Tout changement social nécessite une adhésion et un soutien populaire.
Forte de cette conviction, maintes fois vérifiée par l’Histoire, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale s’est dotée le 30 mai d’un Parlement, présidé par l’ancienne porte-parole d’Attac, Aurélie Trouvé.
Le Parlement de la NUPES est composé de 500 personnes : 250 représentants des partis formant la nouvelle Union,
dont le Premier secrétaire fédéral du Finistère, Tristan Foveau, pour le Parti Socialiste et 250 représentants du monde syndical, associatif, culturel ou artistique. La secrétaire nationale du PS, Corinne Narrassiguin, exercera les fonctions de vice-présidente.
« Ce Parlement mettra en évidence les soutiens et les idées de la NUPES, alimentera le programme, aidera les candidates et candidats aux Législatives et fera le lien avec les luttes sociales et écologiques », a résumé Tristan Foveau à l’issue de la conférence de presse de présentation.
La première des tâches des membres de ce Parlement consistera à soutenir les candidates et les candidats aux Législatives, soit directement sur le terrain, notamment en participant à des réunions publiques, soit au travers de tribunes ou de prises de positions. Car c’est bien sur le terrain de la production des idées que ce Parlement est le plus attendu.
Pendant trop longtemps, les universitaires et les artistes ont déserté le champs politique, au point qu’on a pu parler du « silence des intellectuels ». Leur engagement au sein de ce Parlement constitue donc une vraie rupture dans l’histoire de la Gauche.
Accepter de participer aux travaux de ce Parlement s’est quasiment imposé aux représentants qui ont expliqué leur démarche le 30 mai : « ça fait tellement longtemps que j’espérais l’union de la Gauche que je me devais, une fois qu’elle est réalisée, de contribuer à son succès », ont-ils expliqué. Denis Quinqueton, co-directeur de l’observatoire LGBT+ a regretté que la Gauche, ait passé trop de temps à s’invectiver plutôt qu’à se parler. Or, dialoguer est précisément la fonction d’un Parlement.
Les grandes avancées sociales et sociétales sont toujours le fruit d’une action commune des politiques et du mouvement social. Or, ce Parlement, en organisant le dialogue permet d’offrir des débouchés politiques à des luttes.
« C’est comme ça que nous avons pu obtenir le PACS, puis le mariage pour tous », a rappelé Denis Quinqueton. « C’est aussi de cette manière que la charte des droits des paysans a été adoptée par l’ONU », a renchérit Geneviève Savigny, de la confédération paysanne.
« Les champs politiques et syndicaux ne se mélangent pas », a rappelé Karl Ghazi, secrétaire de la CGT commerces et services de Paris. Pour autant il soutient la NUPES dont le programme reprend une partie de ses revendications. « Nos succès sont liés », a-t-il rappelé, précisant que le militantisme syndical n’est pas du tout le même lorsqu’il intervient sous un gouvernement libéral et autoritaire, comme aujourd’hui, ou sous un gouvernement de Gauche.
La cinéaste et militante féministe Eva Darlan a sévèrement fustigé le bilan du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, au cours duquel 700 féminicides ont été commis. « Et malgré nos interventions, nos demandes, nos sollicitations auprès des ministres concernés, rien n’a été fait. Les consultations citoyennes n’ont servi qu’à endormir les colères. »
Les enjeux sont énormes a rappelé l’universitaire Laurence De Cock, spécialiste de l’éducation : l’école publique est sous respiration artificielle et sort laminée de cinq ans de blanquérisme. « Comme pour l’hôpital, il faut tout réparer. Mais le cap est fixé. Il s’agira, pour l’école publique, de tendre la main vers les élèves qui en ont le plus besoin, ceux des classes moyennes et populaires. De tenir la promesse républicaine pour les plus pauvres. »
Quel sera l’avenir de ce Parlement ? Le résultat des Législatives le déterminera. Mais quel que soit le verdict des urnes, il pourra jouer un rôle déterminant dans l’histoire de la Gauche. Soit il devient un lieu de débat et de travail, entre militants politiques et intellectuels. Soit, aux côtés de la majorité parlementaire et du gouvernement de Gauche, il devient la structure qui permet au mouvement social, d’expliquer, d’accompagner voire d’amplifier les réformes inscrites dans le programme de la NUPES.
Article publié dans le Cap Finistère n°1396 du 3 juin 2022
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