices et les électeurs. Pour leur démontrer que la candidate de la sociale- écologie, de la justice sociale, du pouvoir d’achat, c’est Anne Hidalgo.
Celle qui représente cette Gauche qui ne se résigne pas à rester dans la protestation, cette Gauche des transformations, des solutions, cette Gauche d’action qui met en œuvre les réformes indispensables à un avenir dans la justice.
Article publié dans le Cap Finistère n°1386 du 18 mars 2022
C’est qui Anne Hidalgo ?
De retour du meeting d’Anne Hidalgo à Rennes, voici le témoignage de Jacques Juloux, maire de Clohars- Carnoët.
« Je n’ai pas vraiment le temps (et l’envie) de suivre la campagne. J’ai trop souvent l’impression qu’il s’agit plus d’une campagne de com’, de buzz ou encore d’une course
de petits chevaux au travers les sondages. C’est tellement éloigné de ma vision de l’action publique que cela me désole. Ayant parrainé Anne Hidalgo, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis rendu à son meeting à Rennes. Cinq heures de car aller-retour, fallait le faire, mais j’avais besoin de comprendre si les retours sur sa campagne, sa personnalité, sa capacité à incarner un rôle d’État étaient réels ou pas. Dit autrement, si le fait qu’elle soit à ce jour crédité de 3% dans les sondages avait un quelconque rapport avec la candidate elle-même.
“ Je ne savais pas qu’elle était aussi vraie, aussi pugnace, oratrice de talent, capable de balayer 50 minutes sans interruption et sans notes, tous les grands sujets de société et témoigner sa vision de la France et du Monde. ”
Alors finalement c’est qui Anne Hidalgo ? C’est quoi son programme, ses atouts son rapport à la Gauche ?
J’ai été scotché... Je sais certains penseront que c’est une manière de témoigner pour sauver le soldat Hidalgo, et cela je ne pourrai pas l’effacer des esprits même si ce n’est pas le cas... Je ne savais pas qu’elle était aussi vraie, pugnace, oratrice de talent, capable de balayer 50 minutes sans interruption et sans notes, tous les grands sujets de société et témoigner sa vision de la France et du Monde. Incroyable rencontre avec une femme aux convictions de Gauche chevillées au corps.
La présence de Jean Jouzel, vice-président du GIEC, venu la soutenir et affirmant que ses propositions étaient les plus crédibles pour lutter contre le réchauffement climatique, ont fini de me convaincre. Le sparadrap du capitaine Haddock pour Hidalgo, ce n’est pas elle, ni son programme, mais une image déformée par le fait qu’elle est maire de Paris. Exit ses origines (immigrée espagnole d’une famille ouvrière), son parcours (inspectrice du travail à Saint- Étienne), son programme (“ mes ennemis ce sont les injustices, les inégalités ”), ses soutiens (un bon nombre des maires de France).
On peut voter qui on veut, penser ce qu’on veut, mais une chose est sûre c’est ce que renvoient les médias et sa “côte” n’ont rien à voir avec ce qu’elle est, ni avec ce qu’elle peut apporter au pays. Je suis revenu de ce point de vue assuré qu’elle est à la hauteur des enjeux. »
Article publié dans le Cap Finistère n°1386 du 18 mars 2022
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